Chaque année, c’est la même appréhension
pour les professionnels de la neige. Neigera ? Neigera pas ? Certaines
stations ont déjà dû fermer boutique et le phénomène risque d’empirer.
D’ici trente ans, combien des 300 stations de ski françaises auront
survécu aux températures en hausse ?
Chambon des Neiges était une petite station de ski nichée sur un volcan éteint du Massif Central. Le manque de neige au cours des années passées et les difficultés financières qui ont suivi ont finalement eu raison de Chambon (des Neiges). La station du Puy-de-Dôme a finalement fermé en 2002.
Depuis, Chambon avait un côté « ville fantôme », une grande partie des installations n’ayant pas été entretenue. Les derniers vestiges des remontées mécaniques ont finalement disparu du paysage en 2008. Une anomalie ? Non, depuis une dizaine d’années, plusieurs stations tricolores ont raccroché les skis dans le Massif Central mais aussi dans les Pyrénées et dans les Alpes.
Pour vérifier cette baisse d’enneigement, Pierre Spandre, auteur d’une thèse sur les interactions entre les conditions d’enneigement et l’activité des stations de sports d’hiver, s’est penché sur le taux d’enneigement d’une station de moyenne montagne dans les Alpes ces cinquante dernières années. Il s’est aperçu que la durée de la saison avec de la neige a diminué de 6 jours par décennie entre 1960 et 2011 sur le site expérimental du Col de Porte dans le massif de la Chartreuse, en Isère, à 1 325 m d’altitude tandis que la hauteur moyenne de neige entre le 1er décembre et le 30 avril a diminué de 13 cm par décennie. Soit plus de 65 cm en cinquante ans…
Chambon des Neiges était une petite station de ski nichée sur un volcan éteint du Massif Central. Le manque de neige au cours des années passées et les difficultés financières qui ont suivi ont finalement eu raison de Chambon (des Neiges). La station du Puy-de-Dôme a finalement fermé en 2002.
Depuis, Chambon avait un côté « ville fantôme », une grande partie des installations n’ayant pas été entretenue. Les derniers vestiges des remontées mécaniques ont finalement disparu du paysage en 2008. Une anomalie ? Non, depuis une dizaine d’années, plusieurs stations tricolores ont raccroché les skis dans le Massif Central mais aussi dans les Pyrénées et dans les Alpes.
80 stations menacées de disparition
Alors
que le réchauffement climatique s’accélère irrémédiablement ces
dernières années, combien de stations françaises connaîtront le même
sort que Chambon des Neiges ? D’ici à la fin du siècle, seuls 61 % des
domaines skiables des Alpes, contre 90 % aujourd’hui, devraient
bénéficier d’un enneigement naturel suffisant pour poursuivre leur
activité, selon les experts de l’OCDE (Organisation de coopération et de
développement économiques). Soit le chiffre effrayant de 80 stations de
ski de moyennes montagnes (situées entre 1 000 et 2 000 m d’altitude)
menacées de fermeture d’ici trente ans.Pour vérifier cette baisse d’enneigement, Pierre Spandre, auteur d’une thèse sur les interactions entre les conditions d’enneigement et l’activité des stations de sports d’hiver, s’est penché sur le taux d’enneigement d’une station de moyenne montagne dans les Alpes ces cinquante dernières années. Il s’est aperçu que la durée de la saison avec de la neige a diminué de 6 jours par décennie entre 1960 et 2011 sur le site expérimental du Col de Porte dans le massif de la Chartreuse, en Isère, à 1 325 m d’altitude tandis que la hauteur moyenne de neige entre le 1er décembre et le 30 avril a diminué de 13 cm par décennie. Soit plus de 65 cm en cinquante ans…
Une baisse de l’enneigement irrémédiable
Samuel
Morin a supervisé la thèse de Pierre Spandre et est également le
directeur du centre d’étude de la neige pour Météo France et le CNRS. Il
s’appuie sur ces recherches pour résumer la situation actuelle. « Quand
on prend du recul sur plusieurs dizaines d’années, au moins 30 ou
40 ans de préférence, comme pour le Col de Porte, là on observe une
baisse radicale de l’enneigement en moyenne montagne partout en
France. »
Le
chercheur veut nuancer les conclusions hâtives réalisées par bon nombre
de scientifiques annonçant la fin du ski dans le monde. Pour
lui l’enneigement d’une année à l’autre est extrêmement variable.
