Un étonnant mélange des genres
Elle était dotée d’un comité de pilotage dans lequel figurait Euro 2016 SAS, la société organisatrice de l’épreuve. Ce travail a été réalisé par le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) basé à Limoges (Haute-Vienne). Réputé pour son professionnalisme, cet organisme avait déjà planché sur l’étude ex ante et annoncé ce nombre de 1,2 milliard d’euros. Il a été associé au cabinet Keneo, une agence de marketing sportif qui a justement œuvré en coulisses à la candidature et au déploiement opérationnel de cet Euro. Parmi ses clients, l’on retrouve… le comité de candidature de Paris 2024. Son directeur général est d’ailleurs l’ancien directeur associé de Keneo. Voilà pour la forme…Les auteurs ont donc conclu à un impact économique de 1,2 milliard d’euros pour l’économie nationale. Mais aucune trace dans ce rapport de 101 pages, des sommes engagées par l’Etat et surtout par les collectivités pour la construction et la rénovation des stades.
Les villes n’ont pas été prises en compte dans le calcul
« Sur le plan méthodologique, on ne met pas des coûts en face d’un impact économique », explique Christophe Lepetit, économiste au CDES et l’un des auteurs de l’étude. « L’impact correspond à l’augmentation de la valeur ajoutée ou de l’emploi sur un territoire donné et pendant une période définie. Il est mesuré en comparant deux situations : avec ou sans l’évènement. Dans le cas présent, nous avons pris en compte les flux financiers étrangers provenant de l’organisation (UEFA, équipes nationales…) et des touristes entre le 10 juin et le 10 juillet 2016 ».Résultat, « les chiffres annoncés ne correspondent pas à des bénéfices liés à une activité économique supplémentaire au niveau national ». Et dans les villes ? Cette échelle d’analyse n’a pas été retenue par le ministère, commanditaire de l’étude. Pourtant, « ce calcul aurait été intéressant » ne cache pas Christophe Lepetit. « L’Euro 2016 peut avoir un impact significatif dans une perspective de développement local ».
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