Avec leurs chaises roulantes style Mad Max, leurs tatouages et leurs
visages tuméfiés, les joueurs de l'équipe brésilienne de rugby
paralympique semblent inarrêtables, mais à Rio, siège des jeux
Paralympiques dans un an, même eux sont freinés par un environnement peu
accueillant au jour le jour.
"L'accessibilité est notre problème
numéro un", déplore Gilson Dias Wirzma Junior, 28 ans, membre de
l'équipe brésilienne de rugby pour les jeux paralympiques de Rio, du 7
au 18 septembre 2016.
Dans la ville voisine de São Gonçalo, par exemple, "il n'y a même pas de vrais
trottoirs", explique Junior, tétraplégique après qu'une vague l'a plaqué
sur le sable en 2007 quand il nageait. "Prendre un bus, c'est presque
impossible. Il n'y en a qu'un sur mon trajet qui soit équipé et je peux
attendre jusqu'à deux heures", dit-il.
Rio de Janeiro, la "ville merveilleuse", attirera des visiteurs du monde entier pendant ces Jeux,
après les jeux Olympiques d'août. Mais athlètes ou supporteurs
handicapés feront face aux mêmes problèmes de dimension... olympique.
En
se préparant pour un entraînement dans la banlieue de Rio, les membres
de l'équipe paralympique de rugby échangent des histoires terrifiantes
sur des trottoirs cassés, des rampes inexistantes et des ascenseurs qui
marchent mal.
"Malheureusement c'est notre réalité", souligne Junior, un dur pourtant !
- Le 'Murder ball' -
Quand le rugby en fauteuil roulant est né dans les années 70 au
Canada, les premiers participants l'avaient surnommé "murder ball"
(balle meurtrière).
Devenu discipline paralympique en 2000, ce
"rugby-fauteuil" se joue par équipes de quatre, sur un terrain de la
taille d'un parquet de basket-ball. Les chaises roulantes, adaptées avec
des pare-chocs sur les roues, s'entrechoquent brutalement.
Pendant
l'entraînement, les membres du club de Santer se déplacent avec une
agilité et une rapidité surprenantes, en se propulsant de leurs seules
mains et bras partiellement paralysés. L'un des joueurs, le plus lourd,
le 7, tombe au sol. Deux assistants doivent le relever et le rassoir sur
sa chaise.
"Ce que je préfère, ce sont les coups", confie Eduardo Mayr, 43 ans, grand sourire au milieu d'un visage plein de cicatrices.
Quelques 4.350 athlètes de 178 pays sont attendus pour les Paralympiques, mais Rio n'est pas vraiment prête.
"Ne
serait-ce que pour recevoir et loger ces athlètes, il va falloir faire
un effort", a déclaré récemment à l'AFP Mario Andrada, porte-parole du
comité organisateur Rio-2016.
- Les trottoirs, 'un cauchemar' -
Selon lui, le plus grand véhicule spécialisé qui opère aujourd'hui dans la ville a une capacité de huit chaises roulantes, alors que rien que "la
délégation hollandaise vient avec 150 personnes en chaises roulantes".
L'un
des symboles de Rio, ces trottoirs de la zone touristique en pierres
portugaises blanches et noires, souvent mal jointes, "sont un vrai
cauchemar", témoigne un autre athlète, Renan Prestes, 28 ans.
Traverser
les rues animées de Rio peut être aussi frustrant que dangereux. "Vous
trouverez des rues où il y a une rampe d'accès d'un côté, mais pas de
l'autre, vous êtes à mi-chemin quand vous vous en rendez compte",
explique-t-il.
Blessé lors d'un accident de natation, il se
déplace en voiture, mais "les places de stationnement pour handicapés
sont constamment prises", affirme sa compagne Tarcila Formiga. Valide,
la jeune femme de 30 ans dit avoir ouvert les yeux sur la réalité de la
vie des personnes handicapées dans un Brésil qui est pourtant la
septième économie du monde.
"Par exemple, vous allez dans un hôtel
et demandez s'ils ont une chambre adaptée et ils disent que oui, mais
le lit est trop élevé pour la personne en fauteuil roulant", dit-elle.
Les
célébrations marquant le compte à rebours à un an des jeux
Paralympiques, lundi, incluront aussi le lancement d'une campagne de
sensibilisation sur l'accessibilité, un thème majeur de la cérémonie
d'ouverture le 7 septembre 2016.
(AFP)
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