La réforme de la Fédération a professionnalisé l‘instance mais a aussi eu des effets pervers. La refonte de la gouvernance
de la Fédération devait mettre fin à
l’ère des blocages politiques ou
des consensus mous du conseil
fédéral. Le nouveau mode d’élection présidentielle,
au scrutin de
liste, a apporté un souffle démocratique.
Désormais, tout
licencié FFF peut se présenter
sur la base d’«un
homme, une équipe, un
projet». Pourtant, lors de la
dernière élection, le 15 décembre,
Noël Le Graët,
en poste depuis le 18 juin 2011, a
été réélu sans réel adversaire.
Face à lui, François Ponthieu
(13,20 %) et Éric Thomas (3,72 %)
n’étaient pas de taille, ce qui explique
en partie son score (83,07 %
des suffrages).
Par le jeu des familles
et de la nouvelle répartition
des voix (de 25 à 37 % pour les
clubs pros, de 75 à 63%pour les
amateurs), le système des grands
électeurs de l’assemblée fédérale
favorise les candidats du sérail. Il
est presque impossible de se faire
élire si l’on n’est pas adoubé par
les pros.
La mise en place d’un comité
exécutif resserré de dix membres
élus, dont le président de la FFF, a
réduit le circuit de décision. Mais
cette gouvernance modernisée
conforte aussi un exercice personnel
du pouvoir excessif.
Parfois
surnommé «le Petit Napoléon»
en interne, Le Graët l’aurait confisqué.
Il déciderait souvent seul,
avec Florence Hardouin, sa directrice
générale déléguée. Un
exemple ? La réforme de l’arbitrage
confiée à Éric Borghini, un
élu de son équipe. Président du
district de la Côte d’Azur, avocat et
ex-arbitre amateur, ce dernier
avait proposé un nouvel organigramme.
Or, Le Graët n’a informé
Borghini que la veille au soir, de la
nomination de Pascal Garibian, le
4 juillet, à la tête de la Direction
technique de l’arbitrage.
Les problèmes politiques entre
la FFF et les pros persistent. En
coulisses, Le Graët et Frédéric Thiriez,
le président de la LFP, se livrent
une guerre d’influence sur
plusieurs dossiers (taxe à 75%,
Monaco…).
Autre échec des états généraux,
pour l’instant : celui de la
Haute Autorité. Cet organe était
chargé de proposer, de contrôler et
d’agir comme un contre-pouvoir.
Mais il n’a pesé sur aucun dossier.
«On devait tout simplifier, observe un dirigeant de
la FFF, mais
c’est encore une véritable usine à
gaz.»
Le Graët dirige la FFF comme
une entreprise. Il l’a professionnalisée,
rajeunie, féminisée. Des
chantiers d’envergure ont été entrepris,
comme pour la rénovation
de Clairefontaine (environ 15M€).
Des boutiques ont été ouvertes.
Mais la Fédération reste instable.
Depuis juin 2011, son président a
« consommé» trois directeurs
généraux : Alain Resplandy-Bernard,
Alain Christnacht et Jean-Michel Roussier. Le service communication
a récemment perdu
des éléments. Le journaliste Bertrand-
Régis Louvet, nommé à sa
tête en juin, vient d’être écarté
avant la fin de sa deuxième période d’essai.
Et le nouveau site Internet,
qui a coûté environ
700.000€ et devait être un outil de
travail, de documentation mais
aussi de communication externe
et interne, est un échec. Pourtant,
pour Le Graët, qui a refusé de répondre
à nos questions, tout va
bien. «La Fédération, je la gère
bien, on bosse. Si je faisais des erreurs,
je serais capable de les reconnaître
», nous a-t-il simplement
rétorqué.
(L'Equipe)
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