jeudi 31 octobre 2013

Rugby : l'IRB tempère les ardeurs franco-anglaises sur la Coupe d'Europe

A mots choisis, le président de l'IRB Bernard Lapasset a envoyé mercredi un signal de modération à l'adresse des clubs anglais et français, désireux de lancer une Coupe d'Europe concurrente mais à la recherche de l'aval de l'organe suprême du rugby.

M. Lapasset, qui avait soigneusement gardé le silence sur ce sujet depuis plusieurs semaines, est quelque peu sorti de sa réserve à Paris, en marge du tirage au sort du Mondial 2014 dames.
"Il y a des excès dans les positions, a dénoncé M. Lapasset, interrogé sous les ors de l'Hôtel de Ville. Il n'y a pas une ligue ou une autre qui doit gouverner le monde (du rugby, ndlr). Le monde doit se gouverner à travers un équilibre et dans le respect de l'autre."
Appelant les parties à "prendre le temps de la réflexion" et à "garder la tête froide", M. Lapasset a épinglé des propositions "un peu caricaturales" venant des Ligues anglaise (PRL) et française (LNR) qui ont annoncé début septembre qu'elles quittaient le giron de l'ERC, la société organisatrice des actuelles coupes d'Europe, pour créer leur propre compétition, la "Rugby champions cup".

"Il y a eu des prises de position un peu précipitées de la part des Britanniques", a poursuivi M. Lapasset, en référence au contrat des droits de diffusion des tournois européens signé par la PRL avec British Telecom, incompatible avec celui passé entre l'ERC et Sky.
M. Lapasset, ancien président de la Fédération française (1991-2008), a également jugé "pas forcément" crédible ce projet de Rugby champions cup. "Je crois qu'on a besoin d'y travailler encore et donc je laisse le temps à tous ses défenseurs d'avancer sur des choses un peu plus construites, qui peuvent rassembler plutôt que diviser", a-t-il dit.
La PRL et la LNR, rejointes la semaine passée par les quatre provinces galloises, attendent encore que les formations irlandaises, écossaises et italiennes se prononcent sur ce projet qui prévoit un format réduit --20 clubs au lieu de 24--, une nouvelle répartition financière --un tiers pour les Anglais, un tiers pour les Français, un tiers pour les celtes et italiens--, ou encore une réforme de la gouvernance.
Les Ligues doivent également recevoir l'accord de leurs Fédérations nationales, qui elles négocient encore au sein de l'ERC pour tenter de sauver les compétitions existantes.
Le projet franco-anglais devra enfin recevoir le feu vert de l'IRB, mais l'instance mondiale se montre pour l'instant extrêmement prudente: "On a besoin encore d'avancer sur des choses beaucoup plus tangibles (...) a souligné M. Lapasset. Allons jusqu'au bout et nous verrons les arbitrages que je serai amené à rendre."
"Le temps de l'IRB n'est pas encore arrivé", a estimé M. Lapasset, qui a "souhaité rester en retrait des négociations pour permettre à chaque fédération et à chaque club de s'exprimer".
Interrogé sur la confiance affichée par les clubs anglais et français quant à cet agrément IRB, M. Lapasset a répondu en souriant que cette assurance était "dans l'ADN" anglais.
"Je sais qu'ils (les Anglais) sont extrêmement lucides derrière cette confiance, a affirmé M. Lapasset. Ce sont des gens pragmatiques et qui savent très bien mesurer où la décision doit se situer."
PRL et LNR doivent dévoiler officiellement début novembre les détails de la Rugby champions cup.
Dans le même temps, les actionnaires de l'ERC --Fédérations et clubs-- sont invités à se remettre autour de la table des négociations à Dublin, sous l'égide d'un médiateur, et ce, en dépit du probable boycott des clubs anglais, français et gallois. Et sous l'oeil attentif de l'IRB.

(AFP)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.