La fédération internationale de football (Fifa) ne reviendra pas sur son choix du
Qatar comme pays hôte de la Coupe du monde de football en 2022 et espère
que cet événement permettra d'améliorer la situation "horrible" des
droits de l'Homme dans le richissime émirat.
L'organisation de la
Coupe du monde au Qatar représente "un risque et une chance. La Coupe
du monde peut permettre d'améliorer la situation des droits de l'Homme",
a affirmé jeudi Theo Zwanziger, membre du comité exécutif de la Fifa,
au cours d'une audition devant la sous-commission des droits de l'Homme
du Parlement européen à Bruxelles.
Certes, la situation des
travailleurs migrants employés sur les chantiers liés à la Coupe du
monde est "inacceptable" et "horrible", a admis M. Zwanziger mais
"retirer la Coupe du monde au Qatar serait tout à fait
contre-productif".
Le faire "reviendrait à laisser les choses
telles quelles sur place et les violations des droits de l'Homme
continueraient, loin des projecteurs", a-t-il argumenté. D'ailleurs,
a-t-il ajouté, la Fifa ne peut "juridiquement pas" annuler la Coupe du
monde au Qatar.
Il a promis que la Fifa "ne fermera pas les yeux"
sur les abus tout en soulignant que l'instance internationale du
football "ne peut pas tout faire".
"La Coupe du monde peut apporter des améliorations à long terme", a-t-il insisté.
M.
Zwanziger a reconnu que la Fifa n'avait pas pris en compte la situation
des droits de l'Homme quand, en 2010, elle avait choisi le Qatar comme
pays hôte du Mondial de 2022. "Mais, à l'avenir nous prendrons en compte
cette dimension", a-t-il assuré.
Entendus également par le
Parlement européen, Gilbert Houngbo, directeur général adjoint de
l'Organisation internationale du travail (OIT) et Sharan Burrow,
secrétaire générale de la Confédération internationale des syndicats (CIS) ont pour leur part décrit "un
système féodal", où les droits des travailleurs sont quasi inexistants.
"Le Qatar est un Etat esclavagiste", a dit Mme Burrow.
Et
pas seulement pour les ouvriers du bâtiment: le joueur franco-algérien,
Zahir Belounis a raconté, les larmes aux yeux, ses "deux ans de
calvaire" au Qatar où il fut bloqué, sans possibilité de quitter le
pays, à la suite d'un conflit salarial avec son club.
L'ambassadeur du Qatar a décliné l'invitation que lui avait lancé le Parlement européen.
Accusé
depuis septembre 2013 de tolérer sur ses chantiers des conditions de
travail proches de l'esclavage, l'émirat a publié mardi une charte
destinée à améliorer le sort des centaines de milliers de travailleurs
asiatiques appelés à bâtir les infrastructures du Mondial 2022.
La
charte est censée améliorer les droits des quelque 1,4 millions de
travailleurs étrangers employés au Qatar, la plupart originaires d'Inde,
du Sri Lanka, du Népal et du Bangladesh.
Mais le texte ne revient pas sur la kafala (parrainage), le système qui enchaîne les ouvriers à leur employeur.
La
règle du kafala interdit à tous les employés étrangers, y compris les
Occidentaux, de rompre leur contrat sans l'aval d'un tuteur qui est
souvent leur patron. Il s'agit de "travail forcé", a fait remarquer
James Lynch d'Amnesty International.
Cette charte est "une supercherie", a tranché la CIS.
Une
délégation syndicale internationale avait demandé en octobre à l'émirat
d'améliorer immédiatement les conditions des migrants employés sur ses
chantiers.
Dans un rapport publié en novembre, Amnesty
International avait dénoncé "le niveau alarmant d'exploitation dans le
secteur de la construction". Le Parlement européen avait adopté une
résolution pour exprimer sa "préoccuaption" et l'ONU a aussi appelé
récemment l'émirat à améliorer les conditions des travailleurs immigrés,
tout en soulignant que des mesures étaient prises en ce sens.
Le
quotidien britannique The Guardian avait publié fin septembre une
enquête répertoriant 44 morts entre juin et août sur un chantier du
pays, ce que les autorités ont démenti.
(AFP)
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