mardi 18 juin 2013

Denis Masseglia : "Le ministère des Sports doit être placé sous la tutelle de l'Education nationale"

Le 23 mai, Denis Masseglia, 65 ans, a été réélu pour quatre ans président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Il a accordé un entretien au Monde.fr paru le 12 juin. Extraits...

Comment qualifieriez-vous votre premier mandat ?
Il a été un mandat technique. J'avais quatre objectifs essentiels à réaliser, dont la mise en place d'un système de communication performant avec une chaîne de télévision (L'Equipe 21). C'était utopique, mais ça s'est réalisé. Ou encore de profiter des Jeux olympiques pour marquer le positionnement du CNOSF à travers le club France à Londres. Ces projets menés avec succès ont donné une crédibilité technique à mon mandat. On a mis aussi sur pied une stratégie de soutien à la candidature de Tony Estanguet et on a montré qu'un athlète français pouvait être élu à la commission des athlètes du Comité international olympique [CIO]. C'est une première ! Je le dis : il n'y a pas de malédiction française, il n'y a que la méthode et le travail. Mais il y a un projet, plus politique, que je n'ai pas réussi à mener : celui d'une gouvernance partagée. Le mandat qui arrive sera donc politique.
Comment miser sur le sport dans un contexte de crise ?
L'erreur est de considérer le sport comme une charge et non pas comme un investissement. C'est dommage ! Nous sommes admiratif de l'Allemagne qui avait au temps de Gerhard Schroeder fait les reformes qui donnent leurs fruits aujourd'hui. La réforme que nous demandons, c'est de miser sur le sport pour que ça paie dans quinze ans. Maintenant, il faut un certain courage politique pour faire ce pari. Les Anglais ont dépensé beaucoup d'argent pour les Jeux de Londres, mais si demain leur investissement se traduit par plus de cohésion sociale, plus de dynamisme, plus d'enthousiasme, par une jeunesse plus sportive et par plus de gens en bonne santé, c'est un bon calcul.
Faites-vous de la candidature française aux Jeux olympiques une priorité de votre deuxième mandat ?
Je ne le dirais pas comme cela. Ça serait un formidable atout pour le pays et le sport français si on accueillait les Jeux en 2024. Mais ça ne peut être un atout que si, et seulement si, il y a un projet sociétal, comme les Anglais l'ont fait, avec une adhésion totale du dispositif Etat-territoire-mouvement sportif. Et il faudra avoir défini le financement et la gouvernance du sport avant de se lancer dans l'aventure. On en est loin.
Ce n'est donc pas une priorité ?
Etre candidat pour le plaisir d'être candidat ne m'intéresse pas. Candidat pour quoi faire ?
Le gouvernement adhère-t-il à votre conception ?
Maintenant que le CNOSF est en ordre de marche, nous allons faire passer des messages de plus en plus percutants, au sens positif du terme, de plus en plus élaborés, de plus en plus précis sur ce que l'on souhaite pour le sport français. Après, je ne peux pas deviner si on va être seulement écoutés ou entendus.
Vous avez connu six ministres des sports lors de votre premier mandat [2009 à 2013]. Ce ministère a-t-il encore un sens ?
Pour moi, le ministère doit avoir un objectif clair. Si son objectif prioritaire est de faire faire du sport aux jeunes, c'est aussi le mien. La meilleure manière d'utiliser ce ministère pour optimiser le financement dans un contexte de crise, c'est qu'il soit placé sous la tutelle du ministère de l'éducation nationale. Ça permettrait de résoudre notamment la problématique du sport à l'école. Il faut clarifier le rôle de chacun. L'Etat ne peut pas s'occuper de tout, or il veut s'occuper de tout. Quand je dis "l'Etat", je parle du ministère des Sports. L'essentiel de l'action sportive se situe dans les collectivités territoriales,

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.