Quinze mois après son élection à la tête du CIO, Thomas Bach espère
faire adopter par l'ensemble des membres réunis à Monaco les 40 mesures
dessinant les contours des futurs jeux Olympiques: plus simples, plus
flexibles, plus accessibles.
Fin stratège, l'Allemand a déjà
verrouillé son dossier: Validés par la commission exécutive en octobre, à
Montreux, les 40 points de son Agenda 2020 destinés à "préserver le
caractère unique des Jeux", ne devraient susciter que des débats de pure
forme dans la Principauté.
Qui, en effet, pourrait s'opposer à
des remèdes déjà timidement évoqués par l'ancien président, Jacques
Rogge, et rendus cruellement nécessaires par l'actualité récente?
Notamment le pharaonique budget des Jeux d'hiver de Sotchi ou le
désastre de la campagne pour ceux de 2022 auxquels deux seules villes
controversées, Pékin et Almaty, restent candidates.
Qui, parmi la
centaine d'Olympiens, oserait contester la nécessiter de réduire
drastiquement le coût des Jeux, philosophie prégnante de l'Agenda 2020,
en privilégiant l'utilisation d'équipements existants, le recours à des
installations temporaires, voire l'association de plusieurs villes ou
pays qui mutualiseraient leurs forces?
Hégémonique par le passé,
notamment dans ses rapports avec les villes candidates, l'institution
dit désormais vouloir écouter "quel projet olympique s'intègre le mieux
dans le plan de développement à long terme d'une région hôte ainsi que
dans ses projets sociaux et environnementaux".
- concept nébuleux -
Longtemps accusé d'immobilisme, le CIO, dans sa version Bach,
veut également s'ouvrir au monde non olympique en permettant à des
sports exclus ou restés à la porte du programme de s'inviter
ponctuellement à des Jeux. Ce retour au concept de sport de
démonstration en vigueur jusqu'aux années 90, pourrait ainsi permettre à
Tokyo-2020 de (re)faire une place au baseball et au softball sa version
féminine.
Sur ce point, le président du CIO devra expliquer à ses
membres comment étendre le programme sans augmenter le nombre
d'athlètes, toujours bloqué à 10.500, et sans doute préciser le concept
nébuleux d'un "programme basé sur des épreuves et non sur des sports",
selon la recommandation 10 de l'Agenda.
Autre point qui sera
probablement sujet à débats, la création d'une chaîne olympique qui
émettrait 365 jours par an pour maintenir la flamme entre deux éditions
des Jeux. Entièrement numérique, cette chaîne n'aurait bien sûr pas
vocation à concurrencer les diffuseurs traditionnels des JO, dont
l'Américaine NBC qui vient de débourser 6,2 milliards d'euros pour
s'assurer les six prochains JO. Mais certains s'inquiètent déjà d'une
plus grande accessibilité d'images dont ils avaient auparavant
l'exclusivité.
Forts de nombreux relais parmi les membres du CIO,
les diffuseurs, qui en assurent la quasi totalité des revenus,
pourraient se faire entendre à Monaco.
Enfin l'assemblée plénière
validera sans doute avec quelques crispations, dix mois après les très
tendus Jeux de Sotchi, la mesure 14 de l'Agenda recommandant d'"inclure
la non-discrimination selon l'orientation sexuelle dans le 6e principe
fondamental de l'Olympisme."
Au delà de l'adoption de ces 40
mesures, qui seront votées une par une lundi et mardi après deux
journées de réunion de la commission exécutive, la session
extraordinaire de Monaco devrait être l'objet d'une nouvelle explication
entre le CIO et la Fifa, au sujet du calendrier de l'hiver 2022.
Thomas
Bach a déjà averti Sepp Blatter, président de la Fifa, qu'une
interférence de dates entre les JO (de Pékin ou Almaty) et la Coupe du
monde au Qatar que la Fifa souhaite organiser en hiver, serait
inacceptable pour le CIO et "dommageable pour les deux événements".
Membre du CIO, Blatter devrait à nouveau subir les pressions de ses
collègues pour ne pas empiéter sur le mois de février réservé aux JO.
(AFP)
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