Les comptes de la plupart des clubs ont basculé dans le
rouge. Et la taxe à 75 % n’explique pas tout, loin de là...
Au 30 juin 2013, le montant des
pertes des clubs de L1 et de L2
s’élèvait à 39,5 M€. Le tout
prochain rapport annuel de la
DNCG devrait confirmer ce
chiffre. «Les clubs ont réduit leur budget de
manière drastique avec une baisse de la masse
salariale de 8% l’année dernière, mais les
perspectives sont sombres», a malgré tout
annoncé Frédéric Thiriez lors de l’assemblée
fédérale du monde amateur, le 14décembre.
Deux éléments justifient ce cri d’alarme : 1. La
taxe à 75% sur la tranche des salaires de plus
de 1 M€ va coûter aux alentours de 50 M€ aux
quatorze clubs concernés ; 2. Le contrat de
240 M€ signé avec BeIN Sport prévoit que les
clubs toucheront 80 M€ en 2012-13 et 2013-14,
mais seulement 40 M€ les deux dernières
saisons.
Au moment où Paris et Monaco ne
reculent devant aucune dépense, le foot
professionnel d’en bas affronte aussi l’effet
boomerang de ses erreurs passées. Dépendant
des droits télé à hauteur de 54%, il n’a pas su
diversifier ses sources de revenus. « Et jusqu’en
2011 les clubs ont mis plus d’argent dans les
salaires que dans les structures », note
Christophe Lepetit, économiste au Centre de
droit et d’économie du sport de Limoges.
Malgré la cure d’austérité que les plus grands
clubs français se sont imposées – Marseille, puis
Lyon notamment –, la L1 honore encore des
contrats élevés avec des joueurs surévalués et elle
s’entête à miser gros sur des jeunes n’ayant
encore rien prouvé. Lemina (20 ans) a signé à
l’OM pour 80.000 € par mois, Thauvin (20 ans)
pour plus de 100.000 €. «À un moment donné,
les clubs ont peut-être exagéré la rémunération
de joueurs moyens, qui étaient devenus des
joueurs clés dans l’esprit des dirigeants, analyse
Stéphane Canard. Quant aux jeunes, oui, la
qualité peut se payer, mais il faut faire attention à
ne pas surcoter un joueur. » Pour le président de
l’Union des agents sportifs français (UASF), le
rôle des agents a contribué à déréguler le marché.
«Leur nombre a été multiplié par dix en moins
de vingt ans. Cela a participé à tous ces
dérapages. Quelques-uns ont intérêt à ce que les
joueurs bougent souvent ou bien à réaliser de
grosses opérations financières. »
Les deux
prochaines années vont donc être cruciales pour
un foot français « en pleine période de transition
qui va devoir trouver un modèle économique
plus stable pour ne pas dépendre principalement
des droits télé, prédit Christophe Lepetit. Il doit
continuer à faire des efforts pour retrouver une
structure de coût qui soit en phase avec son
niveau de recettes. » Après Grenoble, Sedan, Le
Mans et Strasbourg, combien de clubs
décrocheront en cours de route ?"
(France football)
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