Les clubs professionnels de football doivent travailler sur leur
compétitivité et cesser de se poser en victimes du fisc, a appelé le
secrétaire d'Etat aux Sports Thierry Braillard dans un entretien avec
l'AFP.
Q: On vit l'épilogue du feuilleton Luzenac (NDLR: qui retombe en
amateurs) sur lequel vous avez pris position cet été. Vous avez décidé
d'agir pour éviter une nouvelle affaire...
R: "En effet, en accord avec Patrick Kanner, ministre de la ville,
de la Jeunesse et des Sports, je vais réunir les cinq fédérations et
ligues professionnelles de sports collectifs pour réfléchir à
l'évolution des procédures contentieuses en cas de montée discutée. La
question des délais est un vrai problème au regard de la saisonnalité du
sport. Une équipe qui entre dans la tourmente se trouve de facto
pénalisée parce qu'elle ne peut pas, même en cas d'issue positive,
préparer la saison suivante dans de bonnes conditions. Je ne remets pas
en cause les règlements mais je souhaite, en accord avec la Garde des
Seaux, réfléchir à la simplification des procédures. Luzenac a gagné le
18 avril sa montée sur le terrain et appris le 5 septembre que,
finalement, il n'est pas autorisé à monter! A la fin de l'année, je
souhaite que nous arrivions à des propositions concrètes et partagées."
Q: Plus globalement, vous qui êtes un amateur de foot, comment
jugez-vous la situation de la Ligue 1 dont les patrons se plaignent
notamment d'être bridés par trop de contraintes financières et fiscales?
R:
"Je suis moi aussi inquiet de l'état du foot professionnel français et
je partage le constat des clubs et de la ligue selon lesquels il faut
retrouver de la compétitivité (NDLR: député, Thierry Braillard fut
l'auteur d'un rapport sur le sujet à l'assemblée). Mais on ne
travaillera pas sereinement si les clubs se mettent dans la position de
victimes en montrant du doigt l'Etat, alors que l'Etat et les
collectivités territoriales ont notamment financé les nouvelles
infrastructures utilisées par les clubs qui sont des sociétés privées
(NDLR: ces stades serviront également pour l'Euro 2016). Cette
victimisation m'irrite un peu. Il faut tout mettre sur la table et voir
ce qu'il est possible de faire pour redonner au foot français de la
compétitivité".
Q: En matière d'infrastructures, à quel modèle êtes vous
favorable: celui de Lyon, votre club de coeur, propriétaire de son stade
?
R: "Le fait, pour les clubs, d'être propriétaire de leur outil
de travail, n'est pas inscrit dans la culture de ce pays où les
collectivités locales ont toujours voulu conserver la propriété de leurs
stades. Mais les budgets des clubs ont pris un tel essor que les
collectivités ne peuvent plus suivre. De son côté, Lyon s'inscrit dans
le modèle européen où 18 des 20 plus grands clubs sont propriétaires de
leur stade. Malheureusement, tout le monde ne peut pas faire comme
l'OL."
Q: Quel est donc le modèle à développer?
R: "L'idéal reste
pour le club la propriété du stade. A défaut, laisser le club exploiter
le stade par une convention d'occupation du domaine public, comme c'est
le cas à Paris avec le Parc des Princes, ce qui permet au PSG d'investir
dans l'infrastructure sans que cela coûte au contribuable. Dans les
partenariats publics-privés (ppp), privilégiés à Nice, Marseille ou
Lille, les clubs ne sont pas gagnants. Si les recettes guichets
augmentent, les redevances d'occupation augmentent également."
Q: Autre frein à la compétitivité selon les clubs, la taxe à 75% qui touche les clubs les plus riches...
R:
"Cette taxation n'aura duré que deux ans. Si certains clubs ont été
touchés par la taxe à 75%, tous ont très mal vécus l'arrêt brutal du DIC
(droit à l'image collectif) en 2010. Et ce n'était pas notre
majorité!".
Q: Maintenant que les stades sont achevés ou en voie de l'être,
quel va être votre rôle et celui de l'Etat dans la préparation à
l'Euro-2016 ?
R: "Très important. Il y eu un comité
interministériel présidé par le Premier ministre avec 10 ministres sur
le sujet de l'Euro 2016 au stade de France, au soir de France-Espagne.
Le président et le Premier ministre veulent que ce soit une très grande
fête nationale, populaire, qui montre l'image d'une France heureuse,
capable d'accueillir plusieurs millions de personnes et d'organiser
parfaitement le troisième événement sportif au monde."
(AFP)
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