mercredi 17 septembre 2014

Luzenac: du rêve de Ligue 2 à Pôle emploi

Le rêve de montée en Ligue 2 brisé, Quentin Westberg, le gardien franco-américain du club ariégeois de Luzenac, va aller pointer à Pôle Emploi comme n'importe quel chômeur. En attendant qu'un autre club veuille l'engager.

"Les choses sont simples et claires: on est les victimes avec le staff et les joueurs. On nous a annoncé mercredi que le club repartait en DHR, qu'il n'y avait plus de section professionnelle et puis basta. On est lâchés dans la nature. On se retrouve sans emploi avec des loyers à payer", confie à l'AFP le gardien du "Petit Poucet" ariégeois.
"On doit aller chercher nos papiers de fin d'engagement, exactement comme à la fin d'un contrat de travail pour aller s'inscrire à Pôle Emploi, c'est aussi simple que ça. On est sur le marché sauf qu'on arrive sur un marché où il y a très très peu de places", poursuit-il.
Après trois mois de bataille et un énième refus de la Ligue de laisser le club monter en Ligue 2 en raison de la non-conformité de son stade, le président du LAP (Luzenac Ariège Pyrénées), Jérôme Ducros, et son directeur général, le gardien de but de l'équipe de France championne du monde en 1998, Fabien Barthez, ont jeté l'éponge la semaine dernière.
Et Luzenac, qui avait gagné sur le terrain le droit de monter dans l'antichambre de l'élite en terminant deuxième de National l'an dernier, va entamer une descente aux enfers jusqu'en division d'honneur régionale, cinq niveaux plus bas.
"Ce club a été auréolé de succès et terminer ainsi, se retrouver de joueur de Ligue 2 à joueur de DHR, c'est complètement hallucinant", dénonce Quentin Westberg.
Si certains joueurs - comme Yunis Abdelhamid qui a signé à Valenciennes (L2) ou Joseph Mendes et Jérôme Leroy partis au Havre (L2) - sont allés voir ailleurs avant la fin du mercato sans attendre le dernier recours de Luzenac, la majorité d'entre eux sont aujourd'hui sans club.
Westberg, à Luzenac depuis 2012 après avoir connu la Ligue 1 avec Troyes et Evian, est lui "dans l'attente de certaines réponses d'un peu partout même de l'étranger" où il est prêt à partir avec sa femme et ses deux enfants en bas âge pour trouver un contrat. "On sait très bien qu'on ne va plus être en position de choisir, on est plus du tout maîtres de notre destin", soupire-t-il.
"Il y a un peu urgence car les carrières de footballeur ne sont pas infinies, les années sont comptées maintenant", ajoute le joueur de 28 ans.
La section pro de Luzenac ayant mis la clé sous la porte, il s'entraîne seul en attendant.
"Tout le monde se débrouille un peu comme il peut. Il y en a qui s'entraînent avec la réserve. Moi, je m'entraine de mon côté et il y a un coach des gardiens du club qui a proposé de me prendre le temps que je retrouve un club. Je suis en forme physique, c'est pas du tout le problème mais on joue pour la compétition, pour être dans un groupe. On joue pas au foot pour être en bonne santé", souligne-t-il.
S'il ne trouve pas d'ici la fin de l'année, au vu de ses origines, il pourra tenter sa chance aussi du côté de la MLS, la ligue américaine.
Mais quoi qu'il arrive, qu'il rebondisse ou pas, Quentin Westberg gardera toujours un souvenir amer de cet été d'incertitude.
"En plus d'être une déception sportive, financière, c'est une énorme déception sociale. Vous n'êtes pas du tout reconnu par rapport aux performances que vous avez effectuées, il faut digérer car du jour au lendemain, on vous dit que vous n'êtes même pas aptes à jouer en National. Il faut faire le deuil mais il ne faut pas oublier parce que tous ces bons moments on ne nous les enlèvera pas", estime-t-il.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.