Le Qatar, pays hôte du Mondial-2022, est "engagé moralement" dans la
protection des droits du travail, a affirmé jeudi son gouvernement,
vivement critiqué pour la situation des travailleurs migrants employés à
la préparation de l'événement.
Le Qatar "est engagé, moralement
et par principe, dans la protection des droits du travail", a déclaré
son ministre du Travail et des Affaires sociales, Abdallah Al-Khulaifi
lors d'une conférence organisée à Doha le jour de la Fête du travail,
qui n'est pas célébrée dans le richissime émirat gazier.
Le
ministre répondait à Amnesty International, dont la directrice des
affaires mondiales, Audrey Gaughran, venait d'appeler lors de cette
conférence le Qatar à prendre des mesures "concrètes" contre les abus en
ce domaine sur son territoire.
"Le gouvernement a l'obligation de
protéger les droits des travailleurs", a-t-elle déclaré, précisant
qu'elle avait rencontré la veille dix travailleurs népalais vivant dans
des "conditions révoltantes" depuis que leur employeur qatari a disparu
avec leurs passeports.
"Ils vivent d'aumônes", dans
l'impossibilité de rentrer chez eux bien qu'ils aient payé leurs billets
de retour, faute de passeport et d'autorisation de sortie, a-t-elle
expliqué, reconnaissant cependant "l'ouverture d'esprit" du gouvernement
et les mesures prises par les autorités et le comité local
d'organisation du Mondial-2022 pour freiner les abus.
Accusé
depuis septembre 2013 de tolérer sur ses chantiers des conditions de
travail proches de l'esclavage, l'émirat a publié en février une charte
destinée à améliorer le sort des centaines de milliers de travailleurs
asiatiques appelés à bâtir les infrastructures du Mondial-2022.
La charte est censée améliorer
les droits des quelque 1,4 million de travailleurs étrangers employés
au Qatar, la plupart originaires d'Inde, du Sri Lanka, du Népal et du
Bangladesh.
Mais le texte ne revient pas sur la kafala (parrainage), le système qui enchaîne les ouvriers à leur employeur.
Mme
Gaughran a recommandé, devant la conférence, d'abolir ce système et
surtout sa disposition qui exige un visa de sortie pour tout étranger
vivant au Qatar.
"Le visa de sortie est une violation flagrante des droits de l'Homme", a-t-elle déclaré.
Le
ministre du Travail avait annoncé dans une précédente session de la
conférence un projet de construction de deux "cités du travail" dans la
zone industrielle de Doha, qui pourront héberger 100.000 travailleurs.
D'autres ensembles sont déjà en construction à d'autres emplacements,
a-t-il ajouté.
Selon la presse locale, le gouvernement a pris
mercredi une recommandation pour garantir le versement à temps des
salaires aux travailleurs étrangers.
Ce système prévoit, selon le
quotidien Gulf Times, de verser les salaires à la première semaine de
chaque mois. Les employeurs qui ne s'y conforment pas seront pénalisés,
selon la presse.
Le gouvernement a en outre annoncé jeudi étudier
un rapport du cabinet d'avocats d'affaires international DLA Piper,
qu'il avait chargé en octobre 2013 de lui faire des propositions pour
"amender la législation du Qatar sur le travail afin d'améliorer les
conditions de vie, de santé et de sécurité des travailleurs".
Dans
un communiqué, il a ajouté qu'il "examinait avec les instances de
l'Etat concernées la faisabilité et la viabilité des recommandations"
que le cabinet d'avocats lui a remises mercredi.
Un rapport de la
Confédération internationale des syndicats estime que 4.000 ouvriers
risquent de mourir sur les chantiers du Mondial de football d'ici 2020.
Le Qatar conteste ce rapport, constellé selon lui "d'erreurs
factuelles".
(AFP)
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