Pour profiter de la guerre entre Canal + et beIN Sports, les droits de la L1
ont été remis en jeu plus de deux ans avant la fin des contrats.
EMBOURBÉ dans les difficultés
économiques, le football professionnel
français a sorti son joker :
le lancement anticipé de l’appel
d’offres sur les droits de diffusion
de la Ligue 1 pour la période 2016-2020. Hier, six lots ont été mis en
vente pour tous les supports (télévision,
mobiles, tablettes, PC…),
avec une remise des offres qualitatives
le 2 avril et financières le
4 avril (comme pour la L2,également
remise en vente entre 2016
et 2020). Le tout avec l’espoir de
voir la courbe des recettes télévisées
repartir à la hausse. Lors de
la précédente consultation, pour
les saisons allant de 2012-2013 à
2015-2016, la Ligue de football
professionnel (LFP) a en effet subi,
pour la première fois de son histoire,
une baisse des droits domestiques de la L1, passés de 668
à 607 millions d’euros annuels.
Mais, cette fois-ci, elle part confiante au combat,
en lançant son
offensive de très loin, plus de deux
ans avant l’échéance des contrats
passés avec Canal + et sa rivale
qatarienne beIN Sports.
« C’est le bon timing, assure
Frédéric Thiriez, le président de la
LFP. Nos clubs ont besoin de visibilité
dans la conjoncture actuelle,
avec la crise économique, la
baisse du marché des transferts,
le poids des charges sociales, la
suppression du DIC (droit à
l’image collective, en 2009), à quoi
s’ajoute malheureusement la
taxe à 75% qui va nous coûter
45 millions d’euros annuels pendant
deux ans. Ce lancement en
avance est aussi une bonne chose
pour les opérateurs. Il est en effet
sain pour nos clients de sécuriser
leurs droits sur une longue période,
et c’est l’occasion pour de
nouveaux entrants de tenter leur
chance. »
La guerre ouverte entre Canal
+ et beIN Sports offre aussi une fenêtre particulièrement
favorable à
la LFP. « On a une situation de
concurrence jamais vue, avec
deux opérateurs puissants, Canal
+ et beIN Sports, qui se portent
bien, reconnaît Thiriez. En dix-huit mois,
beIN Sports a dépassé
1,8 million d’abonnés. Et Canal+
reste à un très haut niveau,
avec 5,2 millions d’abonnés et
une hausse de son résultat d’exploitation
constante depuis dix ans. Quant au contexte sportif, il
est optimal, avec deux locomotives,
le PSG et Monaco, qui tirent le
Championnat vers le haut, des
joueurs de classe mondiale, des
affluences en hausse, cette saison,
de plus de 9%, et des audiences
télévisées également en forte
augmentation. »
Le président de la LFP va
maintenant fixer un prixde réserve
« secret » pour la totalité
des lots, mais ne cache pas complètement
son ambition : «Nous
voulons rattraper la dernière
baisse et augmenter sensiblement
nos droits. » En attendant,
Canal + pourrait décider de contester
le lancement anticipé de
cette consultation devant les tribunaux.
La chaîne cryptée considère en effet que, après avoir signé
un contrat, un diffuseur doit
pouvoir en bénéficier le plus
longtemps possible pour recruter
des abonnés, sans être embêté
par d’éventuelles mauvaises
nouvelles concernant un avenir
plus ou moins lointain.Mais Thiriez
assure ne pas craindre cette
menace : «Sur le plan juridique,
rien ne nous empêche de lancer
un appel d’offres assez tôt, même
plus de deux ans avant le terme
des contrats. C’est nous qui choisissons
le moment. Rien ne nous
oblige à attendre. »
(L'Equipe)
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