Surfréquentation, camping sauvage, alpinistes mal préparés... Les
gendarmes reprendront cet été leur mission d'information et de
dissuasion sur la voie d'ascension la plus empruntée du Mont-Blanc, le
dispositif expérimenté en 2013 étant jugé positif malgré quelques ratés.
Dès
le 15 juin, des militaires du peloton de gendarmerie de haute montagne
(PGHM) de Chamonix et du groupement départemental s'installeront au
refuge de Tête Rousse, à 3.167 mètres d'altitude, sur la "voie normale"
d'ascension du Mont-Blanc (4.810 mètres à la dernière mesure).
Présents
46 jours dans l'été, les gendarmes auront pour mission de prévenir les
comportements dangereux et de dissuader les alpinistes tentés de monter
au refuge du Goûter, 700 mètres plus haut, sans avoir réservé.
A
cet égard, l'expérimentation menée l'an dernier a été un succès. "On n'a
plus de campement massif en face du refuge", a souligné le colonel
Bertrand François, commandant du groupement de Haute-Savoie, au cours
d'une conférence de presse mercredi à Saint-Gervais.
Avec
l'ouverture du nouveau refuge ultra-moderne du Goûter, les autorités ont
en effet voulu mettre fin au camp de dix à quarante tentes installées
sur l'arête, dont certaines étaient louées alternativement par
différentes cordées.
"Le Mont-Blanc est un site classé et ce site
classé nous oblige. La liberté n'est pas le foutoir", a justifié
Georges-François Leclerc, préfet de Haute-Savoie, évoquant une "menace
écologique" dans ce type de pratiques.
Les quelques tentes montées
en 2013 "ont toujours été démontées illico presto. On n'a pas rencontré
de résistance dure", a expliqué Jean-Baptiste Estachy, commandant du
PGHM de Chamonix.
Un seul camp de base est désormais autorisé sur
la voie normale, au niveau du refuge de Tête Rousse. Sur cet itinéraire,
la fondation Petzl avait compté 17.000 passages (à l'aller et au
retour) à l'été 2011.
Le
nombre d'accidents a lui plutôt augmenté l'été dernier en raison d'une
plus grande fréquentation due à une bonne météo, a expliqué le
commandant Estachy. Mais sur le seul couloir du Goûter, "on n'a eu qu'un
accident mortel en toute fin de saison, ce qui est inférieur aux autres
années car on a le plus souvent entre deux et cinq accidents mortels",
a-t-il pointé.
Difficile cependant d'établir un rapport de cause à
effet entre cette moindre mortalité et le dispositif mis en place, la
météo et la fréquentation jouant un rôle déterminant dans la survenance
des accidents. De 1990 à 2011, 74 alpiniste sont morts entre Tête Rousse
et le refuge du Goûter.
"La Coordination montagne", collectif
d'associations d'alpinistes à l'origine peu favorable au déploiement de
gendarmes en haute montagne, parle aujourd'hui d'un "plutôt bon bilan".
"Cela
a été relativement bien perçu par les alpinistes, même si on aurait
préféré ne pas avoir à en arriver là", explique Olivier Obin, chargé de
projet. Mais "on n'a pas supprimé les problèmes, on les a déplacés, même
si c'est plus marginal", estime-t-il.
Ainsi, certains alpinistes
qui n'ont pas réservé au refuge du Goûter préfèrent monter à l'abri
Vallot (4.367 mètres) plutôt que de s'acquitter de la somme prohibitive
(105 euros) pour dormir dans le sas du refuge, au milieu des crampons et
des chaussures.
"Ça a été un peu le foutoir", reconnaît Raymond
Courtial, du club alpin français, évoquant les déchets laissés par les
alpinistes dans cet abri de détresse. "Occuper Vallot, c'est mettre en
péril des alpinistes qui seraient en difficulté", prévient-il en outre.
L'été
dernier, des guides se sont ainsi plaints de ne pas avoir pu y mettre
leurs clients épuisés à l'abri car la cabane était déjà bondée.
"Il
y a un problème de sécurité", reconnaît le commandant Estachy: "Vallot
ne peut pas être une étape. A 4.300 mètres d'altitude, les gens ne
récupèrent pas". "Il va falloir s'attaquer au problème", appuie
Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais.
(AFP)
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