Le chercheur veut nuancer les conclusions hâtives réalisées par bon nombre de scientifiques annonçant la fin du ski dans le monde. Pour lui l’enneigement d’une année à l’autre est extrêmement variable.
« Les années se suivent et ne se ressemblent pas. C’est ce que l’on appelle la variabilité naturelle du climat. Par exemple depuis trois ans il ne neige pas beaucoup dans les Alpes en début de saison, l’erreur serait d’en faire une conclusion rapide dans les années à venir et dire que ce sera pareil les prochaines années », prévient le spécialiste de la neige.
Mais SamuelMorin est pragmatique lorsqu’on lui demande d’imaginer le futur, il ne peut s’empêcher de cacher son scepticisme. « L’enneigement va rester variable d’une année à l’autre mais dans tous les cas, en 2050, quels que soit les choix politiques en termes d’émission de gaz à effet de serre, l’enneigement continuera à se raréfier, en particulier en moyenne montagne. »
Enseignant chercheur à l’Institut de géographie alpine de Grenoble, Philippe Bourdeau est du même avis sur l’avenir des petites stations qui tente déjà survire face aux mastodontes des cimes. « À l’horizon 2050 au-delà de 2 000 m d’altitude on pourra continuer à skier. Avec sûrement une variabilité accrue et des saisons raccourcies. Ce qui est remis en cause c’est tout ce qui se situe en dessous. »
La neige artificielle ne suffira pas
Pour imaginer l’avenir et ces problèmes, la solution la plus simple, auxquels les stations ont recours, reste la neige artificielle. Une issue déjà obsolète pour certaines stations selon Samuel Morin. « La production de la neige de culture dépend de la température. Il y a certaines stations où il fait trop chaud pour produire de la neige artificielle. Pour les stations de moyenne montagne, la neige de culture est souvent un moyen peu efficace pour contourner le manque de neige. C’est une sorte de double peine », s’alarme-t-il. On le sait, cette technologie coûteuse en énergie et en eau ne pourra, de toute façon, se substituer totalement à la neige naturelle.
Philippe Bourdeau préfère imaginer d’autres solutions que celle de skier à tout prix. « Le mieux reste de s’adapter. Les stations de basse altitude commencent à imaginer des reconversions dans le bien-être, le vélo, la randonnée… On peut également imaginer la transformation de ces endroits, anciennement touristiques, en de véritables lieux de vie, des villes habitées toute l’année, ou bien en terres agricoles, industrielles », suggère Bourdeau.
Le spécialiste a d’ailleurs une vision différente sur la crise que s’apprêtent à vivre les stations de sports d’hiver. Ce n’est même pas une question de neige, selon lui : « On constate depuis plusieurs années une usure de la pratique du ski. On risque peut-être d’avoir un oubli de la saison hivernale dans les années à venir. Manquer de clients avant de manquer de neige, ce serait le vrai paradoxe… »

(Ouest France)