Les Coupes d'Europe de rugby nouvelle formule, de constitution encore
frêle, débutent ce week-end avec les séquelles d'un accouchement
douloureux et deux années de gestation difficile autour des réformes à
entreprendre.
Que de tempêtes traversées depuis juin 2012, date à
laquelle les clubs anglais ont claqué la porte de la défunte ERC,
organisatrice 19 ans durant des compétitions européennes !
Voilà
donc les tournois continentaux réformés: désormais sous l'égide de
l'EPCR, une société basée dans la neutralité suisse de Neuchâtel et non
plus sous l'aile des Celtes à Dublin, ils doivent entrer dans une phase
d'expansion commerciale importante. C'est en tout cas sous cette
promesse que les clubs anglais, rejoints par les clubs français puis
gallois, ont réussi à bouleverser l'ordre établi, malgré les fortes
réticences des Fédérations et l'oeil inquiet de l'IRB (organe suprême du
jeu) qui n'a donné son agrément définitif que... le 7 octobre dernier !
Le
tiroir-caisse devrait d'abord chauffer grâce aux retouches de format
apportées aux deux compétitions. Chacune passe de 24 à 20 clubs engagés,
livrant chaque week-end d'alléchantes affiches, à l'image du
Saracens-Clermont de samedi.
Le mode de qualification aux épreuves
a aussi été revu. "Il n'y a plus de rente de situation pour personne", a
ainsi martelé lundi René Fontès, membre du comité exécutif de l'EPCR.
Dans
le viseur, les clubs irlandais, gallois, écossais et italiens, tous
accusés d'avoir utilisé la Ligue celtique comme simple terrain
d'entraînement pour la Coupe d'Europe. Ils n'auront plus que sept
représentants dans la compétition principale, contre dix auparavant, ce
qui préviendra les impasses durant la saison.
Une fois la vitrine arrangée, il a fallu vendre ces produits et c'est là que pour l'instant, le bât blesse.
La
naissance tardive - en avril dernier seulement - de l'EPCR a forcément
ralenti les processus commerciaux et de l'aveu même des dirigeants, il
faudra sans doute attendre au mieux la saison 2015-2016 pour que la
machine tourne à hauteur de son potentiel.
A ce jour, seul le
brasseur Heineken, partenaire-titre de l'ancienne Coupe d'Europe, a
signé un contrat de sponsoring conséquent.
"Comment
voulez-vous que nous puissions signer de nouveaux partenariats alors
que l'existence même de la compétition était contestée par certains",
proteste M. Fontès, évoquant "des contacts importants noués" avec
d'autres entreprises. Dans l'idéal, l'EPCR cherche quatre à cinq
partenaires majeurs engagés sur des accords de plusieurs années.
L'essentiel
du coffre-fort de Neuchâtel est pour l'instant rempli grâce aux
diffuseurs télé, notamment côté anglais où British Telecom et Sky ont
versé plus de 25 millions d'euros.
Mais, en France, l'appel
d'offres s'est révélé un peu décevant, en dépit de l'émergence de beIN
Sports, qui a raflé la mise aux côtés de France Télévisions. L'EPCR
avait fixé un prix de réserve de 27 millions d'euros pour ses lots mais
devra se contenter d'une vingtaine de millions (contre 14,5 millions
sous l'ERC).
De quoi mettre en péril la promesse de départ de
reverser à chacune des trois ligues (LNR, PRL anglaise et Ligue
celtique) vingt millions d'euros par saison, soit soixante millions au
total, contre une douzaine au mieux par championnat du temps de l'ERC ?
"Non", rétorque M. Fontès, en indiquant qu'au total "les droits de télédiffusion sont passés de 34 millions à 55 millions".
"Vous
rajoutez là-dessus le contrat Heineken et ce qui est dans les tuyaux,
l'objectif est déjà atteint", ajoute-t-il, optimiste.
La mise en
route est aussi difficile dans les structures de l'EPCR qui pare au plus
pressé. Ironie de l'histoire, ce sont les 17 employés de cette ERC si
décriée qui font pour l'instant tourner les compétitions.
Manque également un président à la société. Un comité de nomination passe en revue une demi-douzaine de candidats en ce
moment et la désignation est l'affaire "de quelques jours encore", selon
M. Fontès.
Cela n'empêchera de toutes façons pas les joueurs de
chausser les crampons dès ce week-end pour redonner toute sa place au
terrain, après deux ans d'agitation en coulisses.
(AFP)
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