lundi 10 octobre 2016

Disparition du Moselle Open de tennis : les collectivités locales sur la sellette

Dans la vie, tout est une question de choix. Yvon Gérard, d’ailleurs, n’en veut à personne : « Je dis même merci, car nous avons été aidés ». Mais ce rendez-vous, exemplaire en partenariat privé (78 %), n’a pas séduit les collectivités locales, que l’on ne mettra pas sur la même ligne.

La Ville de Metz a lâché en cours de route. Préférant, par exemple, investir sur un marathon. Son renoncement a précipité la décision du Grand-Est qui a écrit : « Cet effort ne peut s’envisager sans un élan commun de l’ensemble des collectivités ». Pourtant, le Tournoi avait été jusqu’à proposer de délocaliser le tournoi (3 ans en Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne) pour une meilleure identification géographique. Hélas, le Grand-Est a joué petit bras.
Du coup, on perd le match. Sportivement, on aura vu passer des stars mondiales (Djokovic, Murray, Wawrinka…), toute une génération bleue et dorée, de Clément à Pouille en passant par Tsonga, Monfils, Gasquet et Simon. On perd aussi le match des coulisses : ce Village "éco" si fertile en échanges.

Des sous en moins

On perd le match social (milliers de scolaires, enfants défavorisés invités), associatif (clubs, Ligue), de l’emploi (trois salariés permanents sur le carreau, intérimaires sollicités). On perd le match du business avec ces sociétés qui faisaient des affaires. Or, le Moselle Open, c’était 100 % départemental et lorrain. Jusqu’à GL Events, la société lyonnaise qui s’est implantée à Metz et Nancy, parce qu’elle est devenue actionnaire dans le tournoi…
On perd le match des comptes. La Ville a enregistré, chaque année, la taxe sur les spectacles (30 à 40 000 euros). L’Etat était aussi content de prélever la TVA et les impôts à la source sur le gain des joueurs. Les sommes étant loin de s’avérer négligeables. Les acteurs locaux, qui profitaient des 7 millions de retombées, verseront une larme. La disparition d’un événement peut engendrer des dégâts collatéraux. Ce sera le cas. « Je suis fatigué, je sors de cette aventure vraiment éprouvé », confie Yvon Gérard. « Mais ce n’est que du tennis, les collectivités ont d’autres priorités avec les décisions actuelles de l’Etat. » N’empêche, le sport professionnel a aussi ses vertus populaires. Les enjeux politiques du secteur, la folie des grandeurs du tennis et la crise planétaire ont eu raison du Moselle Open, souvent récompensé : meilleure organisation en 2005, meilleure progression en 2012.
Metz, avalé par l’Asie, c’est Toulouse ayant explosé accidentellement en 2001, qui coule une seconde fois. C’est le regretté Patrice Dominguez qui disparaît une seconde fois. C’est le tennis régional qui met une seconde fois le genou à terre après les douze éditions de feu l’Open de Lorraine. Et une question brûle les lèvres des amateurs de sport : cet argent reviendra-t-il dans le sport ? Pas sûr. Ce serait le plus désolant.

(Le Républicain lorrain)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.