Nommée à la tête du Centre national pour le
développement du sport (CNDS) le 16 mars, Béatrice Barbusse a présidé
son premier conseil d'administration dès le lendemain. Après cette
rapide entrée en matière, elle revient pour Localtis sur sa nomination,
sa vision du CNDS et, bien entendu, sur les premières décisions adoptées
sous sa présidence.
Localtis - Dans quelles conditions avez-vous été nommée à la présidence du CNDS ?
Béatrice Barbusse - Cela faisait trois
semaines que j'avais été contactée par le ministère des Sports. J'ai été
flattée et surprise. Mais en y réfléchissant bien, j'ai un profil qui
correspond bien à la fonction, dans la mesure où, à travers les clubs ou
la Fédération française de handball (FFHB), je connais le mouvement
sportif et ses problématiques depuis 35 ans. Je connais aussi les
problématiques des collectivités locales, car en tant que présidente de
l'US Ivry, j'ai eu à négocier avec l'ensemble des collectivités du
territoire, et je suis depuis un an conseillère municipale déléguée aux
sports à Créteil. Etant donné que la présidence du CNDS est une fonction
où il faut être dans la médiation et dans le consensus, il est bon de
connaître les contraintes et problématiques de vos interlocuteurs.
Le fait que vous soyez une femme a-t-il joué en faveur de votre nomination ?
On ne peut pas prôner d'un côté plus de sport au féminin et plus de
femmes dans le mouvement sportif, et de l'autre faire l'inverse. Le
ministre souhaitait effectivement que ce soit une femme. Je suis connue
pour défendre ardemment le sport au féminin et la place des femmes dans
le sport, aussi bien en tant que dirigeantes, entraîneurs, arbitres que
pratiquantes. Je suis coresponsable du plan de féminisation au sein de
la FFHB. Le fait que je sois une femme a donc compté, on me l'a dit. Et
je tiens à préciser que cela ne me dérange pas qu'on me l'ait dit.
De quelle marge de manœuvre disposerez-vous, dans la mesure où le CNDS est placé sous la tutelle du ministère ?
Quand on m'a présenté la mission, et c'est un des critères qui ont
fait la décision, le fait que je sois universitaire a beaucoup compté
dans la mesure où le ministre m'a fait savoir qu'il comptait sur de
nouvelles idées pour faire avancer le CNDS. Donc je pense avoir une
marge de manœuvre, même si elle ne sera pas très importante, évidemment.
Je ne me donne pas pour objectif, complètement irréaliste dans le
contexte actuel, d'augmenter les moyens dédiés au sport dans le cadre de
la politique gouvernementale et du CNDS. En revanche, il y a une marge
de manœuvre quant à l'optimisation des moyens, la gouvernance ou la
communication. J'espère avoir un pouvoir d'influence et d'impulsion,
c'est pour cela que j'ai accepté la mission.
Justement, avec quelles idées arrivez-vous ?
Sur la gouvernance, il y a des choses qui peuvent être améliorées,
c'est ce que j'ai compris, même si aujourd'hui en termes de consensus et
de dialogue cela fonctionne plutôt bien. Il y a aussi la question des
procédures à laquelle je suis sensible. Quand j'étais présidente de
club, je me suis rendu compte de la complexité des procédures pour
obtenir une subvention. Cette réforme est en cours et je la suivrai
particulièrement. En termes de communication, je me suis rendu compte
lors du premier conseil d'administration que le CNDS faisait beaucoup de
choses que le grand public, voire les acteurs sportifs, ne connaît pas.
L'Etat fait des choses, il convient de le faire savoir.
La voix délibérative des collectivités dans les
commissions territoriales du CNDS est réclamée depuis des années et
promise par les ministres successifs. Que comptez-vous faire pour la
rendre effective ?
C'est la question de la gouvernance dont je vous parlais. Est-ce que
j'en ferai une priorité ? Je ne décide pas toute seule dans mon coin,
mais j'ai l'intention de m'y attaquer car pour moi les questions de
gouvernance sont fondamentales. Il est important de tenir compte de
l'avis des parties prenantes du CNDS, et donc des collectivités. Elles
sont les premiers interlocuteurs du sport français. Ce sont elles qui
sont sur le terrain.
Recentrage des subventions d'équipements, réduction des inégalités… Que pensez-vous des grandes orientations actuelles du CNDS ?
Concernant le financement des équipements sportifs, conformément au
rapport de la Cour des comptes de 2013, le gouvernement s'est engagé
pour optimiser les moyens disponibles, arrêter de saupoudrer et faire en
sorte que les moyens soient plus efficaces, pour qu'il y ait un
véritable effet de levier. Je rejoins tout à fait la position du
ministre. Dans un contexte où les moyens sont moins importants, il est
bon de faire en sorte que ces moyens soient plus efficaces. Je serai
particulièrement sensible au fait que les choix faits par le CNDS
parviennent effectivement à réduire les inégalités, que ce soit entre
hommes et femmes, entre valides et non valides, entre les territoires,
pas seulement dans les ZUS mais aussi dans les zones rurales.
Lors de votre premier conseil d'administration, le
principe d’un soutien à l’association qui devrait finaliser la réflexion
sur la candidature de Paris aux JO 2024 a été acté. De même, une
subvention de 6 millions d'euros à la Maison nationale du handball,
projet phare de la FFHB, a été décidée. Cela vous paraît-il cohérent
avec le développement du sport pour tous ?
Oui, cela me paraît cohérent car le sport pour tous a aussi besoin
des grands événements pour vivre et se développer. Les grands
événements, c'est la vitrine. On nous fait les mêmes procès d'intention
quand on est à la tête d'un club, entre le haut niveau et le sport pour
tous, mais l'un ne va pas sans l'autre. Les grands événements
internationaux sont des locomotives qui tirent le sport pour tous. Et le
sport pour tous est fier quand il y a de grands événements
internationaux en France. Idem avec les grands équipements, qui ne sont
pas incompatibles avec le sport pour tous. J'y vois le maintien d'un
lien entre sport pour tous et sport de haut niveau. Il faut aussi
financer de grands équipements structurants, un mot qui dit bien ce
qu'il veut dire. Un équipement comme la Maison du handball sera
structurant au niveau territorial, ce n'est pas à négliger. C'est
difficile à tenir avec des moyens réduits, mais en termes de principe,
ce n'est pas du tout incompatible, bien au contraire.(Localtis)
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