C’est un véritable feuilleton : après avoir défendu pendant des mois le
décret assouplissant considérablement les règles en matière de panneaux
publicitaires, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a annoncé en
fin de semaine dernière qu’elle ne le signerait pas.
La nouvelle fera certainement plaisir aux associations qui luttent
avec acharnement contre ce projet de décret depuis des mois. Plusieurs
dispositions de ce texte – un décret d’application de la loi Macron
d’août 2015), avait tout pour mécontenter les défenseurs de
l’environnement : un article prévoyait d’autoriser les publicités de 50
m² (y compris numériques) dans 53 stades ; un autre permettait
l’installation de panneaux 4x3 scellés au sol dans plus de 1500 petites
communes (dont Maire info a publié la carte dans son édition du 20
janvier dernier). Une troisième mesure apparaissait particulièrement
irritante aux défenseurs de l’environnement tant elle semblait dictée
par les grandes sociétés d’affichage : elle permettait de contourner la
loi entrée en vigueur le 13 juillet 2015, qui réduisait la taille
maximale des panneaux publicitaires de 16 à 12 m² dans les communes de
moins de 10 000 habitants hors agglomération. Pour cela, le gouvernement
avait inventé un petit tour de passe-passe, en modifiant le mode de
calcul de la surface des panneaux : les bords, éléments d’encadrement,
du support, d’éclairage, etc., n’entraient plus dans le calcul, et seule
la surface de l’affiche elle-même était prise en compte. Cela
permettait tout simplement que les panneaux 4x3 actuels, que les
afficheurs n’ont, dans la plupart des cas, pas désinstallés après le 13
juillet 2015, redeviennent légaux.
Ce décret étant lié à des questions d’environnement, il devait
obligatoirement faire l’objet d’une consultation publique. Celle-ci a
été lancée début janvier, et a fait l’objet d’une mobilisation
inhabituelle : 44 000 contributions ont été déposées sur le site du
ministère de l’Écologie. C’est cette exceptionnelle participation qui a
conduit Ségolène Royal, comme elle l’a expliqué vendredi à l’AFP et
confirmé ce week-end dans le Journal du Dimanche, à décider de « ne pas signer ce décret ».
Avec un argument plutôt de bon sens : si c’est pour ne pas tenir compte
de l’avis du public, ce n’est pas la peine de lui demander.
Reste que l’affaire n’est pas terminée : d’abord, parce que Ségolène
Royal, dans ses déclarations, dit ne contester qu’un seul des sept
articles du décret : celui qui autorise les panneaux de grande taille
dans 1500 petites communes. L’autre mesure très contestée, celle qui
permettrait de changer le mode de calcul de la surface des panneaux, ne
semble pas remise en cause.
Par ailleurs, la ministre n’a fait que donner son avis personnel, qui
diffère de celui de l’Économie, Emmanuel Macron – qui doit signer lui
aussi le décret. Le Premier ministre ne s’est pour l’instant pas exprimé
sur le sujet, mais c’est probablement à lui que reviendra le rôle de
trancher.
(Maire Info)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire