De décembre 2010 à décembre 2014, les choses n'ont pas changé pour le
Mondial-2022 au Qatar: on ne sait toujours pas à quelles dates se
jouera cette Coupe du monde, contestée pour ses conditions d'attribution
et pour la situation des travailleurs dans l'émirat.
Le président
de la Fifa Joseph Blatter l'a dit fin novembre à Manille: "Le
Mondial-2022 se jouera au Qatar". On en est là. Quatre ans plus tard, le
patron de l'instance mondiale est obligé de réaffirmer ce qui devrait
être une évidence mais qui ne l'est pas.
Car le vote du 2 décembre
2010 continue à peser lourd sur la Fifa et sur le monde du football,
empêtré dans ce que le président américain Barack Obama avait
immédiatement qualifié de "mauvaise décision". Et, de la fausse rumeur
du Picasso soi-disant offert à Michel Platini aux ordinateurs en
location de la candidature russe, l'année qui s'achève a encore été
chargée.
La journée symbole des difficultés de la Fifa avec ce
Mondial a eu lieu le 13 novembre. Dans la matinée, l'Allemand
Hans-Joachim Eckert, président de la chambre de jugement du comité
d'éthique de la Fifa, livre sa lecture de la fameuse "enquête Garcia".
Celle-ci
a été menée pendant deux ans par Michael J. Garcia, qui est lui
président de la chambre d'enquête de ce même comité d'éthique. Ancien
procureur fédéral, mariée à une agente du FBI, cet avocat américain a interrogé plus de 70 personnes et remis un rapport de près de 400 pages.
Tous
les dossiers de candidature, à l'exception de celui conjoint de la
Belgique et des Pays-Bas, sont épinglés. Celui de l'Angleterre, pays le
plus virulent contre le Qatar, est particulièrement visé.
La
candidature russe, qui a obtenu le Mondial-2018, n'a quant à elle soumis
qu'une quantité limitée de documents. Les ordinateurs utilisés à
l'époque étaient en location. Ils ont été rendus depuis à leur
propriétaire, qui les a "détruits"...
Au total, Eckert relève
certes dans l'enquête Garcia "des comportements douteux", mais aucune
preuve de corruption, et certainement pas de quoi remettre en cause le
processus d'attribution des Mondiaux 2018-2022, dont l'évaluation est
pour lui "terminée".
Le Qatar et la Russie se félicitent, mais il ne faut pas trois
heures à Garcia pour relancer l'affaire: selon lui, l'interprétation de
M. Eckert "contient plusieurs présentations incomplètes et erronées des
faits et conclusions détaillés dans (son) rapport".
Dans la
foulée, le comité d'éthique annonce l'ouverture d'enquêtes contre
plusieurs personnalités, liées à leur comportement avant l'attribution
des deux Coupes du monde. Des cadres de la Fifa, comme l'Espagnol Angel
Maria Villar Llona ou la légende du football allemand Franz Beckenbauer
seraient concernés.
Pendant ce temps-là, Michel Platini, président
de l'UEFA, qui n'a jamais caché avoir voté pour la Russie et le Qatar,
est obligé de démentir avoir reçu un Picasso en échange de sa voix en
faveur des Russes.
La Fifa de son côté porte plainte auprès de la
justice suisse car elle soupçonne des "transferts internationaux de
patrimoine avec comme point de contact la Suisse", émanant de "diverses
personnes". "Cela prouve que la Fifa ne refuse pas la transparence",
affirme Blatter.
Imperturbable, le Qatar fait comme si de rien
n'était et continue à présenter le design de ses stades climatisés.
L'émirat reste pourtant dans le collimateur des ONG et des syndicats
internationaux pour lesquels les quelques mesures prises en faveur des
droits des travailleurs restent très insuffisantes.
En septembre,
le directeur exécutif du comité d'organisation Nasser Al-Khater l'a
encore répété: "la seule question qui demeure aujourd'hui, c'est quand,
pas si".
Mais même ce "quand" reste bien mystérieux. Les clubs
européens ont évoqué avril-mai 2022 ou mai-juin 2022. Pas question
rétorque la Fifa, dont le secrétaire général Jérôme Valcke a parlé de
janvier-février 2022 ou novembre-décembre 2022. Les choses avancent...
Une consultation est en cours.
(AFP)
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