Après
les Jeux, on rebat les cartes du pouvoir sportif… L’élection pour
désigner les présidents des fédérations sportives est un exercice rituel
du sport français. Depuis la fin des JO d’été de Rio et jusqu’au
printemps prochain vont donc s’égrener les élections internes aux «
fédés » et celles de leur président. Certains scrutins sont plus
médiatiques que d’autres en raison de l’identité des candidats, de
l’importance de la fédération ou d’une campagne où volent les noms
d’oiseaux, comme celle de la Fédération française de rugby (FFR), ce
samedi 3 décembre (voir notre encadré). Mais l’Ovalie n’est pas le seul
monde où on s’écharpe entre anciens amis. Du côté du karaté, nouveau
sport olympique, dont les élections sont prévues le 17 décembre
prochain, l’ambiance est délétère au sein d’une fédération sous le coup
d’une inspection ministérielle. Ces dernières semaines, de nombreux
témoins ont été entendus par les inspecteurs du ministère des Sports,
qui épluchent les dépenses du président Francis Didier. Pendant ce
temps-là, les cadres techniques quittent nombreux le bateau. La dernière
en date, début novembre, étant la directrice technique nationale,
Corinne Navarro. Juste après des Mondiaux du meilleur cru pour le karaté
hexagonal – deuxième derrière le Japon –, cette dernière a pourtant
rendu son tablier de DTN. En glissant diplomatiquement au passage, à
propos de l’élection présidentielle où Francis Didier briguera un
cinquième mandat, que « limiter le nombre de mandats électifs, quel que
soit le poste occupé, est nécessaire pour assurer un équilibre, un
renouvellement des idées, mais surtout pour conserver une relation
distanciée entre soi-même et sa fonction. Pour l’instant, chacun agit
comme il l’entend ». Des propos dans le droit-fil de ceux qu’un membre
élu de la Fédération française de karaté a confiés à l’AFP, sous le
couvert de l’anonymat, mettant, lui, carrément les pieds dans le plat : «
Les budgets dévolus au haut niveau – issus de subventions – sont grevés
par les voyages et séjours des élus. » Bref, le modèle d’une fédé mené à
la bonne franquette n’aurait pas vécu. Surtout quand les présidents
enchaînent les mandats et s’habituent à un exercice du pouvoir très
personnel. À ce sujet, la tentative en 2008 de l’ex-secrétaire d’État
aux Sports Bernard Laporte – aujourd’hui candidat à la présidence de la
FFR – de limiter le nombre de mandats présidentiels avait provoqué un
tollé général au sein du mouvement sportif. « Le problème du sport
français, expose anonymement un ex-salarié d’une fédération de sport de
balle, c’est que bien souvent les présidents se représentent pour
pouvoir continuer leurs arrangements entre amis et éviter qu’une
nouvelle équipe ne découvre leurs agissements. »
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