mardi 11 octobre 2016

Florence Bariseau, vice-présidente des Hauts-de-France : "Le sport professionnel doit monter en autonomie financière"

Depuis plusieurs mois, le petit monde des courses cyclistes professionnelles - qui ne se porte pas très bien en France - attendait le sort qui serait réservé à deux épreuves du calendrier international : les Quatre Jours de Dunkerque et le Tour de Picardie. Pourquoi ces deux courses en particulier ? Parce que la fusion des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie au sein des Hauts-de-France posait la question de leur soutien par le conseil régional. Florence Bariseau, vice-présidente des Hauts-de-France chargée des sports, revient pour Localtis sur la décision de soutenir une seule épreuve d'envergure régionale et, plus largement, sur le rôle de la région dans le soutien au sport.
Localtis - Pouvez-vous résumer la situation à laquelle a dû faire face le nouveau conseil régional des Hauts-de-France en matière de courses cyclistes professionnelles ?
Florence Bariseau - Nous avons hérité de la fusion des régions et de deux politiques sportives un peu différentes en ce qui concerne les deux grandes courses cyclistes, à savoir les Quatre Jours de Dunkerque et le Tour de Picardie. Si la première était accompagnée par la région à hauteur de 142.000 euros (sur un budget de 1,2 millions, ndlr), la seconde l'était à hauteur de 250.000 euros (sur un budget de 400.000 euros, ndlr). Pour l'édition 2016, il y a eu un désengagement des départements de l'Oise et de la Somme, tandis que l'Aisne réduisait sa subvention. Le Tour de Picardie était donc fragilisé financièrement. Le président Xavier Bertrand et moi-même avons alors annoncé que nous étions dans une nouvelle région et que cela avait du sens d'avoir, dès 2017, une grande et belle course qui concerne l'ensemble du territoire. A l'arrivée du dernier Tour de Picardie, Bernard Hinault m'avait d'ailleurs dit qu'il fallait faire comme en Bretagne, un tour unique, et le faire vite.
Comment cette décision a-t-elle été accueillie ?
En juin dernier, j'ai réuni les organisateurs des deux courses et je leur ai demandé de réfléchir à une édition 2017 du Tour des Hauts-de-France. Suite à cette réunion, j'ai reçu un mail du Tour de Picardie me disant 'On jette l'éponge'. Je regrette énormément qu'il n'y ait plus personne du Tour de Picardie alors que l'organisation des Quatre Jours de Dunkerque proposait des sièges au conseil d'administration, proposition qui a été déclinée. Mais il n'y a pas de frustration à avoir du côté picard. Il y aura bien une grande course en Picardie.
Vers quelle solution s'oriente-t-on aujourd'hui ?
Je parle encore au conditionnel, mais on s'oriente vers une course qui s'appellera Quatre Jours de Dunkerque - Tour des Hauts-de-France et qui aura lieu du 9 au 14 mai 2017. Le circuit est en cours d'élaboration, avec bien évidemment, l'ambition de faire passer la course dans les cinq départements de la région. C'est le cahier des charges du conseil régional.
Quelle sera la participation financière de la région ?
La région va mettre 350.000 euros. Mais l'idée n'était pas de faire des économies. On voulait mettre une course sur pied et on a demandé s'il était possible de le faire avec une telle somme. On nous a répondu 'oui', alors on y va.
Au-delà de cet épisode particulier, où se situe, selon vous, l'équilibre dans la participation des collectivités en matière de sport professionnel ?
Le sport doit monter en autonomie financière. Et ce pour une raison très simple : quels que soient le territoire et sa couleur politique, l'Etat retirant beaucoup de marges de manœuvre aux communes, départements et aux régions, il faut faire avec ce qu'on a. J'ai toujours dit que j'étais prête à accompagner le sport professionnel dans cette montée en autonomie. Car cela ne se fera pas tout de suite. Je pousse le sport professionnel à réfléchir à une mutualisation des postes de développeurs économiques, des gens qui vont aller chercher des ressources privées. La collectivité a pour vocation de continuer à accompagner le sport en général et aussi à fournir un effet de levier, car quand une collectivité s'investit, cela rassure les investisseurs privés. Il faut tout faire pour que le sport remplisse sa mission de rayonnement et de développement économique. Notre ligne de conduite, c'est le travail et l'emploi, on n'en a pas changé, et le sport y contribue.
La loi Notr fait du sport une compétence partagée. Quelle place particulière la région peut-elle occuper dans les politiques sportives territoriales ?
L'intervention d'une collectivité sur un dossier tel que les courses cyclistes est par nature régionale. Il en va de même en matière d'équipements. Ceux que la région va accompagner doivent aussi être soutenus par un autre territoire, par exemple une agglomération ou une communauté de communes, mais également par le monde sportif. L'équipement est bien au croisement des besoins d'un territoire et du monde sportif. Cela va être le cas avec le plan d'apprentissage de la natation en zones rurales que le président de la région a annoncé. Il nous revient de repérer les zones blanches, là où il manque des équipements, et à la fois une demande du monde sportif et la volonté d'un territoire. La région n'a pas vocation à se soustraire aux territoires, mais bien à accompagner leurs projets.

(Localtis)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.