Le coup d'envoi de la Coupe du monde sera donné dans dix jours et il
manque encore des sièges dans certains des 12 stades. Ce qui ne manque
pas en revanche, ce sont les craintes des manifestations et sur la
sécurité.
Des grèves à revendications corporatistes qui paralysent
les transports dans des mégalopoles comme Sao Paulo et Rio de Janeiro
et des menaces de mouvements sociaux chez la police, qui pourraient
affecter la sécurité du tournoi, ont été les leitmotive de ces derniers
jours.
Même des communautés d'Indiens ont protesté à Brasilia,
armés d'arcs et de flèches, exigeant une délimitation de leurs terres
ancestrales.
Malgré cela, l'ambiance devient un peu plus festive
dans le pays: le slogan affirmatif des manifs anti-Mondial, "Il n'y aura
pas de Coupe", a été peu à peu remplacé par la question "La Coupe pour
qui ?", avec un discours moins radical.
"Je te vois venir. Tu
écris sur Facebook qu'il n'y aura pas de Coupe, mais tu as déjà prévu de
faire un barbecue avec tes amis les jours de match", dit un mème qui
circule sur les réseaux sociaux avec la photo de la présidente Dilma
Rousseff.
S'asseoir sur un tabouret devant un barbecue, d'accord.
Mais au stade ? L'enceinte de Sao Paulo, qui doit accueillir le match
d'ouverture le 12 juin, n'a pu connaître de répétition générale, puisque
le deuxième et dernier test n'a rassemblé dimanche que 40.000
spectateurs au lieu des 65.000 attendus pour le Brésil-Croatie du 12
juin.
La semaine dernière, aux habituels quatre stades à problèmes
(Sao Paulo, Curitiba, Cuiaba et Porto Alegre), le secrétaire général de
la Fifa en a ajouté un cinquième, celui de Natal, pourtant inauguré fin
janvier, en parlant de "course contre-la-montre". Et dire que tous
devaient être livrés le 31 décembre...
Les réseaux téléphonique et internet sont fragiles dans certaines enceintes, et pourraient être déficients.
Ronaldo, ancien joueur vedette et membre du Comité d'organisation local (COL), a estimé que seuls 30% des infrastructures promises pour le
Mondial seraient prêtes à temps. Alors que le Brésil a été désigné
organisateur dès 2007, beaucoup de travaux se font à la dernière minute.
Un
des principaux casse-tête est lié à la rénovation des aéroports, dont
beaucoup sont saturés et obsolètes, même si Mme Rousseff a dit qu'ils
étaient prêts. Une partie du toit de toilettes à l'aéroport de Manaus
(nord) s'est écroulée en mai en raison de fortes pluies...
Ronaldo a aussi dit que la population pouvait manifester, mais qu'il fallait "bastonner les vandales et les arrêter".
Depuis
un an, de nombreuses manifestations anti-Mondial se sont achevées dans
des violences. Ces dernières semaines, elles ont cependant attiré très
peu de monde, mais elles pourraient gagner en force pendant le tournoi.
En
juin 2013, des centaines de milliers de personnes étaient descendues
dans les rues pour protester contre les sommes colossales d'argent
public investies dans les compétitions sportives et pour réclamer de
meilleurs services publics.
Le gouvernement assure qu'il respectera le droit à manifester à
partir du moment où il s'exerce sans violence. "On pourra manifester,
mais pas porter préjudice au Mondial", a prévenu la présidente.
Un
total de 157.000 policiers et militaires seront mobilisés pour la
sécurité du tournoi. Les personnels de l'armée ont été appelés en
renfort pour protéger les 32 sélections (hôtels, centres d'entraînements
et déplacements) après un incident avec le bus de l'équipe du Brésil,
cerné par des manifestants qui ont retardé son départ de l'aéroport de
Rio.
Mme Rousseff, qui brigue la réélection à la présidentielle
d'octobre, continue à faire la course en tête dans les sondages, mais
avec des hauts et des bas. Selon les analystes, la Coupe du monde
n'influera pas forcément sur le scrutin, mais un triomphe sportif de la
Seleçao serait toujours bon à prendre pour la présidente sortante.
La
sélection emmenée par la star Neymar s'entraîne depuis huit jours à son
camp de base de Teresopolis (sud-est). Elle dispute deux matches
amicaux cette semaine, et fait figure de grand favori, d'où une énorme
pression.
Elle compte déjà cinq sacres mondiaux, et souhaite
désormais chasser le spectre du "Maracanazo", cette défaite au
Mondial-1950 organisé à domicile qui avait vu l'Uruguay lui souffler le
titre, au Maracana de Rio.
"On n'éliminera ce spectre qu'en
gagnant à la maison, a dit à l'AFP Cafu, dernier des cinq capitaines
brésiliens à avoir soulevé le trophée suprême, en 2002. Si nous ne
remportons pas ce Mondial, le spectre de 1950 deviendra celui de 2014 et
il nous hantera jusqu'à ce qu'on ait une nouvelle Coupe du monde ici".
(AFP)
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