Dans une allée centrale de Sotchi, Nikolaï Birioukov est content des
gigantesques travaux engagés depuis des années dans la cité hôte des
XXIIe jeux Olympiques d'hiver qui débutent dans 100 jours: "tout a
changé, le visage de la ville, les gens, l'ambiance".
Très fier
que la Russie accueille les JO du 7 au 23 février 2014, cet homme aux
cheveux gris qui réside à Sotchi depuis une quinzaine d'années constate
que "la ville s'est vraiment métamorphosée".
Après avoir décroché
en 2007 l'organisation de cet événement planétaire, la Russie s'est
lancée dans d'immenses travaux dans cette station balnéaire au bord de
la mer Noire, alors quasi vierge d'installations sportives.
Le
résultat est visible dès l'atterrissage à l'aéroport, tout neuf. Cinq
anneaux olympiques géants sont installés en face du bâtiment, avec en
arrière plan les montagnes du Caucase. Cinq autres reposent à même le
sol en ville. Les routes sont neuves. Des échangeurs ont été construits.
Les immeubles ont poussé comme des champignons. Des travaux sont
toujours en cours.
Le complexe le plus
impressionnant est sans conteste le parc olympique construit au bord de
la mer Noire, sur un espace auparavant vierge de toute construction.
Cinq bâtiments ultra-modernes qui accueilleront les sports de glace
(hockey, patinage, curling...) entourent le stade Fisht, seule enceinte
encore en chantier, où se dérouleront les cérémonies d'ouverture et de
clôture.
Des logements pour accueillir les athlètes, des hôtels et
restaurants ont émergé sur ce territoire de 256 hectares -- appelé le
pôle mer -- qui pourra accueillir plus de 70.000 personnes. Des ouvriers
et engins de chantier effectuent les travaux de finition, notamment
routes et espaces verts.
Une nouvelle gare ferroviaire,
impressionnante construction en verre, a été édifiée en face du parc
olympique, proche de l'aéroport.
A une cinquantaine de km de là, sur la commune de Krasnaïa Poliana, se trouve le pôle montagne qui accueillera les
épreuves sur neige. Toutes les installations olympiques (tremplin à ski,
piste de bobsleigh...) sont prêtes. Mais de nombreux bâtiments,
notamment des hôtels et autres lieux d'hébergement, sont encore en cours
de construction dans la vallée.
Distants d'une cinquantaine de km, les pôles mer et montagne sont
reliés par une nouvelle route et une nouvelle voie de chemin de fer,
déjà utilisées pour certaines opérations et dont l'ouverture au public
est prévue à la fin de l'année. Elle permettront d'être au pied des
montagnes en une demi-heure environ, contre une à deux heures par
l'ancienne route.
La particularité de Sotchi, "c'est la zone
compacte et le lien que forment la mer et la montagne, tout ça sur un
petit espace", explique à l'AFP l'urbaniste russe Oleg Kozinski, basé
dans cette ville de 400.000 habitants.
"Je ne connais pas d'autre
exemple dans le monde où on a réussi à créer dans un délai si court des
infrastructures sportives et urbaines aussi puissantes", ajoute-t-il en
soulignant que cette situation posait "des problèmes pour la nature".
Des
habitants et des écologistes dénoncent en effet les dégâts
considérables pour l'environnement et l'écosystème du Caucase du Nord,
causés notamment par la construction de 77 ponts et 12 tunnels.
L'urbanisation à grande vitesse de ces zones a créé un "choc social compréhensible", relève M. Kozinski.
Aux
yeux de certains habitants, les immenses travaux entrepris pour les JO
ont porté un coup à la station balnéaire créée à Sotchi durant l'époque
tsariste à la fin du XIXe siècle, dont le développement s'est accéléré
sous le règne de Joseph Staline et poursuivi pendant la période
soviétique.
"Avant, c'était très beau, Sotchi était une vraie
ville thermale, et c'est pour ça que beaucoup de gens venaient", a
déclaré à l'AFP Mikhaïl Karamanian, 18 ans.
"Mais maintenant,
c'est vraiment moche. Ils ont transformé la ville en une mégapole. Avant
c'était beaucoup plus joli", ajoute ce jeune habitant qui souligne
toutefois la "grande fierté" de Sotchi pour ces jeux.
(AFP)
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