Radié à vie de la Fifa en 2012, Mohamed Bin Hammam, le flamboyant et
ambitieux homme d'affaires du Qatar, accusé d'avoir monnayé
l'attribution du Mondial-2022, avait été longtemps le patron incontesté
du football asiatique et rêvé de remplacer Joseph Blatter à la tête de
la Fédération internationale.
Son nom a été souvent cité dans les
affaires d'achat de voix, que ce soit pour l'élection à la Confédération
asiatique de football (AFC), qu'il a dirigée, ou pour l'attribution de
la plus prestigieuse des manifestations sportives, la Coupe du monde de
football.
Dimanche, le Sunday Times est revenu à la charge contre
Bin Hammam. L'hebdomadaire britannique a affirmé, à la suite d'une
enquête, que l'ancien haut responsable du football qatari a versé plus
de cinq millions de dollars pour obtenir le soutien de plusieurs
représentants du football international à la candidature du Qatar pour
le Mondial-2022.
Le Qatar a rapidement nié toute irrégularité dans
l'attribution de cette Coupe du monde, sans dissiper totalement les
soupçons, d'autant plus que le Sunday Times dit disposer de millions de
courriels et d'autres documents attestant de présumés versements
d'argent effectués par Bin Hammam, alors membre exécutif de la Fifa pour
le Qatar.
L'intéressé n'a pas réagi, préférant garder le silence
auquel il s'est astreint depuis qu'il a été reconnu coupable de
corruption par le comité d'éthique de la Fifa et suspendu à vie en 2012.
Au
faîte de sa puissance, cet homme né à Doha en 1949 et qui a gravi les
échelons du sport local -- il a été président de la Fédération de
football du Qatar de 1991 à 1996 -- avant de régner pendant neuf ans sur
le football asiatique a osé défier en 2011 Joseph Blatter, qu'il a
voulu remplacer à la tête de la Fifa.
Il a fini par jeter l'éponge
en retirant sa candidature peu avant l'élection. Attitude étrange car
il avait jusque-là été très combatif, allant jusqu'à demander et obtenir
une procédure disciplinaire, pour corruption, contre le patron de la
Fifa.
Il avait notamment accusé M. Blatter de n'avoir pas réagi à
des informations sur des paiements qui auraient été faits à des membres
de l'Union caribéenne de football.
Le magazine France Football avait alors évoqué un marché entre les deux hommes.
Le
Suisse avait alors dit ne pas écarter la possibilité d'un nouveau vote
pour l'attribution de la Coupe du monde de football de 2022 au Qatar à
la suite de soupçons de corruption.
Il
aurait, toujours selon France Football, abandonné cette procédure
contre le retrait de Bin Hammam de la course à la présidence de la Fifa.
Mohamed
Bin Hammam avait été l'homme fort de la candidature du Qatar à la Coupe
du monde même si le Comité d'organisation dit avoir eu à le convaincre,
tout comme les autres membres du Comité exécutif de la Fifa, de la
solidité de son dossier.
Cet homme, que l'une de ses connaissances
décrit comme "calme et sûr de lui-même", troquait souvent l'habit
traditionnel du Golfe, une robe blanche, pour un costume cravate et
était très à l'aise dans les rencontres internationales.
Il a défendu aux quatre coins du monde la candidature du Qatar pour 2022.
Sa
gestion de l'AFC, qu'il a présidée de 2002 à 2011, a été entachée
d'accusations de corruption, notamment celles d'avoir enrichi sa famille
et des partisans avec l'argent de la Fédération.
Il s'en est
défendu en affirmant avoir donné à des dirigeants du monde du football
et d'autres personnes de l'argent provenant de comptes personnels, et
non de ceux de l'AFC.
(AFP)
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