Parent pauvre du paysage télévisuel, le sport féminin se cherche une
plus grande visibilité et c'est l'un des nouveaux défis des instances du
sport français et plus particulièrement du ministère des Sports, sous
l'impulsion de Valérie Fourneyron.
7% de sport féminin seulement
sur l'ensemble des retransmissions sportives à la télévision, dont 95%
sur des chaînes payantes: les chiffres du conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) publiés en décembre 2012 sont on ne
peut plus clairs. Et 7% dans lesquels les sports collectifs (football,
basket-ball et handball) sont écrasés par les sports individuels
(tennis, athlétisme, ski en tête).
Pourtant, quand ils sont
diffusés, les matchs des équipes de France féminines remportent un
certain succès: 1,7 million de téléspectateurs devant la finale de la
Ligue des champions de football 2013 perdue par les joueuses de
l'Olympique Lyonnais, 3,3 devant la finale de l'Eurobasket 2013 perdue
par les "Braqueuses" de Céline Dumerc.
Des chiffres qu'avancent les instances du sport français et le CSA pour justifier cette nouvelle priorité.
La ministre a d'ailleurs profité
d'une conférence organisée sur le sujet par le think tank Sport et
citoyenneté mercredi pour annoncer le lancement d'un fonds de soutien
d'un million d'euros par an destiné à aider les fédérations sportives à
financer la production d'images télévisuelles. Fonds que le sport
féminin devra cependant partager avec le handisport.
La santé même
du sport féminin dépend très directement de sa médiatisation, dans les
domaines amateur comme professionnel. Dans le sillage des exploits de
Céline Dumerc et ses partenaires, vice-championnes olympiques à Londres,
la Fédération française de basket-ball (FFBB) a ainsi enregistré une
hausse conséquente du nombre de ses licenciées. A terme, c'est aussi un
vivier de talents plus important pour le sport professionnel.
Une
exposition médiatique accrue doit également permettre de créer un marché
et donc générer de nouveaux revenus pour les fédérations, les clubs et
les athlètes, notamment grâce aux droits télévisuels et au sponsoring.
Une
manne financière qui permettrait de rendre plus compétitif -et donc
plus attractif- le sport féminin français, explique Aya Cissoko,
championne du monde amateur de boxe française en 1999 et 2003, puis de
boxe anglaise en 2006.
"La non-visibilité
fragilise la sportive, en particulier quand elle décide de pratiquer le
sport à haut niveau, témoigne-t-elle. Car sans médiatisation, pas de
sponsor, pas d'entrée d'argent, donc l'obligation de faire des choix
(...) Qui dit travail dit des journées à rallonge, ce qui a été mon cas
(...) Une vie comme celle-ci n'est pas sans risques pour la sportive,
dont le risque de blessure. On ne peut pas impunément maltraiter son
corps".
Le président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat, déplore lui
que ses joueuses, après leur finale des JO-2012, peinent encore à
trouver un partenaire maillot faute d'une médiatisation suffisante.
Pour
donner plus de place au sport féminin sur les écrans, le ministère
comme le CSA ont rapidement mis de côté l'option des quotas, jugée
cosmétique et peu efficace, préfèrant inciter financièrement fédérations
et diffuseurs.
Christine Kelly, membre du CSA, assure "comprendre
les difficultés qu'ont les chaînes à diffuser le sport féminin", qui
coûte cher (20.000 euros environ pour un match de basket) mais rapporte
peu.
"C'est de la responsabilité de chacun, des Fédérations, des
Ligues, d'aider les chaînes à médiatiser. Les chaînes sont là, croyez
moi, elles veulent faire des efforts. Aidons les", clame-t-elle.
Le
ministère des Sports travaille d'ailleurs également à étoffer la liste
des "événements d'importance majeure" que doivent pouvoir diffuser
librement les chaînes gratuites, pour y ajouter plus de sport féminin.
(AFP)
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