mardi 24 novembre 2015

Le certificat professionnel des maîtres-nageurs-sauveteurs réformé sur fond de désengagement de l'Etat

Un arrêté du ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports relatif au certificat d'aptitude à l'exercice de la profession de maître-nageur-sauveteur (CAEP MNS) uniformise le mode de requalification de la profession.
Ce certificat concerne les titulaires d'un diplôme conférant le titre de MNS qui désirent exercer en tant que salariés de droit public ou de droit privé ou encore comme auto-entrepreneur. Il atteste que ces personnes continuent de présenter des garanties suffisantes en matière de sauvetage aquatique et de sécurité des publics. Il doit être repassé tous les cinq ans.
A l'origine de ce nouvel arrêté, "une pression exercée sur le ministère des Sports", selon Denis Foehrle, directeur de la Fédération nationale des métiers de la natation et du sport (FNMNS). L'ancien texte datait en effet de 1983 et permettait une certaine souplesse dans l'organisation de la certification. "Au fil des années, certains acteurs oeuvrant pour les directions régionales de la jeunesse et des sports et les Creps [centres de ressources, d'expertise et de performance sportives, ndlr] se sont livrés à des extrapolations dans la mise en place des épreuves", décrypte Denis Foehrle. Résultat : le syndicat des maîtres-nageurs a observé des "mouvements" de MNS allant passer le certificat d'exercice de la profession (CEP) dans telle région où il était réputé plus facilement accessible. Alors que d'autres régions mettaient en place des épreuves "inacceptables". Pour Denis Foehrle, "cela créait des disparités avec des collègues recalés ici et acceptés ailleurs". Avec en arrière-plan un allongement de la durée des carrières des MNS, le syndicaliste estime par exemple que faire passer à des personnes de 60 ans des épreuves de longue distance, "alors qu'il suffit le plus souvent de parcourir 5 ou 10 mètres dans l'eau avec une victime", n'est pas en phase avec la réalité du métier.
Après trois recours devant un tribunal administratif et des annulations de CEP, tout le monde s'est donc mis autour de la table. "Il y aura maintenant une uniformité dans toute la France. C’est ce que nous cherchions à atteindre", confie Denis Foehrle.

Le ministère des Sports se retire de la formation

La nouvelle évaluation comprendra deux épreuves. La première sera une épreuve de nage libre avec palmes effectuée en continu sur une distance de 250 mètres. La seconde consistera en un parcours comprenant un départ du bord du bassin ou d'un plot de départ, une plongée dite "en canard" suivie de la récupération d'un mannequin de modèle réglementaire que le candidat devra sortir de l'eau avant de gérer l'environnement : évacuation du bassin, prise en charge du noyé, etc. Le candidat devant être revêtu d'un short et d'un tee-shirt.
Le rôle du ministère des Sports dans l'évaluation elle-même n'est plus qu'optionnel. La présence d'un fonctionnaire n'étant plus obligatoire que lors de la réunion, après les épreuves d'évaluation, du jury délivrant le CEP.
Restait à régler le problème de la formation. "Dans le premier projet de texte, on ne parlait plus des heures de formation. Le ministère n'a plus voulu s'occuper de la formation car cela lui générait un coût", déplore Denis Foehrle. Dans les anciennes formations au CEP, le responsable de la FNMNS reconnaît que la profession avait atteint "un certain niveau de confort" qui permettait, tous les cinq ans, de réunir des MNS afin de débattre des problématiques de sécurité rencontrées dans les piscines.
Après de nouvelles discussions, une formation de quatorze heures a été retenue. Désormais, des organismes publics ou privés peuvent la prendre en charge. Parmi les organismes publics, les Creps seront très probablement en première ligne, ainsi que certaines universités. Quant aux organismes privés, il s'agira d'organismes de formation dûment déclarés.
"Nous regrettons le recul de la présence de l'Etat. Mais lors des discussions, sa représentante nous a fait une démonstration très simple. Sur la dizaine de sessions de CEP mises en place tous les ans en Bretagne, à raison de trois jours par session, cela mobilisait un fonctionnaire trente jours dans l'année. Elle va donc pouvoir récupérer trente jours de travail. C'est la seule chose qui l'intéressait. Finalement, la réforme du CEP était pour l'Etat une opportunité économique", conclut Denis Foehrle. Ces nouvelles dispositions doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2016.

(Localtis)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.