Sans dévoiler ni programme ni noms, l'ancien président de l'OM, Pape
Diouf, s'est officiellement lancé mardi dans la bataille des municipales
à Marseille, jetant le trouble à gauche à sept semaines du premier
tour.
Son slogan: "changer la donne". Son équipe: un rassemblement
de personnalités et de citoyens venus d'"horizons divers". Sa méthode:
"tourner le dos" aux partis politiques "car lorsqu'un lampadaire est en
panne, ce n'est ni de gauche ni de droite que d'essayer de le réparer".
Accueilli
telle une star par une nuée de journalistes dans un hôtel de luxe sur
la Corniche, le Franco-Sénégalais de 62 ans, à la stature imposante,
s'est dit "ravi" de faire ses premiers pas de candidat. "J'ai connu une
effervescence de la sorte à une autre époque, dans une autre vie",
s'est-il amusé, en souvenir de ses quatre années passées à la tête de
l'Olympique de Marseille (2005-2009).
Pressenti dans les 13e-14e
arrondissements, Pape Diouf rêve de "restaurer la confiance", "mettre un
coup de pied dans la fourmilière" dans "une ville "bafouée, moquée",
"défigurée par la fracture sociale". Et de lancer cette boutade: "Enfin
Marseille a trouvé son pape!"
"Au Vélodrome, on a vu le patron
côtoyer ses employés, des Noirs, des Blancs et des Arabes tous tendus
ensemble vers un même objectif. Cette image doit nous servir d'exemple",
a-t-il encore dit sans toutefois détailler son projet. Il faudra
attendre le 3 mars pour connaître la "synthèse des propositions
collectives" recueillies au cours de réunions publiques et les candidats
prêts à participer à l'aventure dans les huit secteurs de la ville.
A
ses côtés, se pressaient mardi plusieurs élus dissidents d'Europe
Ecologie-Les Verts (EELV), tels que la conseillère régionale Michèle
Rubirola ou le conseiller municipal Sébastien Barles, en désaccord avec
leur chef de file, Karim Zéribi, qui a opté pour l'union dès le premier
tour avec le socialiste Patrick Mennucci.
Le MoDem a également
fait part de son intérêt. "L'ensemble des élus du mouvement, ainsi que
les militants, regardent avec bienveillance l'initiative de Pape Diouf",
a commenté Christophe Madrolle, secrétaire général adjoint, précisant
que leurs listes avaient "vocation à se dissoudre dans cette dynamique".
Des collectifs sont aussi prêts à s'engager : "La Convention
citoyenne", créée en 2001 par l'ancien PS Philippe San Marco, le
"Sursaut" cofondé par M. Barles ou encore le Collectif des quartiers
populaires de Marseille (CQPM).
Soutien de François Hollande aux
présidentielles, Pape Diouf n'a pas souhaité se rallier à M. Mennucci,
une "personnalité clivante", préférant partir seul malgré les
sollicitations du président, qu'il rencontrait encore lundi à l'Elysée.
Interrogé
sur sa stratégie pour le second tour, il a balayé la question, refusant
"les calculs et combinaisons". Avant d'affirmer: "Je souhaite aller
jusqu'au bout et gagner ce match".
Gagner en attirant les déçus
de la politique, et pourquoi pas les supporters de l'OM, qui lui
manifestent toujours de la "sympathie". Avant lui, l'homme d'affaires
Bernard Tapie avait mis à profit sa notoriété au sein du club de foot
pour se lancer en politique. "Nous échangeons, je sais qu'il m'aime
bien, et moi je le trouve fascinant", a soufflé l'ancien journaliste
sportif et agent de joueurs.
Cette annonce a été froidement
accueillie à gauche. "Chacun est libre d'être candidat. Pour moi, la
question, c'est le rassemblement au second tour", a réagi auprès de
l'AFP M. Mennucci. De son côté, le Front de gauche s'est interrogé sur
ce "regroupement hétéroclite".
Dans le camp adverse, on se frotte
les mains. "Pape Diouf botte en touche! (...) Un hors-jeu de plus pour
Mennucci", a ironisé Valérie Boyer, porte-parole de Jean-Claude Gaudin
(UMP), qui brigue un 4e mandat.
Pour le FN, crédité de 17% des
voix dans le dernier sondage, "Pape Diouf ne pourra pas faire illusion
très longtemps". "Il s'inscrit quoi qu'il en dise dans le système,
flanqué de colistiers tous issus du système", a estimé son candidat
Stéphane Ravier.
(AFP)
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