Renforcée depuis 2011, la collaboration entre Jacques Vabre et la Ville du Havre, les deux créateurs de la Transat
qui s’élance dimanche vers Itajai (Brésil), constitue un attelage original.
UNE ENTREPRISE (Kraft Foods) qui
démarche une ville (Le Havre) pour lui
proposer de créer conjointement un
événement sportif d’envergure internationale,
l’affaire n’est pas banale.
C’est pourtant ainsi qu’est née, en
1993, la Route du Café, traversée de
l’Atlantique bisannuelle renommée
Transat Jacques-Vabre dès sa
deuxième édition.
Avec, d’un côté, un
groupe agroalimentaire qui a positionné
la communication de sa marque Jacques
Vabre sur les pays de production
et sur le développement
durable et, de l’autre, une ville portuaire,
qui depuis le XVIIe siècle réceptionne
le café, le rapprochement était
cohérent. « Organiser, sur la route du
café, une course de voile, sport reconnu
comme porteur d’image en
matière de développement durable,
constitue un vrai bénéfice, affirme la
directrice pour le café en France de
Mondelèz International (qui a fusionné
avec Kraft l’année dernière), Clotilde
Bednarek. Pour autant, il fallait aussi
que ce projet entre dans les intérêts de
l’autre partie, et ce fut le cas. »
Outre les retombées pour les hôtelset
les restaurants des 300 000 visiteurs
qui fréquentent le village-départ, la
Transat a aussi permis au Havre de
refaçonner son image. Lors de la conférence de presse de
l’édition 2013, le
maire Édouard Philippe a mis en avant
les 13 000 anneaux du port de plaisance,
le bassin Vauban en plein centre-ville et ses 5 500 administrés
licenciés à la Fédération française de
voile.
Pour André Richelieu, expert en
marketing du sport à l’université Laval
à Québec, « Le Havre est le grand
bénéficiaire de ce partenariat.
Aujourd’hui, les villes sont en concurrence,
elles ont besoin de montrer qu’il
y a de l’énergie positive. Elles utilisent
de plus en plus le sport pour le faire,
parce qu’il développe un sentiment
d’appartenance très fort qui permet de
redéfinir une identité. Après être venu
pour le départ de la Transat, les gens
ne vont plus penser à la ville bombardée,
mais à la course.»
Pour s’offrir cette promotion, Le Havre
investit (de manière annualisée)
850 000 euros pour chaque édition. La
même somme que Mondelèz International,
soit 65 % du budget de fonctionnement.
Le reste provient de la ville
d’arrivée au Brésil, Itajai, qui débourse
450 000 euros, des autres partenaires
et fournisseurs et des inscriptions.
Mais les deux partenaires majeurs ne
se contentent pas de verser leur contribution.
Ils sont des sponsors
organisateurs. Après avoir confié la
gestion de l’épreuve à des sociétés
spécialisées, Jacques Vabre et Le Havre
ont en effet décidé de créer, en avril
2011, l’Association Transat Jacques-abre,
de loi 1901.
« C’est la première fois qu’une
épreuve de cette ampleur est managée par
ses partenaires en constituant
une structure juridique, affirme son
délégué général adjoint, Benoît Fritsch.
Avant, c’était des entités qui collaboraient.
On a désormais une vision plus
globale sur le budget et l’intégralité de
l’événement. »
Si l’édition 2009 était
déjà prise en charge par l’association,
« on était encore au milieu du gué et
on considère que 2013 est vraiment
l’année zéro de cette organisation »,
ajoute Fritsch.
Le partage des responsabilités au
sein de l’association – leprésident et le
trésorier sont des salariés de Mondelèz,
la secrétaire est l’ajointe au maire
du Havre, chargée du sport et du nautisme – illustre le modèle voulu par les
deux partenaires, qui mettent aussi
leurs experts maison à disposition
pour travailler sur certains dossiers.
« Cette étroite collaboration nous a
permis d’identifier des zones d’optimisation
de nos budgets, souligne
Bednarek. Avant, il y avait deux campagnes d’affichage
séparées et deux
affiches différentes. Maintenant, on en
a une seule, bien mieux montée. »
En accompagnant ainsi au plus près
son sponsoring, la marque Jacques
Vabre, dont quasiment tout le budget
communication est consacré à la
Transat, s’offre pour le prix d’une campagne
de pub télé « une prise de parole
qui nous permet d’aborder les sujets
de façon plus qualitative et moins
commerciale qu’une publicité classique
», reconnaît Clotilde Bednarek. Le
tout avec une visibilité énorme : Mondelèz International estime en effet que,
pendant les trois semaines de course,
99 % des Français sont susceptibles
d’entendre ou de lire un sujet sur la
Transat Jacques-Vabre.
(L'Equipe)
Je trouve l'initiative et le montage très original et performant. De plus cette mutualisation et cette mise en commun des moyens et compétences sert les partenaires et l'épreuve. c'est du gagnant gagnant intelligent!
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