mercredi 12 mars 2014

Marseille: le match des municipales se joue aussi au Vélodrome

A Marseille où le football fédère au-delà des clivages politiques, le sort du stade Vélodrome divise entre le maire UMP Jean-Claude Gaudin qui a fait financer sa lourde rénovation par un partenariat public-privé (PPP) et le candidat PS Patrick Mennucci qui trouve la note bien trop salée et promet de le vendre s'il est élu.

De la triste défaite de Marseille face à Nice le vendredi 7 mars (1-0), rien à retenir. Sauf une banderole déployée en tribune par les South Winners et adressée au candidat PS: "PM: vends ta maison et pas le stade !"
A cette affiche qu'il juge "injurieuse", M. Mennucci a répliqué le lendemain dans un communiqué soulignant au préalable les liens entre ce groupe de supporteurs et Eric di Meco, ancien joueur de l'OM et ex-conseiller municipal UMP. "Si demain les Marseillais m'élisent maire, la vente du stade Vélodrome au propriétaire de l'OM sera bien proposée", a ensuite de nouveau assuré l'ex-porte parole de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007.
Son objectif: trouver un investisseur qui rachète à la fois le club et le stade et rembourse à la place de la ville les travaux du stade de 67.000 places livré en juin et qui s'élèvent à 263 millions d'euros, une charge que la municipalité a répartie sur 35 ans dans le cadre du PPP et qui va lui côuter environ 11 M EUR par an.
"On nous reproche ce PPP, mais je rappelle que c'est le législateur qui l'a institué et qu'il a été utilisé pour d'autres stades comme à Lille ou Nice", répond Yves Moraine, président du groupe de la majorité municipale et porte-parole de Jean-Claude Gaudin.
"C'est un reproche assez extravagant, car cela permet de ne pas solliciter les finances de la ville sur 3 ou 4 ans mais sur 35 ans. De plus, je suis assez stupéfait que la gauche qui nous fait le reproche de vendre la ville au privé nous demande de le faire pour le Vélodrome". Et Yves Moraine d'enfoncer le clou: "Jean-Claude Gaudin ne change pas d'avis pour des raisons symboliques, il ne veut pas vendre le Vélodrome car on ne vend pas les bijoux de famille. C'est comme si l'on voulait vendre le parc Borely ou Notre-Dame de la Garde, c'est le bien commun des Marseillais". Il précise aussi que "juridiquement on ne peut pas vendre le Vélodrome, tout au plus peut-on envisager un bail emphytéotique".
Une option que Pape Diouf, candidat tardif à la mairie à la tête d'un collectif citoyen, avait déjà soutenue lorsqu'il était président de l'OM: "Nous avions proposé un bail emphytéotique de 99 ans. La ville serait restée propriétaire et le club prenait en charge les travaux". Robert Louis-Dreyfus, le propriétaire du club décédé depuis, "avait validé ce dispositif et était d'accord pour le financer à 100%. Mais à notre grande surprise, Gaudin a fait voter en Conseil municipal un PPP avec une filiale de Bouygues".
Pour Diouf, "pourquoi ne pas vendre, ce qui répond au souci de ne pas accabler le contribuable, mais à deux conditions: que l'OM puisse y jouer tout le temps et que l'acquéreur s'engage à ne jamais le revendre pour un projet immobilier".
"Mais toute la difficulté sera de trouver un acquéreur", souligne-t-il.
"Moi je connais des endroits où on est intéressé, assure Mennucci: des fonds souverains du Moyen-Orient. Je ferai en sorte de trouver des investisseurs", qui devront investir quelque 500 millions d'euros.
Son locataire, l'OM, pas au mieux sportivement, suit de son côté la campagne avec attention. A l'issue, commenceront les négociations sur le loyer qu'il devra acquitter, une question cruciale dont s'est emparée la Chambre régionale des comptes estimant que le loyer réglé par l'OM pendant les travaux du stade, soit 50.000 euros par an, était dérisoire.
La Chambre recommande une part fixe d'environ 8 millions d'euros et une autre variable, quand l'OM tablait sur 4 M EUR. "Nous avons toujours évoqué 8 M EUR, assure M. Moraine. Ca restera notre demande mais pas dans la brutalité".
"Si Gaudin repasse, ça ira. Mais si c'est Mennucci, ce sera beaucoup plus compliqué", commente-t-on à l'OM.

(AFP)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.