lundi 20 octobre 2014

Comment Chelsea a verrouillé le recrutement d'un gardien de 13 ans

Encore ado et déjà dans le viseur des plus grandes équipes d'Europe: le club anglais de Chelsea, en mettant la main sur un jeune gardien de Poitiers âgé de 13 ans seulement, relance le débat sur la protection des joueurs issus de la formation à la française.

Il s'appelle Nicolas Tié, mesure 1,85 m et possède un talent indéniable, comme avant lui Mourad Meghni, Gaël Kakuta, Paul Pogba ou Jérémie Aliadière, autres jeunes à potentiel partis très tôt à l'étranger.
"Je n'ai jamais eu un joueur aussi prometteur. Il a tout, juge Fabrice Dubois, directeur de l'Institut du football régional de Châteauroux, sorte de Pôle Espoirs, où a débarqué le phénomène en septembre 2013. Il avait 12 ans et demi.
L'adolescent, né le 13 février 2001, est originaire de Poitiers, où habite sa famille et où il joue tous les week-ends pour le club local (Poitiers FC). Ses prouesses ont rapidement dépassé les frontières du centre de la France. Depuis un an, les recruteurs des plus grands clubs européens, habitués à faire leurs emplettes dans l'Hexagone où la formation est reconnue, se pressent dans la Vienne pour le voir à l'oeuvre et le solliciter.
"En l'apprenant, dès novembre-décembre de l'année dernière, j'ai convoqué les parents à plusieurs réunions pour clarifier la situation", explique Fabrice Dubois.
"Par la suite, Nicolas a eu des problèmes de comportement, sans doute a-t-il été perturbé par ce qui lui arrivait, poursuit l'éducateur. On a expliqué aux parents que Nicolas avait besoin d'un cadre, que sa scolarité devait rester une priorité. Il n'a pas fait ce qu'il fallait, il a eu un comportement déviant, un problème important au mois de mai, un incident assez grave qui nous a poussé à l'exclure du Pôle".
Depuis la rentrée, l'ado poursuit son parcours au sein des U14 régionaux de Poitiers, au milieu de ses copains.
Cet épisode n'a pas refroidi les ardeurs de Chelsea, bien au contraire. Le club du manageur portugais José Mourinho, qui sait que toute signature d'un contrat avant les seize ans révolus d'un joueur européen non-britannique n'a aucune valeur, semble avoir assuré ses arrières pour éviter toute mauvaise surprise, toute contre-offensive d'un club rival d'ici à 2017.
Tout d'abord, il a accueilli le jeune Nicolas dans un centre d'entraînement à Londres lors de ses vacances scolaires et envoyé tous les mois à Poitiers l'un de ses entraîneurs de gardiens, le Portugais Henrique Hilario, pour suivre l'évolution du futur Blues.
Nicolas Tié pourra donc rejoindre Chelsea dans trois ans, toutes les parties ayant manifestement trouvé leur compte dans cet arrangement.
Contrairement à Lens (pour Kakuta) ou Le Havre (pour Pogba), Poitiers n'est pas un club professionnel capable d'engager une procédure contre ce recrutement anticipé. Le Poitiers FC, qui évolue en Division d'Honneur (6e niveau français), voit même plutôt d'un bon oeil qu'on sollicite l'un de ses joueurs, ce qui lui apporte un coup de projecteur inespéré.
Sollicités, le club et la famille de Nicolas ne souhaitent pas communiquer sur le sujet, apparemment sensible, et ses aspects financiers. Ont-ils eu des consignes de Chelsea?
Pour lutter contre cette nouvelle prise d'un joyau français, la Fédération française de football (FFF), voire la Ligue du Centre de football, qui a hébergé dans son centre de Châteauroux le jeune gardien pendant une saison mais n'a plus de contact avec lui depuis son exclusion en mai, ont très peu de parades à leur disposition.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.