vendredi 18 novembre 2016

En Picardie, le financement d'équipements sportifs suscite de vifs débats

Le sujet avait donné lieu à des passes d’armes musclées entre le maire d’Ailly, Marie-Hélène Marcel et le président du Val de Noye, Jean-Claude Leclabart en tout début d’année. Il fallait bien qu’il revienne sur la table mercredi, pour clôturer 2016.

La réalisation d’un terrain de football synthétique à Sourdon et d’un complexe tennistique à Jumel a donc été votée à la majorité mercredi en conseil communautaire par 24 voix pour, quatre abstentions et douze voix contre.
Satisfecit à la tête de la CCVN qui dit «  surfer sur les discussions entamées avec les associations sportives depuis septembre 2014 ». Par ce vote, le projet va donc être inscrit au budget de 2016 avec un plan de financement présenté comme suit : 44 % de financements venant de l’État, de la région et des fédérations sportives.
La CCVN pense également introduire dans la somme une partie de l’enveloppe allouée au titre du territoire à énergie positive et pour la croissance verte (TEPCV).
«  Restera à charge de la com de com, sur la base des appels d’offres, 1,7 million d’euros, que nous pourrons financer en partie grâce à l’excédent 2016  », atteste Jean-Claude Leclabart, estimant par cette opération, faire la démonstration d’un «  grand équilibre, et assurer l’avenir  ».
Sauf que ce calcul qui ne convainc absolument pas les élus d’Ailly-sur-Noye, Youssef Amara en tête. Pour lui, la manœuvre de l’équipe en place est simple : «  On est en train d’organiser l’endettement de la communauté de communes du Val de Noye avant la fusion avec Moreuil  ».
Youssef Amara qui dit avoir fait des pieds et des mains hier pour obtenir des précisions sur le plan de financement, car pour lui : «  la seule subvention que la CCVN est certaine d’avoir ce sont les 240 000 € de la DETR (dotation d’équipement des territoires ruraux, NDLR). C’est tout. ». Réponse de M. Leclabart : «  Le financement du conseil régional répond à une intervention habituelle et à minima pour ce type de projet. En tout état de cause, si la région n’était plus capable de financer les projets sportifs, les élus de la CCVN ont acté que la différence serait prise sur l’excédent généré sur l’exercice 2016 qui devrait avoisiner les 400 000 €.  »
M. Amara a calculé de son côté que l’endettement de la collectivité une fois ces projets réalisés serait de 5,4 millions d’euros «  ce qui ferait passer l’endettement de 440 à 540 € par habitant. »

Proposer la résiliation du projet après la fusion

Et une fois qu’on a dit cela, que proposent donc les élus opposés au projet ? «  Il faut désendetter la mariée. On ne peut pas arriver au 1er janvier sans excédent  », souffle Youssef Amara qui n’exclut pas d’appliquer le Code des marchés publics et faire voter (une fois la fusion faite, en janvier 2017) la résiliation pure et simple du projet «  pour manquement à l’intérêt public. Cette résiliation générera peut-être quelques pénalités, mais il vaut mieux perdre cet argent que d’engager des dettes sur des millions d’euros  ».
Quant au site de Sourdon, propriété de la CCVN, les élus aillysiens proposent qu’il devienne «  une aire d’accueil pour les gens du voyage. De toute façon, ce sera la réglementation à partir de 2017, on ne pourra pas y couper. Que ce soit ici ou ailleurs, il nous faudra réaliser cette aire  ».
Et pour satisfaire les associations sportives en attente de nouveaux équipements ? Là encore, les opposants ont pensé à tout : entamer des travaux de réfection des anciens sites. «  Faire un court couvert de tennis avec une toile tendue, comme il est prévu dans le projet de la CCVN, on peut le faire pour 300 000 €» assène Youssef Amara.

(Le Courrier picard)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.