vendredi 9 mai 2014

Strasbourg à l'assaut des financements pour organiser l'Euro d'escrime

En garde, prêt, allez: les organisateurs des Championnats d'Europe d'escrime de Strasbourg ont livré un joli combat pour obtenir les moyens financiers d'accueillir dans la capitale alsacienne le grand rendez-vous continental du 7 au 14 juin prochains.

"J'ai dû partir avec mon bâton de pèlerin", raconte Vincent Anstett, directeur marketing et communication du rendez-vous. Son double cursus athlète/organisateur (champion du monde par équipes au sabre en 2006), témoigne à lui seul des difficultés actuelles des sports olympiques à vivre, à l'heure où l'argent irrigue parfois abondamment d'autres sports.
Le budget de l'évènement ferait par exemple sourire bon nombre d'investisseurs du monde du football: moins d'1 M EUR, soit à peine plus qu'un mois de salaire du seul Zlatan Ibrahimovic...
Pour l'escrime, discipline à la confidentialité maladive hors JO, une telle somme est difficile à réunir, surtout en pleine crise économique.
Quand Vincent Anstett se lance dans la tâche en septembre 2012, son travail se trouve en outre compliqué par des JO de Londres ratés, où l'escrime française revient privée de médaille pour la première fois depuis 1960.
"J'ai pris deux à trois mois pour construire le projet. Avec l'idée force que ce qui devait guider notre démarche devait être le partage et l'implication de tous".
Au lieu de voir "petit-bras", Anstett décide de voir plus grand.
Il met sur pied un projet décliné en quatre leviers, susceptibles de toucher différents types de sponsors.
"Il y a d'abord un volet classique de visibilité, avec des logos, des affiches. Il y a aussi tout ce qui est hospitalité, des loges pour les entreprises, avec des initiations et des opérations de team building. Il y a également un programme d'animations qui se dérouleront pendant la semaine de l'Euro", explique-t-il.
Il y a surtout un volet éducatif, dans les écoles de la région, qui va beaucoup plaire aux investisseurs.
"C'est un programme sur un an qui a démarré en septembre 2013, avec l'objectif d'initier un maximum de personnes. On a mis sur pied un challenge école dont la finale aura lieu pendant l'Euro. On aura au total 3500 enfants qui viendront sur trois jours", se réjouit-il.
"Ils recevront notamment un livret sur l'escrime. Je ne voulais pas les faire venir dans les gradins simplement pour qu'ils fassent du bruit, comme j'avais pu le voir aux Mondiaux de Turin en 2006. Le but, c'était qu'ils comprennent pourquoi les lumières s'allument, qui est touché. On a fourni du contenu pédagogique aux enseignements, il y aura également une exposition pédagogique sur place", développe Anstett.
Au final, le directeur marketing a pu proposer trois tickets d'entrée aux entreprises, de 10, 20 et 40.000 euros, avec activation à différents niveaux des quatre leviers.
Une quinzaine d'entreprises ont répondu favorablement à la démarche, pour environ 270.000 euros, presque un tiers du financement total de l'Euro.
Les partenaires publics, nationaux et locaux, ont également largement joué leur rôle, contribuant également à hauteur d'un autre tiers.
A cela s'ajoutent les prévisions de recette issus du marketing (billetterie, vente des produits dérivés...), espérées autour de 150.000 euros, dont 50.000 euros provenant directement de la billetterie.
Enfin, 200.000 euros sont budgétés mais il s'agit d'une "entrée/sortie", qui tient au fait d'organiser en même temps les championnats d'Europe handisport.
"Or, pour les handisports, l'organisateur fait un package logement aux fédérations, qui paient. Donc cela ne nous impacte finalement pas", explique Anstett. Et cela offrira en outre une première, avec la tenue aux mêmes dates et sur un même lieu des Championnats d'Europe d'escrime valides et handisport.
Entre soutien privé, institutionnel, et démarche innovante, l'Euro de Strasbourg espère réussir son pari: ouvrir l'escrime au plus grand nombre, même en temps de crise.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.