Les élus de gauche de Marseille ont demandé jeudi la mise en place d'une
"commission d'évaluation" sur le financement de la rénovation du stade
Vélodrome, qui fait l'objet d'un partenariat public-privé avec le groupe
Bouygues, critiqué pour son coût.
"Nous demandons la transparence
sur l'opération financière la plus importante de ces dernières années,
qui engage la Ville sur 30 ans", a expliqué à l'AFP Benoît Payan,
président du groupe socialiste au conseil municipal. Le PS et le Front
de Gauche se sont associés pour cette démarche.
Se basant sur un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), M. Payan
pointe notamment le surcoût des redevances financières dans le cadre du
partenariat public-privé (PPP) signé pour les travaux.
Sur un
total de 268 millions d'euros, 90 millions d'euros sont couverts par des
subventions diverses, 43 millions d'euros par la Ville et 30 millions
d'euros pour la valeur des terrains autour du stade laissés à Bouygues
pour des opérations immobilières.
Pour les 105 M EUR restants,
Marseille a souscrit un emprunt sur 30 ans à un taux de 8,25% qui
coûtera 278 M EUR. "Si cette somme avait été empruntée directement"
auprès d'une banque, le coût aurait été de 187 M EUR avec un taux de
4,37% sur 30 ans, selon la CRC. Les magistrats estiment que la
différence de 93 M EUR "est le fait notamment de la rémunération des
actionnaires" de Bouygues.
"On a brûlé 93 M EUR", s'emporte M. Payan, qui parle d'un "abysse financier scandaleux". "Nous ne disons pas qu'il ne faut pas de stade ni que nous n'aimons
pas l'OM, mais qu'on pouvait avoir le même stade pour beaucoup moins
cher. La mairie s'est mise dans les mains de Bouygues", regrette-t-il.
Du côté d'Arema, la filiale de Bouygues qui a construit et gère
l'enceinte, on rappelle que ces frais comprennent "la gestion totale du
stade, qui sera rendu comme neuf à la Ville en 2045", explique à l'AFP
le directeur général du stade, Martin d'Argenlieu.
"Quand on
change plusieurs fois la pelouse dans la saison, c'est Arema qui paie,
pas la Ville", souligne le DG du stade, baptisé Orange Vélodrome depuis
le contrat de "naming" passé avec l'opérateur. Le stade fêtera ses 80
ans en 2017.
Il rappelle également que dans ce PPP Arema verse 12 M
EUR par an de recettes garanties à la Ville. La Ville paie elle une
redevance pour utiliser le stade (8 M EUR en 2015) en plus de l'emprunt. Le club de football de l'Olympique de Marseille, principal utilisateur du Vélodrome, paie un loyer annuel de 4 M EUR.
Les négociations promettent d'être serrées en 2017 entre le maire
Jean-Claude Gaudin, qui voudrait que l'OM paie 8 M EUR, et le club, dont
le président, mis en place par le nouveau propriétaire, l'Américain
Frank McCourt, a fait savoir qu'il n'entendait pas payer plus.
Si
M. Payan ironise sur le PPP ("Je comprends le sens du contrat, c'est un
partenariat perdant-perdant", dit-il), ce mode de fonctionnement a
suscité des problèmes ailleurs en France. La métropole de Lille s'est
retrouvée mise en examen pour favoritisme dans l'attribution de son
Grand Stade et la justice a ouvert une enquête sur le PPP pour la
construction de l'Allianz Riviera, après un rapport de la CRC.
(AFP)
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