Gilles Lapierre, 53 ans, n'en est pas à son
coup d'essai en matière d'entrepreneuriat. Après des études à l'IAE de
Grenoble et l'obtention d'un Master 2 spécialisé en entrepreneuriat, il
créait à 24 ans sa première société dans le domaine de l'ingénierie en
robotique et déposait un brevet à l'international. Il a ensuite fondé
une société de consulting à titre individuel et a accompagné de nombreux
porteurs de projet de création d'entreprise. Quelques années plus tard,
il reprenait une entreprise en difficulté comptant 12 salariés
spécialisée dans les câblages électriques basse tension, entreprise
qu'il a restructurée avant de la céder. Il lance aujourd'hui Footding,
une plateforme de financement participatif spécialisée dans le football.
Après un parcours entrepreneurial aussi riche, qu'est-ce qui vous a donné le déclic pour vous lancer dans le crowdfunding ?
Le sport, c'est ma passion depuis que je suis
jeune. Je pratique l'alpinisme et le football amateur et j'ai toujours
eu envie de m'investir professionnellement dans ce milieu. Mon cœur de
métier étant le contrôle de gestion et le financement des entreprises,
je me suis naturellement intéressé au développement du crowdfunding qui
a pris son essor ces dernières années et qui offre des perspectives
très intéressantes pour les entreprises et les associations en recherche
de financement.
Pendant deux années, j'ai ainsi observé
l'écosystème du financement participatif et me suis focalisé sur une
hyper spécialisation, celle du financement de projets dans le domaine du
football et plus particulièrement ceux portés par les clubs amateurs.
N'existe-t-il pas déjà de nombreuses plateformes dans le domaine du sport ?
Si, il en existe effectivement de nombreuses
positionnées sur le créneau du sport en général, mais très peu sur celui
du football en particulier. Ce qui différencie Footding, c'est, d'une
part, son cœur de cible - les clubs de football professionnels,
semi-professionnels et les milliers de clubs amateurs que compte notre
pays - et, d'autre part, les services de proximité qu'elle leur propose.
Du
fait de la réduction des subventions accordées aux clubs, Footding
permet de solliciter les fans de foot pour acheter une tondeuse à gazon,
des maillots, restaurer une buvette, rénover un stade, emmener des
jeunes voir un grand match... tout est envisageable.
Votre plateforme est-elle opérationnelle ? Comment allez-vous procéder pour la faire connaître ?
Oui, elle est opérationnelle et les premières
campagnes de financement participatif vont démarrer très prochainement.
Parallèlement, je continue mon démarchage (prospection, phoning,
mailing). Je communique sur Facebook et j'ai créé une newsletter à
l'intention des clubs et des supporters.
Quelles difficultés pensez-vous rencontrer dans les prochains mois ?
La principale difficulté va être de
constituer mon réseau de commerciaux pour démarrer une large prospection
et acquérir rapidement une notoriété. J'utilise pour cela les réseaux
sociaux et j'ai ouvert
une page sur le site de Pôle Emploi.
Quel statut juridique avez-vous choisi ?
J'ai choisi de créer une SAS (société par
actions simplifiée), d'une part pour la souplesse qu'offre cette forme
juridique en cas de développement de mon entreprise par l'entrée de
nouveaux associés et, d'autre part, pour l'image de startup qu'elle
véhicule et qui correspond bien à mon ambition.
Comment avez-vous financé votre projet ?
Mon premier tour de table, je l'ai fait en
sollicitant ma famille et mes amis, ce que l'on appelle la Love money.
Dix proches sont ainsi entrés au capital de ma société. Et j'ai ensuite
obtenu un prêt d'honneur d'
Initiative Pays de Martigue, membre d'Initiative France, qui a cru en mon projet.
Comment votre plateforme fonctionne-t-elle ?
Il existe 3 types de plateformes : les
plateformes de dons, les plateformes de prêts et les plateformes
d'investissements. Ma plateforme correspond à la première catégorie. Les
supporteurs donateurs recevront de la part des clubs, en remerciement
de leurs dons, des contreparties (invitations, maillot dédicacé, ballon
signé par les joueurs, poster de l'équipe, etc.)
Footding va se
rémunérer par une commission de succès, c'est-à-dire uniquement si les
campagnes de financement des projets football sont réussies. Il n'y a
donc aucun risque pour les clubs qui font appel à ses services.
Prévoyez-vous des rentrées publicitaires ?
En effet, dans le cadre du développement de
notre business model, nous prévoyons, à moyen terme, d'ouvrir la
plateforme à quelques annonceurs publicitaires.
Quels sont les ingrédients à réunir pour qu'un projet comme le vôtre puisse voir le jour ?
Une volonté farouche, de la ténacité, de la
curiosité, un intérêt majeur pour le secteur dans lequel on crée, des
compétences… et un énorme investissement en temps.
(AFE - Propos recueillis par Céline Arsac)
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