A Marseille où le football fédère au-delà des clivages politiques, le
sort du stade Vélodrome divise entre le maire UMP Jean-Claude Gaudin
qui a fait financer sa lourde rénovation par un partenariat public-privé
(PPP) et le candidat PS Patrick Mennucci qui trouve la note bien trop
salée et promet de le vendre s'il est élu.
De la triste défaite
de Marseille face à Nice le vendredi 7 mars (1-0), rien à retenir. Sauf
une banderole déployée en tribune par les South Winners et adressée au
candidat PS: "PM: vends ta maison et pas le stade !"
A cette
affiche qu'il juge "injurieuse", M. Mennucci a répliqué le lendemain
dans un communiqué soulignant au préalable les liens entre ce groupe de
supporteurs et Eric di Meco, ancien joueur de l'OM et ex-conseiller
municipal UMP. "Si demain les Marseillais m'élisent maire, la vente du
stade Vélodrome au propriétaire de l'OM sera bien proposée", a ensuite
de nouveau assuré l'ex-porte parole de Ségolène Royal à la
présidentielle de 2007.
Son objectif: trouver un investisseur qui
rachète à la fois le club et le stade et rembourse à la place de la
ville les travaux du stade de 67.000 places livré en juin et qui
s'élèvent à 263 millions d'euros, une charge que la municipalité a
répartie sur 35 ans dans le cadre du PPP et qui va lui côuter environ 11
M EUR par an.
"On nous reproche ce PPP, mais je rappelle que
c'est le législateur qui l'a institué et qu'il a été utilisé pour
d'autres stades comme à Lille ou Nice", répond Yves Moraine, président
du groupe de la majorité municipale et porte-parole de Jean-Claude
Gaudin.
"C'est un reproche assez extravagant, car cela permet de
ne pas solliciter les finances de la ville sur 3 ou 4 ans mais sur 35
ans. De plus, je suis assez stupéfait que la gauche qui nous fait le
reproche de vendre la ville au privé nous demande de le faire pour le
Vélodrome". Et Yves Moraine d'enfoncer le clou: "Jean-Claude Gaudin ne
change pas d'avis pour des raisons symboliques, il ne veut pas vendre le
Vélodrome car on ne vend pas les bijoux de famille. C'est comme si l'on
voulait vendre le parc Borely ou Notre-Dame de la Garde, c'est le bien
commun des Marseillais". Il précise aussi que "juridiquement on ne peut
pas vendre le Vélodrome, tout au plus peut-on envisager un bail
emphytéotique".
Une option que Pape Diouf, candidat tardif à la mairie à la tête d'un collectif citoyen, avait déjà soutenue lorsqu'il était
président de l'OM: "Nous avions proposé un bail emphytéotique de 99 ans.
La ville serait restée propriétaire et le club prenait en charge les
travaux". Robert Louis-Dreyfus, le propriétaire du club décédé depuis,
"avait validé ce dispositif et était d'accord pour le financer à 100%.
Mais à notre grande surprise, Gaudin a fait voter en Conseil municipal
un PPP avec une filiale de Bouygues".
Pour Diouf, "pourquoi ne
pas vendre, ce qui répond au souci de ne pas accabler le contribuable,
mais à deux conditions: que l'OM puisse y jouer tout le temps et que
l'acquéreur s'engage à ne jamais le revendre pour un projet immobilier".
"Mais toute la difficulté sera de trouver un acquéreur", souligne-t-il.
"Moi
je connais des endroits où on est intéressé, assure Mennucci: des fonds
souverains du Moyen-Orient. Je ferai en sorte de trouver des
investisseurs", qui devront investir quelque 500 millions d'euros.
Son
locataire, l'OM, pas au mieux sportivement, suit de son côté la
campagne avec attention. A l'issue, commenceront les négociations sur le
loyer qu'il devra acquitter, une question cruciale dont s'est emparée
la Chambre régionale des comptes estimant que le loyer réglé par l'OM
pendant les travaux du stade, soit 50.000 euros par an, était dérisoire.
La Chambre recommande une part fixe d'environ 8 millions d'euros
et une autre variable, quand l'OM tablait sur 4 M EUR. "Nous avons
toujours évoqué 8 M EUR, assure M. Moraine. Ca restera notre demande
mais pas dans la brutalité".
"Si Gaudin repasse, ça ira. Mais si c'est Mennucci, ce sera beaucoup plus compliqué", commente-t-on à l'OM.
(AFP)
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