En garde, prêt, allez: les organisateurs des Championnats d'Europe
d'escrime de Strasbourg ont livré un joli combat pour obtenir les moyens
financiers d'accueillir dans la capitale alsacienne le grand
rendez-vous continental du 7 au 14 juin prochains.
"J'ai dû partir
avec mon bâton de pèlerin", raconte Vincent Anstett, directeur
marketing et communication du rendez-vous. Son double cursus
athlète/organisateur (champion du monde par équipes au sabre en 2006),
témoigne à lui seul des difficultés actuelles des sports olympiques à
vivre, à l'heure où l'argent irrigue parfois abondamment d'autres
sports.
Le budget de l'évènement ferait par exemple sourire bon
nombre d'investisseurs du monde du football: moins d'1 M EUR, soit à
peine plus qu'un mois de salaire du seul Zlatan Ibrahimovic...
Pour
l'escrime, discipline à la confidentialité maladive hors JO, une telle
somme est difficile à réunir, surtout en pleine crise économique.
Quand
Vincent Anstett se lance dans la tâche en septembre 2012, son travail
se trouve en outre compliqué par des JO de Londres ratés, où l'escrime
française revient privée de médaille pour la première fois depuis 1960.
"J'ai
pris deux à trois mois pour construire le projet. Avec l'idée force que
ce qui devait guider notre démarche devait être le partage et
l'implication de tous".
Au lieu de voir "petit-bras", Anstett décide de voir plus grand.
Il met sur pied un projet décliné en quatre leviers, susceptibles de toucher différents types de sponsors.
"Il
y a d'abord un volet classique de visibilité, avec des logos, des
affiches. Il y a aussi tout ce qui est hospitalité, des loges pour les
entreprises, avec des initiations et des opérations de team building. Il
y a également un programme d'animations qui se dérouleront pendant la
semaine de l'Euro", explique-t-il.
Il y a surtout un volet éducatif, dans les écoles de la région, qui va beaucoup plaire aux investisseurs.
"C'est
un programme sur un an qui a démarré en septembre 2013, avec l'objectif
d'initier un maximum de personnes. On a mis sur pied un challenge école
dont la finale aura lieu pendant l'Euro. On aura au total 3500 enfants
qui viendront sur trois jours", se réjouit-il.
"Ils recevront
notamment un livret sur l'escrime. Je ne voulais pas les faire venir
dans les gradins simplement pour qu'ils fassent du bruit, comme j'avais
pu le voir aux Mondiaux de Turin en 2006. Le but, c'était qu'ils
comprennent pourquoi les lumières s'allument, qui est touché. On a
fourni du contenu pédagogique aux enseignements, il y aura également une
exposition pédagogique sur place", développe Anstett.
Au final,
le directeur marketing a pu proposer trois tickets d'entrée aux
entreprises, de 10, 20 et 40.000 euros, avec activation à différents
niveaux des quatre leviers.
Une quinzaine d'entreprises ont
répondu favorablement à la démarche, pour environ 270.000 euros, presque
un tiers du financement total de l'Euro.
Les partenaires publics, nationaux et locaux, ont également
largement joué leur rôle, contribuant également à hauteur d'un autre
tiers.
A cela s'ajoutent les prévisions de recette issus du
marketing (billetterie, vente des produits dérivés...), espérées autour
de 150.000 euros, dont 50.000 euros provenant directement de la
billetterie.
Enfin, 200.000 euros sont budgétés mais il s'agit
d'une "entrée/sortie", qui tient au fait d'organiser en même temps les
championnats d'Europe handisport.
"Or, pour les handisports,
l'organisateur fait un package logement aux fédérations, qui paient.
Donc cela ne nous impacte finalement pas", explique Anstett. Et cela
offrira en outre une première, avec la tenue aux mêmes dates et sur un
même lieu des Championnats d'Europe d'escrime valides et handisport.
Entre
soutien privé, institutionnel, et démarche innovante, l'Euro de
Strasbourg espère réussir son pari: ouvrir l'escrime au plus grand
nombre, même en temps de crise.
(AFP)
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