vendredi 7 mars 2014

Droits télé : la LFP devance l’appel et espère le gros lot

Pour profiter de la guerre entre Canal + et beIN Sports, les droits de la L1 ont été remis en jeu plus de deux ans avant la fin des contrats.
EMBOURBÉ dans les difficultés économiques, le football professionnel français a sorti son joker : le lancement anticipé de l’appel d’offres sur les droits de diffusion de la Ligue 1 pour la période 2016-2020. Hier, six lots ont été mis en vente pour tous les supports (télévision, mobiles, tablettes, PC…), avec une remise des offres qualitatives le 2 avril et financières le 4 avril (comme pour la L2,également remise en vente entre 2016 et 2020). Le tout avec l’espoir de voir la courbe des recettes télévisées repartir à la hausse. Lors de la précédente consultation, pour les saisons allant de 2012-2013 à 2015-2016, la Ligue de football professionnel (LFP) a en effet subi, pour la première fois de son histoire, une baisse des droits domestiques de la L1, passés de 668 à 607 millions d’euros annuels. Mais, cette fois-ci, elle part confiante au combat, en lançant son offensive de très loin, plus de deux ans avant l’échéance des contrats passés avec Canal + et sa rivale qatarienne beIN Sports.
« C’est le bon timing, assure Frédéric Thiriez, le président de la LFP. Nos clubs ont besoin de visibilité dans la conjoncture actuelle, avec la crise économique, la baisse du marché des transferts, le poids des charges sociales, la suppression du DIC (droit à l’image collective, en 2009), à quoi s’ajoute malheureusement la taxe à 75% qui va nous coûter 45 millions d’euros annuels pendant deux ans. Ce lancement en avance est aussi une bonne chose pour les opérateurs. Il est en effet sain pour nos clients de sécuriser leurs droits sur une longue période, et c’est l’occasion pour de nouveaux entrants de tenter leur chance. »
La guerre ouverte entre Canal + et beIN Sports offre aussi une fenêtre particulièrement favorable à la LFP. « On a une situation de concurrence jamais vue, avec deux opérateurs puissants, Canal + et beIN Sports, qui se portent bien, reconnaît Thiriez. En dix-huit mois, beIN Sports a dépassé 1,8 million d’abonnés. Et Canal+ reste à un très haut niveau, avec 5,2 millions d’abonnés et une hausse de son résultat d’exploitation constante depuis dix ans. Quant au contexte sportif, il est optimal, avec deux locomotives, le PSG et Monaco, qui tirent le Championnat vers le haut, des joueurs de classe mondiale, des affluences en hausse, cette saison, de plus de 9%, et des audiences télévisées également en forte augmentation. »
Le président de la LFP va maintenant fixer un prixde réserve « secret » pour la totalité des lots, mais ne cache pas complètement son ambition : «Nous voulons rattraper la dernière baisse et augmenter sensiblement nos droits. » En attendant, Canal + pourrait décider de contester le lancement anticipé de cette consultation devant les tribunaux. La chaîne cryptée considère en effet que, après avoir signé un contrat, un diffuseur doit pouvoir en bénéficier le plus longtemps possible pour recruter des abonnés, sans être embêté par d’éventuelles mauvaises nouvelles concernant un avenir plus ou moins lointain.Mais Thiriez assure ne pas craindre cette menace : «Sur le plan juridique, rien ne nous empêche de lancer un appel d’offres assez tôt, même plus de deux ans avant le terme des contrats. C’est nous qui choisissons le moment. Rien ne nous oblige à attendre. »

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.