L'Angleterre, bien aidée par l'expertise emmagasinée lors des JO-2012
de Londres, s'est donnée tous les moyens pour réaliser en 2015 le
Mondial le mieux organisé et vraisemblablement le plus rentable.
"Aujourd'hui,
la plupart des gens qui sont dans +England 2015+, le comité
d'organisation, étaient dans celui des jeux Olympiques, donc ce sont des
gens qui sont tout à fait à jour dans les dispositifs d'organisation",
se félicite ainsi auprès de l'AFP Bernard Lapasset, le président de
l'IRB, l'instance suprême du jeu.
La directrice exécutive Debbie
Jevans, qui connaît la recette pour transformer un évènement en succès
sportif et commercial, est ainsi la tête de pont des transfuges des JO.
D'ores
et déjà, les bénéfices du prochain Mondial sont estimés par l'IRB à
environ 190 millions d'euros, c'est-à-dire 60% de plus que ceux du
précédent en Nouvelle-Zélande. Ce serait surtout un nouveau record après
les 153,6 ME générés en France en 2007.
"Il y a un dirigeant
britannique qui me disait avec humour avoir pris le modèle français en
2007. Mais en coupant de 10% les dépenses et en augmentant les recettes
de 10%. Quand on voit que les dirigeants plaisantent déjà, on sent qu'il
y a un certain confort qui s'installe", poursuit ainsi M. Lapasset.
Le pays inventeur du rugby, qui appartient au premier cercle des
puissances économiques mondiales, bénéficie d'un marché nettement plus
dense et offre en effet des perspectives commerciales bien plus
intéressantes que la Nouvelle-Zélande.
Alors que les
infrastructures sportives et les treize stades retenus sont en bonne
voie, la question de la billetterie reste cependant un défi puisqu'il y a
2,9 millions de tickets à écouler pour les 48 matches.
"Mais on a
des stades superbes, des gens extrêmement connaisseurs de la façon dont
on organise des grands événements, un public qui répond présent, avec
des taux de réservation excellents", se félicite déjà Bernard Lapasset.
Heureusement,
car l'Angleterre devra ensuite reverser près de 100 ME à l'IRB, dont le
financement est assuré à 95% par les revenus générés lors de la Coupe
du monde.
C'est pour cette raison par exemple qu'à Leicester, fief
du rugby anglais, les organisateurs ont privilégié l'enceinte du
football à celle des Tigers, potentiellement moins génératrice de
recettes.
C'est aussi pour cela que le pays de Galles a été choisi
pour abriter, dans l'immense Millennium de Cardiff, des matches de
premier plan.
Mais la part du lion reviendra surtout à Londres, où
trois stades (Twickenham, Wembley et le Stade Olympique) seront de la
partie.
Si un site internet vient d'être pris la main dans le sac sur
internet en proposant un billet pour la finale à 11.130 euros, les
organisateurs ont privilégié une politique tarifaire attractive afin
d'impulser un soutien populaire massif.
Les prix des billets
s'étaleront ainsi de 19 à 900 euros pour les matches les moins
intéressants des poules à la finale. Et le comité d'organisation a aussi
renforcé les systèmes informatiques pour la vente des billets, en
étalant la distribution grand public et hospitalités pour éviter des
achats massifs de revendeurs.
"Je n'aime pas voir les billets
comme des monnaies d'échanges. Je préfère qu'ils aillent dans les mains
de gens passionnés", explique ainsi Debbie Jevans.
Le succès
populaire de la compétition passera aussi par des bonnes performances du
XV de la Rose, même si l'IRB mise beaucoup sur "l'approche locale", une
forte présence des habitants des régions hôtes dans les tribunes.
Lundi,
Bernard Lapasset saluait ainsi la qualité des programmes de
performances mis en place par l'Angleterre depuis plusieurs années. Ce
qui ne sera pas de trop au vu de la poule extrêmement relevée,
comprenant aussi le pays de Galles, l'Australie et les Fidji, dans
laquelle les Anglais ont été versés.
"Les affaires vont se
développer avec ou sans l'Angleterre, prédit encore son adjoint Brett
Gosper, interrogé par le Guardian. Mais pour avoir vraiment une
atmosphère magique, et le soutien de la population, ce serait bien que
le pays-hôte aille le plus loin possible."
(AFP)
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