Localtis - Pouvez-vous résumer la situation à
laquelle a dû faire face le nouveau conseil régional des Hauts-de-France
en matière de courses cyclistes professionnelles ?
Florence Bariseau - Nous avons hérité de la
fusion des régions et de deux politiques sportives un peu différentes
en ce qui concerne les deux grandes courses cyclistes, à savoir les
Quatre Jours de Dunkerque et le Tour de Picardie. Si la première était
accompagnée par la région à hauteur de 142.000 euros (sur un budget de
1,2 millions, ndlr), la seconde l'était à hauteur de 250.000 euros (sur
un budget de 400.000 euros, ndlr). Pour l'édition 2016, il y a eu un
désengagement des départements de l'Oise et de la Somme, tandis que
l'Aisne réduisait sa subvention. Le Tour de Picardie était donc
fragilisé financièrement. Le président Xavier Bertrand et moi-même avons
alors annoncé que nous étions dans une nouvelle région et que cela
avait du sens d'avoir, dès 2017, une grande et belle course qui concerne
l'ensemble du territoire. A l'arrivée du dernier Tour de Picardie,
Bernard Hinault m'avait d'ailleurs dit qu'il fallait faire comme en
Bretagne, un tour unique, et le faire vite.
Comment cette décision a-t-elle été accueillie ?
En juin dernier, j'ai réuni les organisateurs des deux courses et je
leur ai demandé de réfléchir à une édition 2017 du Tour des
Hauts-de-France. Suite à cette réunion, j'ai reçu un mail du Tour de
Picardie me disant 'On jette l'éponge'. Je regrette énormément qu'il n'y
ait plus personne du Tour de Picardie alors que l'organisation des
Quatre Jours de Dunkerque proposait des sièges au conseil
d'administration, proposition qui a été déclinée. Mais il n'y a pas de
frustration à avoir du côté picard. Il y aura bien une grande course en
Picardie.
Vers quelle solution s'oriente-t-on aujourd'hui ?
Je parle encore au conditionnel, mais on s'oriente vers une course
qui s'appellera Quatre Jours de Dunkerque - Tour des Hauts-de-France et
qui aura lieu du 9 au 14 mai 2017. Le circuit est en cours
d'élaboration, avec bien évidemment, l'ambition de faire passer la
course dans les cinq départements de la région. C'est le cahier des
charges du conseil régional.
Quelle sera la participation financière de la région ?
La région va mettre 350.000 euros. Mais l'idée n'était pas de faire
des économies. On voulait mettre une course sur pied et on a demandé
s'il était possible de le faire avec une telle somme. On nous a répondu
'oui', alors on y va.
Au-delà de cet épisode particulier, où se situe,
selon vous, l'équilibre dans la participation des collectivités en
matière de sport professionnel ?
Le sport doit monter en autonomie financière. Et ce pour une raison
très simple : quels que soient le territoire et sa couleur politique,
l'Etat retirant beaucoup de marges de manœuvre aux communes,
départements et aux régions, il faut faire avec ce qu'on a. J'ai
toujours dit que j'étais prête à accompagner le sport professionnel dans
cette montée en autonomie. Car cela ne se fera pas tout de suite. Je
pousse le sport professionnel à réfléchir à une mutualisation des postes
de développeurs économiques, des gens qui vont aller chercher des
ressources privées. La collectivité a pour vocation de continuer à
accompagner le sport en général et aussi à fournir un effet de levier,
car quand une collectivité s'investit, cela rassure les investisseurs
privés. Il faut tout faire pour que le sport remplisse sa mission de
rayonnement et de développement économique. Notre ligne de conduite,
c'est le travail et l'emploi, on n'en a pas changé, et le sport y
contribue.
La loi Notr fait du sport une compétence partagée.
Quelle place particulière la région peut-elle occuper dans les
politiques sportives territoriales ?
L'intervention d'une collectivité sur un dossier tel que les courses
cyclistes est par nature régionale. Il en va de même en matière
d'équipements. Ceux que la région va accompagner doivent aussi être
soutenus par un autre territoire, par exemple une agglomération ou une
communauté de communes, mais également par le monde sportif.
L'équipement est bien au croisement des besoins d'un territoire et du
monde sportif. Cela va être le cas avec le plan d'apprentissage de la
natation en zones rurales que le président de la région a annoncé. Il
nous revient de repérer les zones blanches, là où il manque des
équipements, et à la fois une demande du monde sportif et la volonté
d'un territoire. La région n'a pas vocation à se soustraire aux
territoires, mais bien à accompagner leurs projets.(Localtis)
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