Les phases régulières de la Coupe d'Europe et du Challenge européen
s'achèvent ce week-end, les championnats nationaux se terminent dans
cinq mois, mais aucune équipe ne sait encore pour quelle compétition
continentale elle se qualifiera la saison prochaine.
Trois mois et
demi après avoir éclaté au grand jour, le conflit sur la réforme des
Coupes d'Europe -qui oppose notamment les clubs anglais aux fédérations des cinq autres nations- est toujours ouvert.
En coulisses on s'active, car la fin de saison approche. Des représentants de la fédération anglaise (RFU) ont rencontré lundi leurs homologues français de la FFR, pour trouver un terrain d'entente.
Cette
rencontre constitue une nouveauté car la RFU avait été tenue à l'écart
des dernières réunions par ses homologues des cinq autres nations.
La
Ligue nationale de rugby (LNR), représentante des clubs français mais
occupée ces dernières semaines à la renégociation de ses droits TV,
entend également "se remettre à fond" pour tenter de débloquer le
dossier.
Car si les lignes ont bougé, la fracture demeure.
Le
front sécessionniste formé par les clubs français et anglais, qui
avaient annoncé le 22 septembre la création de la Rugby Champions Cup
(RCC), compétition dissidente face à la Coupe d'Europe existante,
organisée par l'ERC, s'est fissuré.
La LNR a en effet accepté le
28 novembre de ne pas lancer la RCC la saison prochaine et de disputer
durant une saison "de transition" une Coupe d'Europe toujours placée
sous l'égide de l'ERC mais remodelée selon les contours de la RCC: 20
clubs (et non 24 actuellement), système de qualification méritocratique
(et non avec des quotas pour clubs irlandais, écossais, gallois et
italiens), bénéfices redistribués différemment, et plus grande
participation des clubs à la gouvernance du tournoi.
Les clubs anglais, représentés par
Premiership Rugby, campent, eux, sur leur position et veulent jouer la
RCC dès la saison prochaine.
Noeud du problème, le contrat de
diffusion signé unilatéralement par la Ligue anglaise avec l'opérateur
British Telecom, qui entre en conflit avec celui que l'ERC a paraphé
avec Sky.
Les dirigeants du rugby anglais s'interrogent sur la
marche à suivre: un boycott comme en 1998-99? L'intégration des
provinces galloises, devenues leurs alliées, dans un championnat élargi?
Certains,
comme le directeur général de la RFU Ian Ritchie, estiment que
l'absence des clubs anglais dans les compétitions européennes la saison
prochaine permettrait de libérer neuf dates, et serait bénéfique à
l'équipe d'Angleterre en vue du Mondial-2015, qui se jouera sur son sol.
Mais
l'entraîneur du XV de la Rose, Stuart Lancaster, a récemment affirmé
qu'il souhaitait voir ses internationaux disputer une compétition
européenne, considérée comme un échelon intermédiaire entre les
championnats domestiques et le niveau international.
Avant de s'engager la saison
prochaine, les Anglais veulent savoir où mènera la "saison de
transition", et notamment quelle instance chapeautera la compétition
européenne la saison suivante.
Alors que le président de la FFR
Pierre Camou penche en faveur de la Fira-AER qui, sous la tutelle de
l'IRB (organe suprême du jeu), gère certaines compétitions continentales
à XV et VII, les Anglais souhaiteraient voir impliqué le Comité des Six
Nations, organisateur du Tournoi éponyme.
La LNR, indifférente aux deux options, laisse la FFR manoeuvrer sur le sujet, a-t-on appris de source proche du dossier.
Au pays de Galles, les provinces, qui ont pris le parti de la RCC, sont en conflit ouvert avec leur fédération (WRU), fidèle à la Coupe d'Europe actuelle.
La
WRU a d'ores et déjà annoncé qu'elle inscrira quoi qu'il arrive des
provinces dans la prochaine Coupe d'Europe siglée "ERC". Reste à savoir
si ce seront les existantes (Blues, Ospreys et Scarlets) ou d'autres.
Cette divergence s'inscrit sur fond d'une houleuse renégociation entre les "Régions" et la WRU sur leur convention.
Les
Gallois, en position de faiblesse sportive et financière, ont peu de
marge de manoeuvre sur le front européen. Ils devraient suivre la
position des Anglais qui ont, eux, la clé du conflit.
(AFP)
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