mercredi 30 octobre 2013

FFF : le pouvoir confisqué ?

La réforme de la Fédération a professionnalisé l‘instance mais a aussi eu des effets pervers. La refonte de la gouvernance de la Fédération devait mettre fin à l’ère des blocages politiques ou des consensus mous du conseil fédéral. Le nouveau mode d’élection présidentielle, au scrutin de liste, a apporté un souffle démocratique.
Désormais, tout licencié FFF peut se présenter sur la base d’«un homme, une équipe, un projet». Pourtant, lors de la dernière élection, le 15 décembre, Noël Le Graët, en poste depuis le 18 juin 2011, a été réélu sans réel adversaire. Face à lui, François Ponthieu (13,20 %) et Éric Thomas (3,72 %) n’étaient pas de taille, ce qui explique en partie son score (83,07 % des suffrages).
Par le jeu des familles et de la nouvelle répartition des voix (de 25 à 37 % pour les clubs pros, de 75 à 63%pour les amateurs), le système des grands électeurs de l’assemblée fédérale favorise les candidats du sérail. Il est presque impossible de se faire élire si l’on n’est pas adoubé par les pros. La mise en place d’un comité exécutif resserré de dix membres élus, dont le président de la FFF, a réduit le circuit de décision. Mais cette gouvernance modernisée conforte aussi un exercice personnel du pouvoir excessif.
Parfois surnommé «le Petit Napoléon» en interne, Le Graët l’aurait confisqué. Il déciderait souvent seul, avec Florence Hardouin, sa directrice générale déléguée. Un exemple ? La réforme de l’arbitrage confiée à Éric Borghini, un élu de son équipe. Président du district de la Côte d’Azur, avocat et ex-arbitre amateur, ce dernier avait proposé un nouvel organigramme. Or, Le Graët n’a informé Borghini que la veille au soir, de la nomination de Pascal Garibian, le 4 juillet, à la tête de la Direction technique de l’arbitrage.
Les problèmes politiques entre la FFF et les pros persistent. En coulisses, Le Graët et Frédéric Thiriez, le président de la LFP, se livrent une guerre d’influence sur plusieurs dossiers (taxe à 75%, Monaco…).
Autre échec des états généraux, pour l’instant : celui de la Haute Autorité. Cet organe était chargé de proposer, de contrôler et d’agir comme un contre-pouvoir. Mais il n’a pesé sur aucun dossier. «On devait tout simplifier, observe un dirigeant de la FFF, mais c’est encore une véritable usine à gaz.»
Le Graët dirige la FFF comme une entreprise. Il l’a professionnalisée, rajeunie, féminisée. Des chantiers d’envergure ont été entrepris, comme pour la rénovation de Clairefontaine (environ 15M€). Des boutiques ont été ouvertes. Mais la Fédération reste instable.
Depuis juin 2011, son président a « consommé» trois directeurs généraux : Alain Resplandy-Bernard, Alain Christnacht et Jean-Michel Roussier. Le service communication a récemment perdu des éléments. Le journaliste Bertrand- Régis Louvet, nommé à sa tête en juin, vient d’être écarté avant la fin de sa deuxième période d’essai. Et le nouveau site Internet, qui a coûté environ 700.000€ et devait être un outil de travail, de documentation mais aussi de communication externe et interne, est un échec. Pourtant, pour Le Graët, qui a refusé de répondre à nos questions, tout va bien. «La Fédération, je la gère bien, on bosse. Si je faisais des erreurs, je serais capable de les reconnaître », nous a-t-il simplement rétorqué.

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.