mardi 7 janvier 2014

Finances de la Ligue 1 : l'état d'urgence

Les comptes de la plupart des clubs ont basculé dans le rouge. Et la taxe à 75 % n’explique pas tout, loin de là...
Au 30 juin 2013, le montant des pertes des clubs de L1 et de L2 s’élèvait à 39,5 M€. Le tout prochain rapport annuel de la DNCG devrait confirmer ce chiffre. «Les clubs ont réduit leur budget de manière drastique avec une baisse de la masse salariale de 8% l’année dernière, mais les perspectives sont sombres», a malgré tout annoncé Frédéric Thiriez lors de l’assemblée fédérale du monde amateur, le 14décembre.
Deux éléments justifient ce cri d’alarme : 1. La taxe à 75% sur la tranche des salaires de plus de 1 M€ va coûter aux alentours de 50 M€ aux quatorze clubs concernés ; 2. Le contrat de 240 M€ signé avec BeIN Sport prévoit que les clubs toucheront 80 M€ en 2012-13 et 2013-14, mais seulement 40 M€ les deux dernières saisons.
Au moment où Paris et Monaco ne reculent devant aucune dépense, le foot professionnel d’en bas affronte aussi l’effet boomerang de ses erreurs passées. Dépendant des droits télé à hauteur de 54%, il n’a pas su diversifier ses sources de revenus. « Et jusqu’en 2011 les clubs ont mis plus d’argent dans les salaires que dans les structures », note Christophe Lepetit, économiste au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges.
Malgré la cure d’austérité que les plus grands clubs français se sont imposées – Marseille, puis Lyon notamment –, la L1 honore encore des contrats élevés avec des joueurs surévalués et elle s’entête à miser gros sur des jeunes n’ayant encore rien prouvé. Lemina (20 ans) a signé à l’OM pour 80.000 € par mois, Thauvin (20 ans) pour plus de 100.000 €. «À un moment donné, les clubs ont peut-être exagéré la rémunération de joueurs moyens, qui étaient devenus des joueurs clés dans l’esprit des dirigeants, analyse Stéphane Canard. Quant aux jeunes, oui, la qualité peut se payer, mais il faut faire attention à ne pas surcoter un joueur. » Pour le président de l’Union des agents sportifs français (UASF), le rôle des agents a contribué à déréguler le marché. «Leur nombre a été multiplié par dix en moins de vingt ans. Cela a participé à tous ces dérapages. Quelques-uns ont intérêt à ce que les joueurs bougent souvent ou bien à réaliser de grosses opérations financières. »
Les deux prochaines années vont donc être cruciales pour un foot français « en pleine période de transition qui va devoir trouver un modèle économique plus stable pour ne pas dépendre principalement des droits télé, prédit Christophe Lepetit. Il doit continuer à faire des efforts pour retrouver une structure de coût qui soit en phase avec son niveau de recettes. » Après Grenoble, Sedan, Le Mans et Strasbourg, combien de clubs décrocheront en cours de route ?"

(France football)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.