Exposition universelle 2025, JO-2024: officiellement les deux
candidatures françaises avancent en parallèle. A terme, il pourrait
cependant n'en rester qu'une, aux dires de la maire de Paris Anne
Hidalgo (PS). Analyse des forces et faiblesses de l'une et de l'autre.
- Affluences et retombées -Quelque
deux millions de visiteurs, plus de 20.000 journalistes accrédités, 3,7
milliards de téléspectateurs... pendant plus de deux semaines, les jeux
Olympiques braquent l'attention du monde entier sur le pays hôte. La
phase de candidature engendre aussi d'importantes retombées médiatiques.
Plus
discrètes, les expositions universelles drainent pendant six mois un
public variable: Milan qui ouvre le 1er mai attend 25 millions de
visiteurs, Shanghai en a accueilli 73 millions en 2010 (dont 5,8%
d'étrangers). Jean-Christophe Fromantin (UDI), président de
l'association ExpoFrance 2025 qui a défendu la candidature française
jusqu'à présent, table sur au moins 40 millions de visiteurs.
La
question des retombées économiques des JO est complexe, comme le relève
le cabinet de conseil Microeconomix dans une note récente. "Les
bénéfices attendus de ces événements ne sont que rarement atteints et
les budgets initiaux systématiquement dépassés". Le gouvernement
britannique a toutefois fait état en 2014 de 14,2 milliards de livres
générées en deux ans par les Jeux londoniens, alors qu'il en attendait
11 en quatre ans.
- Héritage et message -Désormais décidée à défendre la
candidature de Paris aux JO, Anne Hidalgo veut éviter la multiplication
d'éléphants blancs - ces équipements surdimensionnés sans utilité après
les Jeux - et réduire la fracture territoriale entre Paris et sa
périphérie, particulièrement la Seine-Saint-Denis. M. Fromantin imagine
de son côté la création d'un grand "pavillon d'immersion numérique",
situé "dans le Grand Paris", et de douze "forums", six en Ile-de-France
et six en région,
qui pourraient soit être des créations ex nihilo, soit s'appuyer sur
des bâtiments existants. Il met surtout en avant le rôle d'accélérateur
pour l'innovation que peuvent jouer les exposition universelles, et
souligne l'importante part d'initiative qu'elles laissent au pays hôte,
alors que le cahier des charges des JO est "formaté".
- Coût -Plus de 11 milliards d'euros pour Londres, soit plus
du double de l'estimation initiale, 34 milliards pour Sotchi en 2014...
les JO sont toujours plus dispendieux. Le mouvement sportif français a
toutefois élaboré une candidature plus sobre, autour de 6,2 milliards
d'euros dont environ trois pour les infrastructures. La facture de la
candidature parisienne peut être allégée grâce au grand nombre
d'équipements déjà existants, et au lancement indépendamment d'elle des
travaux du Grand Paris Express.
Du côté des Expositions
universelles, le chef de la délégation française auprès du Bureau
international des expositions (BIE) Pascal Rogard (cité dans le rapport
de la mission d'information parlementaire présidée par M. Fromantin),
dit que leur coût oscillerait aujourd'hui entre 2 et 6 milliards
d'euros, et qu'elles sont rarement bénéficiaires. M. Fromantin table
pourtant sur un coût de 2,9 milliards d'euros, pour un chiffre
d'affaires de 3,1 mds, sans aucun financement public.
- Gouvernance et chances de l'emporter -A la tête de la candidature de Paris aux JO se trouve le mouvement sportif, avec en soutien l'Etat, la région et la mairie de Paris, à qui il appartient formellement de s'engager.
Le président de la fédération internationale de rugby (World Rugby,
ex-IRB) Bernard Lapasset et le triple champion olympique de canoë et
membre du CIO Tony Estanguet, apparaissent comme un ticket quasiment
idéal pour toucher l'institution de Lausanne. La candidature française,
qui se veut moins coûteuse et plus écologique que les dernières
éditions, est en ligne avec la nouvelle feuille de route du CIO... à
condition que celui-ci s'y tienne. Rome, Hambourg et Boston sont déjà en
lice.
Le projet d'Exposition universelle est actuellement défendu
par l'association ExpoFrance 2025, présidée par Jean-Christophe
Fromantin. Anne Hidalgo s'est publiquement inquiétée des orientations
prises par le député-maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). "Une
exposition multi-sites, ça n'existe pas", a-t-elle notamment affirmé. Le
rapport de la mission d'information souligne lui-même que le BIE est
réticent "à se priver d'un site unique d'exposition auquel il est
attaché".
Un délégué interministériel va être nommé mardi pour
superviser une éventuelle candidature à l'Exposition universelle. Sa
mission : "Remettre sur les rails" la candidature française, à moins
qu'il ne s'agisse de la "débrancher", selon des proches de la maire de
Paris.
Les Français, pour leur part, préfèrent l'Exposition
Universelle aux JO: s'ils sont 61% à être favorables à l'accueil de ces
derniers, 57% disent préférer la première aux seconds (41% l'inverse),
selon un sondage Odoxa pour Le Parisien-Aujourd'hui nen France publié
dimanche.
(AFP)
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