Le président démissionnaire de la Fifa, Joseph Blatter, a mis les
choses au point lundi: il ne se représentera pas à sa propre succession
lors de l'élection d'un nouveau président en février 2016, pour laquelle
Michel Platini réfléchit en revanche à se porter candidat.
Poussé
à la démission après "le tsunami" qui a balayé la Fifa avec
l'arrestation de 7 de ses dirigeants fin mai, M. Blatter a également
promis de mettre à profit les sept mois qui le séparent de l'élection
pour engager des réformes.
"Je ne serai pas candidat le 26
février, il y aura l'élection d'un nouveau président", a assuré le
Suisse, qui s'exprimait à Zurich après la décision du Conseil exécutif
de la Fifa de fixer au 26 février 2016 l'élection d'un nouveau
président.
Sa conférence de presse a été retardée par l'irruption
d'un humoriste britannique qui lui a jeté au visage des faux billets,
alors que l'instance fait face au plus grand scandale de corruption de
son histoire.
Le principal opposant de Blatter, le Français Michel
Platini, fait désormais figure de candidat favori à la présidence. "Il
réfléchit sérieusement à se porter candidat", selon une source proche.
- Platini: décision sous 15 jours -Platini "sait qu'il doit
prendre une décision rapidement pour fermer la porte à d'autres
éventuels challengers. Il prendra sa décision dans les deux prochaines
semaines".
Selon cette source, Platini, 60 ans et à la tête de
l'UEFA depuis 2007, a reçu le soutien de quatre des six confédérations
régionales de football, à l'exception de la Confédération africaine
(CAF) et celle d'Océanie.
A ce jour, seul l'ancien joueur
brésilien Zico a formellement fait acte de candidature. Le Prince
jordanien Ali, unique adversaire de Blatter lors de la précédente
élection a indiqué qu'il était "disponible".
"Je souhaite bonne
chance à tous les candidats, y compris à Michel Platini", a lancé,
sybillin, Blatter. Une manière de forcer son principal pourfendeur à se
déclarer?
En attendant l'élection, Blatter a réaffirmé sa volonté
de "réentamer un processus de réformes". Nous avons déjà engagé des
réformes en 2011 mais il restait un certain nombre de points en
suspens", a-t-il ajouté.
Un groupe de travail présidé par une
personnalité indépendante va se pencher sur une série de réformes, en
priorité une limitation du cumul de mandats du président (Blatter est
lui-même en poste depuis 1998, son 5e mandat), et un contrôle plus
poussé de la probité des membres du comité exécutif, avec la publication
de leurs rémunérations.
Mais, interrogé pour savoir s'il était
d'ores et déjà prêt à rendre publique sa rémunération, M. Blatter a une
fois de plus botté en touche: "cette décision ne concerne pas uniquement
le président de la Fifa mais tous les officiels concernés".
- Blatter journaliste radio? -Ce groupe de travail composé de
11 personnes ressemble à celui que le CIO, alors secoué par le scandale
de corruption des JO de Salt Lake City, avait créé en 1999 et dans
lequel siégeait notamment l'avocat français Robert Badinter.
"La
création de ce groupe de travail est un pas important afin d'améliorer
la gouvernance et la transparence" au sein de la Fifa, a réagi Platini
dans un communiqué. "Nous devons réformer la Fifa et nous devons le
faire maintenant", a ajouté l'ancien milieu de terrain.
Pour l'ONG Transparency, ces mesures sont "loin de ce qui est nécessaire pour éradiquer la corruption à la Fifa".
"Au
lieu de mettre en place une commission réellement indépendante, la Fifa
a annoncé la création d'un nouveau groupe de travail comprenant dix
membres des confédérations et une personne indépendante pas encore
nommée. Ceci n'est pas suffisant pour rétablir la confiance dans la
Fifa", ajoute l'ONG dans un communiqué.
Blatter, 79 ans dont 40 à
la Fifa, avait été réélu le 29 mai pour un cinquième mandat à sa tête,
en dépit du scandale planétaire de corruption qui venait tout juste
d'éclabousser l'instance. Quatre jours plus tard, le 2 juin, il avait
annoncé sa démission, ajoutant toutefois qu'il restait en poste le temps
d'organiser de nouvelles élections fin 2015 ou début 2016.
Interrogé
pour savoir ce qu'il ferait au soir du 26 février, au terme de ses 18
ans de présidence, Blatter a assuré qu'il redeviendrait "journaliste, à
la radio. Il y a tellement de radios dans le monde, je suis sûr que
quelqu'un sera content d'entendre ma voix".
(AFP)
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