Le feuilleton judiciaire autour de l'attribution du "Grand stade" de
Lille, commencé en 2010, a connu un nouveau rebondissement avec la mise
en examen pour favoritisme de la Métropole européenne de Lille (MEL),
rendue publique vendredi 25 novembre.
"La MEL a été mise en examen le 15
novembre en tant que personne morale", a déclaré un porte-parole du
parquet à l'AFP, confirmant une information de La Voix du Nord. Elle n'a
pas été placée sous contrôle judiciaire.
Le projet du grand stade
de Lille, inauguré à l'été 2012, avait été développé sous les
présidences successives à la communauté urbaine de Lille de Pierre
Mauroy et Martine Aubry. L'enceinte ultramoderne de 50.283 places
héberge principalement les matches à domicile du LOSC, club de football
de Lille, et a accueilli des matches de l'Euro-2016.
Une
information judiciaire avait été ouverte le 1er octobre 2012 sur les
conditions d'attribution du chantier au groupe de BTP Eiffage, à la
suite d'une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen
des juges d'instruction déposée en décembre 2010 par Eric Darques.
Cet ancien élu (RPF) de Lambersart (Nord) disait vouloir comprendre
pourquoi le chantier avait été attribué à Eiffage, dont le projet
présentait pourtant un surcoût de 108,5 millions d'euros par rapport à
celui du consortium Norpac-Bouygues.
"Martine Aubry n'était pas présidente de la MEL au moment de ces choix" d'attribution,
a souligné vendredi un porte-parole de la maire de Lille à l'AFP. Cette
dernière, contactée par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire.
Elle avait pris la tête de la collectivité en avril 2008. Eric Darques
a avancé qu'un premier rapport, daté du 23 janvier 2008, donnait la
meilleure note au groupe Norpac-Bouygues, mais qu'un second, daté du 1er
février 2008, jour du vote, mais rédigé selon lui postérieurement,
notait plus favorablement le groupe Eiffage.
De source policière,
on indique que Mme Aubry n'a pas été entendue dans cette affaire, et que
des perquisitions ont eu lieu en octobre 2015 tant à la MEL qu'au siège
d'Eiffage à Paris.
L'enquête, placée sous la direction des juges
d'instruction Jean-Michel Gentil et Pascal Gastineau, a été confiée à la
bridage financière de la police judiciaire de Lille.
Rebondissement
"Je pense qu'il n'y a aucune infraction commise dans cette affaire et
qu'il n'y a que des suspicions", a réagi auprès de l'AFP Me Florence
Rault, avocate de la MEL. "Pour le moment je reste parfaitement sereine,
la Métropole aussi", a-t-elle ajouté.
Martine Aubry avait confié
le 13 octobre lors de sa conférence de rentrée que le stade "était une
belle vision de Pierre Mauroy, une fois de plus".
"Au départ, je
n'étais pas favorable à un stade aussi grand. Il y a eu une assemblée
générale et tout le monde a voté le projet à l'unanimité sauf les Verts.
Quatre mois après, j'ai été élue présidente (de la MEL) et j'ai
renégocié avec le LOSC, avec Eiffage, en allant chercher l'argent de
l'Etat, de la Région, en allant chercher des mécénats", avait-elle
raconté.
La mise en examen de la MEL est le développement le plus récent d'un long feuilleton judiciaire.
Dans le cadre de l'information judiciaire lancée en 2012, deux
fonctionnaires de la communauté urbaine de Lille avaient été mis en
examen en mai 2014 pour faux et usage de faux. La sénatrice communiste
du Nord Michel Demessine, ex-vice présidente de la métropole, a été
placée sous statut de témoin assisté.
L'affaire a connu un premier
rebondissement en août 2014, lorsque la doyenne des juges d'instruction
a rendu une ordonnance constatant l'extinction de l'action publique
dans ce dossier, pour prescription.
Mais le 14 janvier 2015, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai (Nord) avait infirmé cette décision.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire