jeudi 6 février 2014

De l'OM à la mairie, Pape Diouf à la conquête de Marseille

Sans dévoiler ni programme ni noms, l'ancien président de l'OM, Pape Diouf, s'est officiellement lancé mardi dans la bataille des municipales à Marseille, jetant le trouble à gauche à sept semaines du premier tour.
Son slogan: "changer la donne". Son équipe: un rassemblement de personnalités et de citoyens venus d'"horizons divers". Sa méthode: "tourner le dos" aux partis politiques "car lorsqu'un lampadaire est en panne, ce n'est ni de gauche ni de droite que d'essayer de le réparer".

Accueilli telle une star par une nuée de journalistes dans un hôtel de luxe sur la Corniche, le Franco-Sénégalais de 62 ans, à la stature imposante, s'est dit "ravi" de faire ses premiers pas de candidat. "J'ai connu une effervescence de la sorte à une autre époque, dans une autre vie", s'est-il amusé, en souvenir de ses quatre années passées à la tête de l'Olympique de Marseille (2005-2009).
Pressenti dans les 13e-14e arrondissements, Pape Diouf rêve de "restaurer la confiance", "mettre un coup de pied dans la fourmilière" dans "une ville "bafouée, moquée", "défigurée par la fracture sociale". Et de lancer cette boutade: "Enfin Marseille a trouvé son pape!"
"Au Vélodrome, on a vu le patron côtoyer ses employés, des Noirs, des Blancs et des Arabes tous tendus ensemble vers un même objectif. Cette image doit nous servir d'exemple", a-t-il encore dit sans toutefois détailler son projet. Il faudra attendre le 3 mars pour connaître la "synthèse des propositions collectives" recueillies au cours de réunions publiques et les candidats prêts à participer à l'aventure dans les huit secteurs de la ville.
A ses côtés, se pressaient mardi plusieurs élus dissidents d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), tels que la conseillère régionale Michèle Rubirola ou le conseiller municipal Sébastien Barles, en désaccord avec leur chef de file, Karim Zéribi, qui a opté pour l'union dès le premier tour avec le socialiste Patrick Mennucci.
Le MoDem a également fait part de son intérêt. "L'ensemble des élus du mouvement, ainsi que les militants, regardent avec bienveillance l'initiative de Pape Diouf", a commenté Christophe Madrolle, secrétaire général adjoint, précisant que leurs listes avaient "vocation à se dissoudre dans cette dynamique".
Des collectifs sont aussi prêts à s'engager : "La Convention citoyenne", créée en 2001 par l'ancien PS Philippe San Marco, le "Sursaut" cofondé par M. Barles ou encore le Collectif des quartiers populaires de Marseille (CQPM).
Soutien de François Hollande aux présidentielles, Pape Diouf n'a pas souhaité se rallier à M. Mennucci, une "personnalité clivante", préférant partir seul malgré les sollicitations du président, qu'il rencontrait encore lundi à l'Elysée.
Interrogé sur sa stratégie pour le second tour, il a balayé la question, refusant "les calculs et combinaisons". Avant d'affirmer: "Je souhaite aller jusqu'au bout et gagner ce match".
Gagner en attirant les déçus de la politique, et pourquoi pas les supporters de l'OM, qui lui manifestent toujours de la "sympathie". Avant lui, l'homme d'affaires Bernard Tapie avait mis à profit sa notoriété au sein du club de foot pour se lancer en politique. "Nous échangeons, je sais qu'il m'aime bien, et moi je le trouve fascinant", a soufflé l'ancien journaliste sportif et agent de joueurs.
Cette annonce a été froidement accueillie à gauche. "Chacun est libre d'être candidat. Pour moi, la question, c'est le rassemblement au second tour", a réagi auprès de l'AFP M. Mennucci. De son côté, le Front de gauche s'est interrogé sur ce "regroupement hétéroclite".
Dans le camp adverse, on se frotte les mains. "Pape Diouf botte en touche! (...) Un hors-jeu de plus pour Mennucci", a ironisé Valérie Boyer, porte-parole de Jean-Claude Gaudin (UMP), qui brigue un 4e mandat.
Pour le FN, crédité de 17% des voix dans le dernier sondage, "Pape Diouf ne pourra pas faire illusion très longtemps". "Il s'inscrit quoi qu'il en dise dans le système, flanqué de colistiers tous issus du système", a estimé son candidat Stéphane Ravier.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.