mardi 8 mars 2016

Laurence Arribagé : «La radicalisation des jeunes dans le sport est préoccupante»

La députée Laurence Arribagé (Les Républicains) demande la création d'une commission d'enquête sur le phénomène de la radicalisation des jeunes dans le sport amateur.

La députée de Haute-Garonne Laurence Arribagé (Les Républicains) a déposé à l'Assemblée nationale une résolution afin de créer une commission d'enquête parlementaire sur le phénomène de radicalisation des jeunes dans les associations de sport amateur. La parlementaire s'appuie notamment sur une note du Service central de renseignement territorial portant sur «le sport amateur, vecteur de communautarisme et de radicalité». Entretien.
Pourquoi parle-t-on aujourd'hui de radicalisation des jeunes dans le sport amateur ?
Plusieurs rapports, du Service central de renseignement territorial, de la Fondation d'aide aux victimes du terrorisme ou du CNRS, ont constaté ce phénomène. Le sport amateur, c'est un endroit où l'on ne s'attend pas à trouver des jeunes radicalisés. Et pourtant ! On se rend compte que dans certains clubs, on fait la prière dans le vestiaire ; que dans d'autres, on n'accueille pas les filles ; ou que l'on refuse de serrer la main des mamans parce que ce sont des femmes… Ces comportements sont inacceptables et il faut s'en préoccuper. On doit même s'en servir pour lutter contre les phénomènes de radicalisation. Car le sport est un formidable outil d'intégration et de lutte contre l'exclusion.
Pourquoi demander une commission d'enquête spécifique sur le sujet alors que le problème reste global ?
Pour à la fois comprendre les racines de la radicalisation — par exemple une mère de famille dont le fils est parti en Syrie a raconté que son endoctrinement avait commencé par le sport — mais aussi se servir du sport pour combattre ce phénomène. Car il touche toutes les régions, concerne tout le monde…
Toulouse est-elle concernée par le phénomène ?
Dans ma proposition de résolution, je ne cible pas Toulouse en particulier. Mais Toulouse, comme d'autres grandes villes, ne peut être épargnée.
Vous êtes aussi élue en charge des sports à la mairie de Toulouse. Avez-vous reçu des témoignages faisant état de prières avant certains matches ?
Ce n'est pas totalement exclu. Cela dit, je ne suis pas dans les vestiaires ! J'ai cependant demandé à mes services et au personnel municipal la plus grande vigilance. Un vestiaire doit rester un lieu où l'on échange, où l'on se tape dans la main, où l'on se déshabille… On a par exemple reçu le témoignage d'une maman — pas à Toulouse — qui raconte que son fils se douchait habillé parce que les autres ne se déshabillaient pas. Ce n'est pas normal.
Savez-vous aussi si certains clubs toulousains refusent les femmes ?
Non. En revanche, je sais que dans certaines associations sportives, les filles ne sont pas les bienvenues.
Si de tels faits vous étaient rapportés, pourriez-vous par exemple revoir l'attribution des subventions ?
D'abord il faut être vigilant. Personnellement je ne crois pas à la politique du bâton. Bien sûr, si certains faits étaient avérés, des subventions pourraient être remises en question mais nous n'en sommes pas là. Je rappelle par ailleurs que j'ai mis en place de nouveaux critères d'attribution des subventions, conditionnées par exemple à la mixité ou à l'accueil d'enfants handicapés. Mais globalement, tout cela relève de la bonne pratique. C'est ce qui fait le vivre ensemble et il passe par le sport.

(La Dépêche)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.