vendredi 3 février 2017

Bernard Laporte, nouveau président de la FFR, met en œuvre ses promesses

Alors que l’équipe de France ouvre le Tournoi des VI nations face à l’Angleterre, ce samedi 4 février à Twickenham, en coulisse, la nouvelle équipe à la tête de la Fédération française de rugby prépare de grands changements, annoncés dans son programme électoral. Changements qui, à terme, auront des répercussions directes sur le terrain. Analyse.

En politique comme en sport, l’heure est à la tenue des promesses électorales. Que cela plaise ou non. Prenez Bernard Laporte : élu président de la Fédération française de rugby (FFR) le 3 décembre dernier, il a commencé son mandat en faisant voter par son comité directeur l’abandon du projet de grand stade porté par son prédécesseur Pierre Camou. « On a gagné avec un programme et il faut tenir ces engagements. C’est tout ce qui m’intéresse », déclarait récemment le nouvel homme fort du rugby français dans un entretien accordé au Monde.
Cet abandon a eu une conséquence immédiate : remettre sur le tapis les conditions d’utilisation du Stade de France par le XV de France. Le 24 janvier, le nouveau vice-président de la FFR Serge Simon annonçait que la fédération étudiait son entrée au consortium Stade de France, l’entité qui gère l’enceinte de Saint-Denis, propriété de l’Etat.

Match engagé avec le Stade de France

Ces conditions d’utilisation, pour un préjudice estimé à plus de 160 millions d'euros, faisaient partie des griefs que l’ancienne équipe dirigeante mettait en avant pour justifier le projet d’un nouveau stade à Ris-Orangis (Essonne) dont la FFR aurait été propriétaire.
« La convention s'éteint en juin. On veut rediscuter en profondeur. Il y a deux voies : soit on reste utilisateur et on redéfinit les conditions d'utilisation vers un modèle beaucoup plus profitable à la FFR, soit on devient cogestionnaire. On apporte la principale industrie de l'exploitant, on est en capacité d'articuler la discussion dans ce sens-là », a estimé Serge Simon.
Dans les négociations, la FFR a désormais des arguments de poids : les stades de Lyon (60.000 places) et Marseille (67.000 places), sortis de terre pour l’Euro 2016 de football, offrent une réelle alternative pour accueillir les grands matchs du XV de France.

Passeport obligatoire pour jouer en équipe de France

Mais la mesure la plus spectaculaire confirmée par Bernard Laporte a été l’interdiction, à partir de la saison prochaine, du recours à des joueurs étrangers en équipe de France. Actuellement, en accord avec les règles du rugby international, un joueur étranger qui n’a jamais porté le maillot d’une autre équipe nationale, réside et joue en France depuis plus de trois ans, est sélectionnable chez les Bleus. Résultat : de nombreux espoirs français voient la porte de l’équipe de France se refermer devant eux. Dans le XV qui débutera la rencontre Angleterre-France en ouverture du Tournoi des VI nations ce samedi 4 février à Twickenham, on compte ainsi un Sud-Africain, un Fidjien et deux Néo-Zélandais. Désormais, « il faudra posséder un passeport français », a réaffirmé Bernard Laporte. Exception faite des étrangers ayant été déjà sélectionnés.
Cette mesure entre dans une série de promesses de campagne destinées à renforcer l’équipe de France, et qui comprend également la limitation du nombre de joueurs « non sélectionnables » dans les clubs professionnels. Ce dernier sujet ne sera pas sans provoquer une levée de boucliers chez ces mêmes clubs, où la part des joueurs étrangers est passée de 20 à 44% depuis la saison 2003/04.
Mais ce bras de fer, la FFR s‘y prépare, avec en guise d’échauffement la mise en place des contrats fédéraux qui lui permettraient d'employer les joueurs internationaux français conjointement avec les clubs et de les avoir à disposition six mois par an au lieu de quatre actuellement.
Toutes ces mesures en faveur de la formation ou de la mise à disposition des joueurs auront bien entendu un coût. Pour le supporter, la FFR compte sur la commercialisation du maillot de l’équipe de France. Une première qui rapporterait entre 6 et 10 millions d’euros, selon Serge Simon. Cette mesure ne figurait pas explicitement dans son programme, mais en tant qu’ancien demi de mêlée, Bernard Laporte possède l’art d’orienter le jeu au gré des circonstances.

(RFI)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.