A mots choisis, le président de l'IRB Bernard Lapasset a envoyé
mercredi un signal de modération à l'adresse des clubs anglais et
français, désireux de lancer une Coupe d'Europe concurrente mais à la
recherche de l'aval de l'organe suprême du rugby.
M. Lapasset, qui
avait soigneusement gardé le silence sur ce sujet depuis plusieurs
semaines, est quelque peu sorti de sa réserve à Paris, en marge du
tirage au sort du Mondial 2014 dames.
"Il y a des excès dans les
positions, a dénoncé M. Lapasset, interrogé sous les ors de l'Hôtel de
Ville. Il n'y a pas une ligue ou une autre qui doit gouverner le monde
(du rugby, ndlr). Le monde doit se gouverner à travers un équilibre et
dans le respect de l'autre."
Appelant les parties à "prendre le
temps de la réflexion" et à "garder la tête froide", M. Lapasset a
épinglé des propositions "un peu caricaturales" venant des Ligues
anglaise (PRL) et française (LNR) qui ont annoncé début septembre
qu'elles quittaient le giron de l'ERC, la société organisatrice des
actuelles coupes d'Europe, pour créer leur propre compétition, la "Rugby
champions cup".
"Il y a eu des prises de position un peu précipitées de la part
des Britanniques", a poursuivi M. Lapasset, en référence au contrat des
droits de diffusion des tournois européens signé par la PRL avec British
Telecom, incompatible avec celui passé entre l'ERC et Sky.
M.
Lapasset, ancien président de la Fédération française (1991-2008), a
également jugé "pas forcément" crédible ce projet de Rugby champions
cup. "Je crois qu'on a besoin d'y travailler encore et donc je laisse le
temps à tous ses défenseurs d'avancer sur des choses un peu plus
construites, qui peuvent rassembler plutôt que diviser", a-t-il dit.
La
PRL et la LNR, rejointes la semaine passée par les quatre provinces
galloises, attendent encore que les formations irlandaises, écossaises
et italiennes se prononcent sur ce projet qui prévoit un format réduit
--20 clubs au lieu de 24--, une nouvelle répartition financière --un
tiers pour les Anglais, un tiers pour les Français, un tiers pour les
celtes et italiens--, ou encore une réforme de la gouvernance.
Les
Ligues doivent également recevoir l'accord de leurs Fédérations
nationales, qui elles négocient encore au sein de l'ERC pour tenter de
sauver les compétitions existantes.
Le projet franco-anglais devra enfin recevoir le feu vert de l'IRB,
mais l'instance mondiale se montre pour l'instant extrêmement prudente:
"On a besoin encore d'avancer sur des choses beaucoup plus tangibles
(...) a souligné M. Lapasset. Allons jusqu'au bout et nous verrons les
arbitrages que je serai amené à rendre."
"Le temps de l'IRB n'est
pas encore arrivé", a estimé M. Lapasset, qui a "souhaité rester en
retrait des négociations pour permettre à chaque fédération et à chaque
club de s'exprimer".
Interrogé sur la confiance affichée par les
clubs anglais et français quant à cet agrément IRB, M. Lapasset a
répondu en souriant que cette assurance était "dans l'ADN" anglais.
"Je
sais qu'ils (les Anglais) sont extrêmement lucides derrière cette
confiance, a affirmé M. Lapasset. Ce sont des gens pragmatiques et qui
savent très bien mesurer où la décision doit se situer."
PRL et LNR doivent dévoiler officiellement début novembre les détails de la Rugby champions cup.
Dans
le même temps, les actionnaires de l'ERC --Fédérations et clubs-- sont
invités à se remettre autour de la table des négociations à Dublin, sous
l'égide d'un médiateur, et ce, en dépit du probable boycott des clubs
anglais, français et gallois. Et sous l'oeil attentif de l'IRB.
(AFP)
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