jeudi 15 janvier 2015

CAN-2015: la Guinée équatoriale en quête de reconnaissance

"A deux mois de l'événement, pour accepter d'organiser une compétition comme celle-là, il faut être vraiment un vrai Africain", a plaisanté le président de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou lorsque la Guinée équatoriale a accepté d'organiser la CAN-2015 après le désistement du Maroc.

En quête d'une reconnaissance internationale qu'on a longtemps refusée à la Guinée équatoriale, pays peu démocratique et parmi les plus pauvres du monde, le président Teodoro Obiang a relevé le défi trois ans après avoir coorganisé avec le Gabon la CAN-2012. Obiang veut briller et il s'est placé en recours, en bouée de sauvetage à laquelle s'est accrochée la Confédération africaine de football, ravie de l'aubaine et soucieuse de ne pas avoir à tenir la coupe hors du continent.
Il compte sur les infrastructures construites pour 2012, et notamment les deux stades de Malabo (île de Bioko) et Bata ainsi que les routes et complexes hôteliers bâtis pour l'occasion. Réutiliser ce genre de structures souvent critiquées dans d'autres pays pour leur usage unique paraît logique. Ces deux sites devraient fonctionner sans problème, mais reste Mongomo et Ebebiyin, où l'hébergement risque de faire défaut alors que leurs bassins de population semblent faibles pour des événements de cette ampleur.
"L'hébergement à Ebibeyin et Mongomo est parfait et prêt, les hôtels et logements sociaux où seront aussi logés certaines équipes", a assuré le ministère équato-guinéen des sports. "Il n'y a aucun problème, nous pouvons recevoir n'importe quelle quantité de personnes pouvant venir", a-t-il ajouté, affirmant aussi que les aménagements dans le stades seraient terminés.
Fort de ses pétrodollars depuis l'exploitation à grande échelle de l'or noir à partir du début des années 2000, M . Obiang a lancé son pays dans une politique de grands travaux destinés aussi à redorer son image. Il a ainsi construit un double palais des congrès accueillant de nombreux sommets internationaux et lancé un immense chantier d'une nouvelle capitale (Oyala).
Il a aussi commencé à briguer pour son pays des postes dans les organisations internationales, en particulier africaines, pesant sur les choix grâce au poids économique du 3e producteur de pétrole subsaharien. "Il se comporte comme un nouveau riche", se moque sous couvert de l'anonymat un diplomate africain, soulignant l'envie du chef de l'Etat de prendre sa revanche après avoir été longtemps traité comme un pestiféré, en raison d'une pauvreté extrême et d'un régime dictatorial.
Arrivé au pouvoir en 1979 par un coup d'Etat et réélu en 2009 avec 95,37% des voix, il dirige la Guinée équatoriale d'une main de fer.
Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre l'organisation de la CAN par la Guinée , évoquant "la terrible répression qui frappe la liberté de l'information".
"De la Guinée équatoriale, vous ne verrez que les pelouses des stades de foot (...) Vous n'apprendrez rien de la pauvreté, de la corruption et de la répression politique qui minent le pays, car la liberté de l'information n'existe pas".
D'ailleurs, le pays très fermé ne devrait accueillir qu'une poignée de supporteurs triés sur le volet. Le président Obiang a rappelé que la chasse à l'immigration clandestine serait à l'ordre du jour: "les voisins qui veulent venir voir les matchs de la CAN , qu'ils s'organisent à venir avec les bus, qu'ils s'enregistrent dans nos consulats et ambassades, aux frontières leur passeport sera confisqué et remis quand ils rentrent".
Sur la scène nationale, l'unique député de l'opposition, Placido Miko s'est insurgé contre ce qu'il considère comme "une absurdité, une manifestation de l'irresponsabilité du régime dont le chef fait ce que bon lui semble. Il gère l'argent comme si c'était le sien"
Il rappelle que la réception de la CAN s'est fait sans consulter le Parlement et qu'aucun financement n'est prévu au budget 2015 voté par les députés en novembre et décembre.
"Le pétrole représente 90% des ressources du pays. Dans la conjoncture économique actuelle avec un baril qui perdu 40 à 50% de sa valeur, c'est une improvisation irresponsable qui ne rapportera rien au pays et se fera au détriment total du développement et de la population", a-t-il déclaré à l'AFP.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.