mardi 14 octobre 2014

Les Coupes d'Europe de rugby, nées aux forceps et encore en couveuse

Les Coupes d'Europe de rugby nouvelle formule, de constitution encore frêle, débutent ce week-end avec les séquelles d'un accouchement douloureux et deux années de gestation difficile autour des réformes à entreprendre.

Que de tempêtes traversées depuis juin 2012, date à laquelle les clubs anglais ont claqué la porte de la défunte ERC, organisatrice 19 ans durant des compétitions européennes !
Voilà donc les tournois continentaux réformés: désormais sous l'égide de l'EPCR, une société basée dans la neutralité suisse de Neuchâtel et non plus sous l'aile des Celtes à Dublin, ils doivent entrer dans une phase d'expansion commerciale importante. C'est en tout cas sous cette promesse que les clubs anglais, rejoints par les clubs français puis gallois, ont réussi à bouleverser l'ordre établi, malgré les fortes réticences des Fédérations et l'oeil inquiet de l'IRB (organe suprême du jeu) qui n'a donné son agrément définitif que... le 7 octobre dernier !
Le tiroir-caisse devrait d'abord chauffer grâce aux retouches de format apportées aux deux compétitions. Chacune passe de 24 à 20 clubs engagés, livrant chaque week-end d'alléchantes affiches, à l'image du Saracens-Clermont de samedi.
Le mode de qualification aux épreuves a aussi été revu. "Il n'y a plus de rente de situation pour personne", a ainsi martelé lundi René Fontès, membre du comité exécutif de l'EPCR.
Dans le viseur, les clubs irlandais, gallois, écossais et italiens, tous accusés d'avoir utilisé la Ligue celtique comme simple terrain d'entraînement pour la Coupe d'Europe. Ils n'auront plus que sept représentants dans la compétition principale, contre dix auparavant, ce qui préviendra les impasses durant la saison.
Une fois la vitrine arrangée, il a fallu vendre ces produits et c'est là que pour l'instant, le bât blesse.
La naissance tardive - en avril dernier seulement - de l'EPCR a forcément ralenti les processus commerciaux et de l'aveu même des dirigeants, il faudra sans doute attendre au mieux la saison 2015-2016 pour que la machine tourne à hauteur de son potentiel.
A ce jour, seul le brasseur Heineken, partenaire-titre de l'ancienne Coupe d'Europe, a signé un contrat de sponsoring conséquent.
"Comment voulez-vous que nous puissions signer de nouveaux partenariats alors que l'existence même de la compétition était contestée par certains", proteste M. Fontès, évoquant "des contacts importants noués" avec d'autres entreprises. Dans l'idéal, l'EPCR cherche quatre à cinq partenaires majeurs engagés sur des accords de plusieurs années.
L'essentiel du coffre-fort de Neuchâtel est pour l'instant rempli grâce aux diffuseurs télé, notamment côté anglais où British Telecom et Sky ont versé plus de 25 millions d'euros.
Mais, en France, l'appel d'offres s'est révélé un peu décevant, en dépit de l'émergence de beIN Sports, qui a raflé la mise aux côtés de France Télévisions. L'EPCR avait fixé un prix de réserve de 27 millions d'euros pour ses lots mais devra se contenter d'une vingtaine de millions (contre 14,5 millions sous l'ERC).
De quoi mettre en péril la promesse de départ de reverser à chacune des trois ligues (LNR, PRL anglaise et Ligue celtique) vingt millions d'euros par saison, soit soixante millions au total, contre une douzaine au mieux par championnat du temps de l'ERC ?
"Non", rétorque M. Fontès, en indiquant qu'au total "les droits de télédiffusion sont passés de 34 millions à 55 millions".
"Vous rajoutez là-dessus le contrat Heineken et ce qui est dans les tuyaux, l'objectif est déjà atteint", ajoute-t-il, optimiste.
La mise en route est aussi difficile dans les structures de l'EPCR qui pare au plus pressé. Ironie de l'histoire, ce sont les 17 employés de cette ERC si décriée qui font pour l'instant tourner les compétitions.
Manque également un président à la société. Un comité de nomination passe en revue une demi-douzaine de candidats en ce moment et la désignation est l'affaire "de quelques jours encore", selon M. Fontès.
Cela n'empêchera de toutes façons pas les joueurs de chausser les crampons dès ce week-end pour redonner toute sa place au terrain, après deux ans d'agitation en coulisses.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.