Le Racing et le Stade Français évoluent aujourd’hui
à un niveau plus proche que jamais.
Mais peuvent-ils coexister à long terme en dépit
d’un public volatile ? L'Equipe du 8 septembre a mené l'enquête. Extraits...
Les deux clubs luttent pour séduire des spectateurs
venus des mêmes zones géographiques.
[...] Les deux
clubs d’élite franciliens puisent
la plupart de leurs spectateurs
dans le sud-ouest de l’Ile-de-
France. Pour le Racing, Arnaud
Tourtoulou, directeur général,
explique : «Notre coeur de cible,
ce sont les communes limitrophes (de Colombes). Nous avons
deux arrondissements de Paris
surconsommateurs : le XVe et le
XVIIe, le XVIe arrive en troisième
position. » Pierre Arnald, son
homologue au Stade Français,
détaille la provenance des fans
du club : «Des départements limitrophes, Yvelines, Essonne,
les XVIIIe et XIXe arrondissements, d’où viennent les supporters les plus populaires, des
XVe et XVIe arrondissements et
de Boulogne-Billancourt.»
Il y a donc une véritable concurrence directe dans le sud des
Hauts-de-Seine, le XVe et le
XVIe arrondissement. Mais combien de spectateurs assistent
aux rencontres des deux équipes ? «Il y a un public francilien
global quiva aussi aux matches
de l’équipe de France et du Stade
Français, confirme Tourtoulou.
On en est sûrs mais on ne sait
pas encore le quantifier. On est
en train de l’évaluer et de peaufiner nos analyses. » Arnald
avance le chiffre de « 20% du
public qui vient suivre les deux
équipes ». Une part qui aurait
tendance à baisser « parce que
les deux entités se renforcent » :
« Aujourd’hui, on choisit davantage son club.» C’est presque un
paradoxe alors qu’ils se rapprochent géographiquement. Il y a
15 km entre Jean-Bouin et Colombes, il n’y en aura plus que
neuf avec l’Arena 92 à la Défense, qui permettra aussi au
Racing de rééquilibrer le match
de l’accessibilité.Un élément clé,
la preuve, cette année le Racing
fait l’effort dans ce domaine.
«En partenariat avec la RATP, il
y a de nouvelles navettes gratuites qui viennent de Paris, notamment de la porte Champeret
et on a plus de 2 500 places de
parking supplémentaires, liste
Tourtoulou. À la Défense, 90%
des gens viendront par des
transports publics.» Reste à éviter les «doublons» [...]. Pour la Ligue,
c’est une priorité mais l’accumulation de requêtes oblige à
quelques sacrifices. Et les clubs
ont toujours la possibilité de demander le changement d’horaire du match. [...]
« Jouer en alternance à Jean-Bouin »
ÉRIC BLANC a été joueur (1975-1992), puis coprésident du Racing
(2001-2005). Aujourd’hui consultant pour L’Équipe 21, il pense
que les deux clubs devraient partager l’antre du Stade Français.
« CE N’EST PAS compliqué,
quand je jouais, le Stade Français
n’existait pas. Pas même à l’école
de rugby. Le seul vrai grand rival
à cette époque-là, c’était le PUC.
Et jusqu’à ce que Max Guazzini
s’occupe de faire mousser le
Stade, il n’y avait pas vraiment de
public à Paris. Même quand on a
été champions de France en 1990,
on ne devait pas faire plus de cinq
ou six mille spectateurs à Colombes pour les matches de gala.
Pourtant, on était le seul club parisien en Première Division.Alors
même si Guazzini a réussi à remplir plusieurs fois le Stade de
France, même s’il y a bien sûr le
potentiel pour deux équipes à
Paris, il reste à prouver qu’il peut
exister deux publics. Parce que le
club de Paris, le club de banlieue,
ça ne veut rien dire. On se chambre de part et d’autre du périph,
mais tout ça, c’est du folklore. Les
matches de ce soir à trois heures
d’intervalle vont être parlants et
vont salement enfoncer Colombes. Jean-Bouin, c’est un stade de
ville à dix minutes de chez soi. Je
ne sais pas si ce que je vais dire
va faire plaisir à Jacky Lorenzetti
(le président du Racing), mais je
crois qu’en attendant d’avoir son
stade le Racing devrait jouer en
alternance à Jean-Bouin. Tout le
monde répète que ce stade c’est
« la maison du rugby parisien »,
eh bien, c’est le moment de prouver que c’est même la maison du
rugby du Grand Paris. Après tout
l’AC Milan et l’Inter partagent bien
le même stade et le PSG et le Matra-Racing en ont fait autant au
Parc des Princes. Et je suis sûr que
la Mairie de Paris serait très heureuse de récupérer un loyer supplémentaire…»
[...]
EN OCTOBRE 2012, le Racing-Métro inaugurait son centre d’entraînement et de formation au
Plessis-Robinson. Un bijou de
deux hectares et un outil exceptionnel pour former ses pépites
de demain comme pour permettre à l’équipe première de s’entraîner.
Las, le vieux stadeYves-du-Manoir, dépourvu de loges même si
le club accueille jusqu’à
1 000 personnes pour manger avant ou après chaque match,
n’est pas à la hauteur, et Jacky
Lorenzetti galère pour construire
son grand rêve, l’Arena 92 à La
Défense, une enceinte de
32 000 places qui servirait aussi
de salle de spectacle.
Le projet a pris beaucoup de retard à cause de problèmes de financement (entièrement privé)
et de recours posés par les riverains, et ne sera pas opérationnel
avant fin 2016, au mieux.
Résultat des courses : 7. 911 de différence de spectateurs dimanche 8 septembre entre Jean-Bouin (15 535)
et Yves-du-Manoir (7 624). Le Stade Français a donc, comme prévu, gagné la bataille du public par rapport au Racing.
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