Pas de Coupe Davis 2014 pour la Tunisie: la sanction est tombée
samedi, épilogue d'une polémique politicosportive lancée début octobre
avec l'interdiction faite au joueur tunisien Malek Jaziri de disputer un
match contre un Israélien.
"Il n'y a pas de place pour les
préjugés raciaux, dans aucun sport ni société", a déclaré Francesco
Ricci Bitti, le président de la Fédération internationale de tennis
(ITF), en justifiant la suspension d'un an infligée à la Tunisie et son
exclusion donc du groupe II Europe-Afrique.
Réuni samedi à
Cagliari, en Sardaigne (Italie), le conseil d'administration de l'ITF a
considéré à l'unanimité -moins le représentant tunisien- que la
Fédération tunisienne avait bien demandé à son N.1 national de ne pas
jouer contre un Israélien. Une "décision malencontreuse", contraire à la
constitution de l'ITF, qui prohibe toute "discrimination basée sur la
couleur, la race, la nationalité, l'origine ethnique ou nationale,
l'âge, le sexe ou la religion".
Le 11 octobre, alors qu'il
s'apprêtait à jouer son quart de finale du tournoi de Tachkent, Malek
Jaziri, 169e mondial, ne s'attendait pas à se retrouver dans un tel
imbroglio politico-sportif. Cette rencontre était avant tout l'occasion
pour lui d'affronter Amir Weintraub, le 196e mondial, mais surtout un
ami, au mariage duquel il a été invité, et un de ses partenaires au sein
du club de Sarcelles, en région parisienne.
Puis il y a ce mail, de sa Fédération, lui expliquant avec "regret"
que "suite à une réunion avec le ministre de la Jeunesse et des Sports",
il ne lui était pas possible de jouer.
Officiellement, le forfait
de Malek Jaziri a été justifié par une blessure. Un argument reconnu
mi-octobre par l'ATP, qui gère le circuit professionnel masculin. Mais
celle-ci transfère cependant le dossier à l'ITF, au sujet de ces
pressions supposées.
Car pour Emir Jaziri, frère et manager de
Malek Jaziri, il y a bien eu des pressions "politiques" de la part du
ministère des Sports tunisien. "Sur le plan politique, on a reçu un
ordre de ne pas jouer", a-t-il affirmé, le 14 octobre, à l'AFP, à Tunis,
mail à l'appui.
"On ne comprend pas", poursuit alors Emir Jaziri:
"d'autant que Malek a déjà joué contre Amir Weintraub et que la Tunisie
a affronté Israël en Fed Cup en 2009".
Quelques mois plus tôt, en
avril, c'est l'équipe nationale tunisienne de taekwondo qui avait été
rappelée à l'ordre pour avoir rencontré des athlètes israéliens, lors
d'une compétition en Belgique, "sans consultation préalable avec
l'autorité de tutelle". Le ministère des Sports avait ordonné une
enquête, sans jamais ensuite en annoncer les conclusions.
Réagissant à la décision de l'ITF, la Fédération tunisienne de
tennis a parlé samedi d'"une grande erreur", provoquée par "la
surmédiatisation de l'histoire".
"La FTT n'a rien à faire avec
cette histoire, pour nous le sport est apolitique", a plaidé Salma
Mouehli, la présidente de la FTF, à l'antenne de la radio Shems FM à
Tunis: "On a raconté tout et n'importe quoi dans la presse, nous aurions
pu éviter cette sanction. Tant pis".
Du côté de la Fédération
israélienne, cette suspension de la Tunisie pendant un an a été par
contre bien accueillie: "Nous pensons qu'il s'agit d'une décision sage,
qui va affirmer clairement qu'il n'y a pas de place pour la politique
dans le sport", a affirmé Assaf Tuchmeir, président de l'ITA, dans un
communiqué.
La Coupe Davis est "une compétition créée il y a 113
ans pour favoriser une meilleure compréhension mutuelle à travers le
sport", a précisé l'ITF samedi: priver la Tunisie de cette épreuve
pendant un an est "une bonne leçon".
(AFP)
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