« Les années se suivent et ne se ressemblent pas. C’est ce que l’on appelle la variabilité naturelle du climat. Par exemple depuis trois ans il ne neige pas beaucoup dans les Alpes en début de saison, l’erreur serait d’en faire une conclusion rapide dans les années à venir et dire que ce sera pareil les prochaines années », prévient le spécialiste de la neige.
Mais SamuelMorin est pragmatique lorsqu’on lui demande d’imaginer le futur, il ne peut s’empêcher de cacher son scepticisme. « L’enneigement va rester variable d’une année à l’autre mais dans tous les cas, en 2050, quels que soit les choix politiques en termes d’émission de gaz à effet de serre, l’enneigement continuera à se raréfier, en particulier en moyenne montagne. »
Enseignant chercheur à l’Institut de géographie alpine de Grenoble, Philippe Bourdeau est du même avis sur l’avenir des petites stations qui tente déjà survire face aux mastodontes des cimes. « À l’horizon 2050 au-delà de 2 000 m d’altitude on pourra continuer à skier. Avec sûrement une variabilité accrue et des saisons raccourcies. Ce qui est remis en cause c’est tout ce qui se situe en dessous. »
Philippe Bourdeau préfère imaginer d’autres solutions que celle de skier à tout prix. « Le mieux reste de s’adapter. Les stations de basse altitude commencent à imaginer des reconversions dans le bien-être, le vélo, la randonnée… On peut également imaginer la transformation de ces endroits, anciennement touristiques, en de véritables lieux de vie, des villes habitées toute l’année, ou bien en terres agricoles, industrielles », suggère Bourdeau.
Le spécialiste a d’ailleurs une vision différente sur la crise que s’apprêtent à vivre les stations de sports d’hiver. Ce n’est même pas une question de neige, selon lui : « On constate depuis plusieurs années une usure de la pratique du ski. On risque peut-être d’avoir un oubli de la saison hivernale dans les années à venir. Manquer de clients avant de manquer de neige, ce serait le vrai paradoxe… »
(Ouest France)
« Les années se suivent et ne se ressemblent pas. C’est ce que l’on appelle la variabilité naturelle du climat. Par exemple depuis trois ans il ne neige pas beaucoup dans les Alpes en début de saison, l’erreur serait d’en faire une conclusion rapide dans les années à venir et dire que ce sera pareil les prochaines années », prévient le spécialiste de la neige.
Mais SamuelMorin est pragmatique lorsqu’on lui demande d’imaginer le futur, il ne peut s’empêcher de cacher son scepticisme. « L’enneigement va rester variable d’une année à l’autre mais dans tous les cas, en 2050, quels que soit les choix politiques en termes d’émission de gaz à effet de serre, l’enneigement continuera à se raréfier, en particulier en moyenne montagne. »
Enseignant chercheur à l’Institut de géographie alpine de Grenoble, Philippe Bourdeau est du même avis sur l’avenir des petites stations qui tente déjà survire face aux mastodontes des cimes. « À l’horizon 2050 au-delà de 2 000 m d’altitude on pourra continuer à skier. Avec sûrement une variabilité accrue et des saisons raccourcies. Ce qui est remis en cause c’est tout ce qui se situe en dessous. »
La neige artificielle ne suffira pas
Pour
imaginer l’avenir et ces problèmes, la solution la plus simple,
auxquels les stations ont recours, reste la neige artificielle. Une
issue déjà obsolète pour certaines stations selon Samuel Morin. « La
production de la neige de culture dépend de la température. Il y a
certaines stations où il fait trop chaud pour produire de la neige
artificielle. Pour les stations de moyenne montagne, la neige de culture
est souvent un moyen peu efficace pour contourner le manque de neige.
C’est une sorte de double peine », s’alarme-t-il. On le sait, cette
technologie coûteuse en énergie et en eau ne pourra, de toute façon, se
substituer totalement à la neige naturelle.Philippe Bourdeau préfère imaginer d’autres solutions que celle de skier à tout prix. « Le mieux reste de s’adapter. Les stations de basse altitude commencent à imaginer des reconversions dans le bien-être, le vélo, la randonnée… On peut également imaginer la transformation de ces endroits, anciennement touristiques, en de véritables lieux de vie, des villes habitées toute l’année, ou bien en terres agricoles, industrielles », suggère Bourdeau.
Le spécialiste a d’ailleurs une vision différente sur la crise que s’apprêtent à vivre les stations de sports d’hiver. Ce n’est même pas une question de neige, selon lui : « On constate depuis plusieurs années une usure de la pratique du ski. On risque peut-être d’avoir un oubli de la saison hivernale dans les années à venir. Manquer de clients avant de manquer de neige, ce serait le vrai paradoxe… »
(Ouest France)
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