samedi 18 janvier 2014

Jean-Raymond Legrand, le président de VA "aime (son) métier de fou"

A la tête depuis 2011 de Valenciennes, qui lutte cette année encore pour le maintien (18e) en Ligue 1, Jean-Raymond Legrand s'est familiarisé avec les arcanes du milieu et a appris à aimer un "métier de fou" qu'il ignorait totalement.

"Mon prédécesseur (Francis Decourrière) m'avait prévenu, mais c'est plus difficile que prévu. J'ai appris une grosse partie du métier, je suis certainement plus à l'aise, mais j'en apprends encore tous les jours", explique-t-il.
Car du recyclage au football, il y a un monde qu'a dû apprivoiser l'entrepreneur de 56 ans aux multiples casquettes (boulangerie, restauration, déménagement).
"Le plus dur dans le football, c'est la gestion des hommes. Gérer un ouvrier qui ne fait pas son travail, ou un footballeur qui n'a pas la tête à son métier, c'est autre chose. Et s'il faut savoir acheter et vendre, là, c'est de l'humain, pas des marchandises, c'est plus compliqué et aléatoire", analyse-t-il.
Comme lors de sa carrière dans le monde des déchets, Jean-Raymond Legrand a de nouveau appris sur le tas. Et dans son bureau du stade du Hainaut, le self-made man sans diplôme parti du bas de l'échelle a découvert un métier complexe.
"Il y a un problème par jour à régler au minimum, et en réalité, on ne prend du plaisir que les soirs de victoire. Le temps manque pour la famille, et physiquement, c'est épuisant, avoue-t-il. Mais même si c'est un métier de fou, je l'aime."
Un métier d'autant plus stressant que l'homme d'affaires a injecté plus de douze millions d'euros de sa poche dans le club qu'il suit depuis son enfance.
"Comme dirait mon ami Loulou (Louis Nicollin, le président de Montpellier), on a mis nos couilles sur la table. Quand on prend une décision, on risque beaucoup. C'est notre argent, pas celui des autres, mais je n'ai pas de regrets et si c'était à refaire, je le referai !"
La passion l'emportera donc toujours sur la raison, même si elle est parfois envahissante. "C'est un président supporteur, il vit pour VA, mais parfois, dans son implication, pendant les matches, dans les vestiaires, il pourrait prendre un peu de recul", estime l'attaquant Mathieu Dossevi.
"On a tous le sang rouge, et lui encore plus. Son seul défaut ? Peut-être de considérer un peu trop le groupe de joueurs comme ses enfants", glisse son entraîneur Ariel Jacobs.
"Je leur parle plus souvent en père de famille qu'en patron, concède d'ailleurs Legrand. Il faut savoir taper sur la table, mais aussi taper sur l'épaule et faire la fête les soirs de victoire."
Des succès, il en faudra encore au VAFC, relégable avant de se déplacer samedi à Marseille (17h), pour rester en L1 l'an prochain.
Il lui faudra également de l'argent pour résorber le déficit prévu en fin de saison avant d'espérer franchir un cap. "C'est plus difficile que prévu financièrement: les coûts du stade, les partenaires partis... Mais cet été, ce sera la fin des gros salaires, explique le dirigeant nordiste. On pourra démarrer une nouvelle ère."
Avec, il l'espère, "une coupe" au bout et de nouveaux actionnaires. "Tout avoir sur le dos n'est pas évident, je préférerais avoir des gens qui m'accompagnent", avoue-t-il.
Quitte à y laisser sa casquette de président ? "Je ne suis pas là pour m'accrocher au fauteuil, lâche-t-il. Je suis là pour que Valenciennes reste en L1 et continue de grandir."

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.