Roma sauce américaine et Inter mode indonésienne au menu de la Serie
A: l'AS Rome et l'Inter Milan, deux géants du football italien, sont
désormais aux mains de capitaux étrangers, confirmant la valeur
marchande du calcio.
Après l'arrivée en 2011 des Bostoniens Thomas
DiBenedetto et James Pallotta à la tête du club de la capitale, dont
ils possèdent 69%, l'Indonésien Erik Thohir vient de racheter 70% de
l'Inter Milan, le dernier club italien champion d'Europe, en 2010.
Comme
l'Angleterre (les deux Manchester, Chelsea,...) ou la France (Paris SG,
Monaco), la Serie A attire désormais les riches investisseurs d'autres
continents. Le changement est encore plus radical en Italie, où les
clubs étaient depuis toujours la propriété de grandes familles
italiennes.
Mais les Sensi ont lâché la Roma comme les Moratti ont vendu l'Inter.
Certes,
la Juventus reste à la Fiat et aux Agnelli, le Milan AC aux Berlusconi,
de Silvio à Barbara, et la Fiorentina aux frères Della Valle, les
patrons du chausseur Tod's. Mais tous ces grands noms de l'industrie
italienne cherchent eux aussi de nouveaux actionnaires à l'étranger.
Le Milan a noué des contacts avec l'Iran. Un milliardaire russe,
Youri Korabline, a racheté le club historique de Venise (4e div.) après
sa faillite et le président de Palerme (2e div.), Maurizio Zamparini, travaille avec des Saoudiens.
Un
tel changement ne va pas sans déchirements. Vendre les deux tiers de
l'Inter "n'a évidemment pas été facile", admet Massimo Moratti. Mais
d'un point de vue pragmatique, il était juste d'avoir un associé. Thohir
apporte l'enthousiasme des pays en pleine croissance, qui voient
l'Inter "comme un bijou exportable."
Les historiques Giallorossi
romains avancent les mêmes arguments. "Ça fait 21 ans que je suis pour
la mondialisation, le but est de mettre sur pied une grande Roma",
explique Filippo Marra, administrateur du club depuis la période des
Sensi.
"Moi, je dis que tout partenaire doté de solidité, +know
how+ (savoir-faire), prestige et volonté de bien faire doit être pris en
considération. La Roma a besoin d'élargir son horizon, de sortir un peu
du provincialisme", ajoute-t-il.
Les riches et passionnés présidents italiens n'ont plus les moyens de dominer l'Europe, comme ils le
faisaient encore au début des années 2000. Ils commencent à partager
leurs clubs avec des fortunes venues de l'étranger, mais n'ont pas
encore trouvé de mécène prêt à investir sans compter comme les Qataris
du Paris SG ou le Russe Roman Abramovitch à Chelsea.
L'objectif
est aussi de mieux vendre le foot italien à l'international, démarche
entreprise de longue date par les clubs anglais.
Pour développer
sa marque, l'+US Roma+ organise ses tournées estivales sur le continent
nord-américain et s'active sur les réseaux sociaux (250.000 suiveurs sur
le compte Twitter @OfficialASRoma), en anglais et en italien.
"Il
faut que les gens aiment venir au stade, consommer au stade, et souvent
cela ne se produit pas comme ça en Italie", avait expliqué DiBenedetto
lors de sa prise de pouvoir.
C'est aussi l'idée de Thohir,
spécialiste du redressement des clubs sportifs avec plus-value
(Washington DC United en foot, Philadelphia 76ers en basket). Il compte
ainsi s'appuyer sur la base de fans nerazzurri du continent asiatique.
"On
peut aimer nos couleurs même en venant de si loin, a reconnu Sandro
Mazzola, star de la grande Inter, et il me semble qu'il (Thohir) a déjà
compris beaucoup de choses."
Le nouveau président indonésien n'a pas promis d'investissements somptuaires aux tifosi,
mais il s'est déjà fait bien voir en entonnant publiquement leur chanson
préféré ("Chi non salta rossonero è", "Qui ne saute pas est
+rossonero+", donc de l'AC Milan), joignant le geste à la parole.
(AFP)
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