Le président de la Fifa Joseph Blatter a exprimé sa confiance jeudi
une semaine avant l'ouverture du Mondial-2014 au Brésil, alors qu'une
grève "illimitée" des employés du métro de Sao Paulo laisse planer la
menace de mouvements sociaux.
"Nous à la Fifa, nous sommes
confiants, le moment sera célébré", a affirmé M. Blatter devant la
presse à Sao Paulo, qui accueillera le match d'ouverture Brésil-Croatie
le 12 juin. La capitale économique du Brésil est actuellement touchée
par une grève de métro, qui a provoqué un embouteillage record de 209 km
et laissé des centaines de milliers de personnes sans transport public à
une semaine du Mondial.
Même si la grève est partielle et ne
touche que trois des cinq lignes, les autorités, confrontées à de
gigantesques manifestations en juin 2013 lors de la Coupe des
Confédérations, sont sous pression à une semaine du match d'ouverture.
Le
métro de Sao Paulo constitue la principale voie d'accès au stade Arena
Corinthians (surnommé Itaquerao) dans cette ville de 20 millions
d'habitants, et transporte chaque jour 4,5 millions d'usagers.
"Il
est difficile de dire quel impact aurait un mouvement social, a déclaré
Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa. Nous avons travaillé
avec le gouvernement pour que l'accès au stade soit possible les jours
de matches quoi qu'il arrive. Pour que deux événements aient lieu en
même temps -mouvement social et match du Mondial- sans impact de l'un
sur l'autre."
La grève a été déclenchée mercredi soir après l'échec de négociations salariales.
"Nous
avons présenté à la justice une demande pour qu'elle soit jugée
abusive", a déclaré jeudi le gouverneur de Sao Paulo, Geraldo Alckmin.
Mercredi,
la justice avait demandé de maintenir à 100% le fonctionnement du métro
aux heures de pointe et à 70% pour le reste de la journée, sous peine
d'amende.
Une nouvelle audience de conciliation était prévue pour la fin d'après-midi.
La
grève a entraîné des embouteillages record de 209 km à l'heure de
pointe, parmi les plus importants de l'histoire de Sao Paulo.
En milieu d'après-midi, 57% du métro fonctionnait normalement.
Vers 06H00, à Itaquera, la station
de métro du stade, des usagers ont forcé les grilles d'entrée de la
station et se bagarraient pour entrer dans les trains qui, dans
certaines stations, fonctionnent avec le métro.
Certaines personnes ayant marché sur les voies, les employés ont finalement ouvert la station pour ramener le calme.
La
présidente Dilma Rousseff a qualifié les désordres de "lamentables"
tandis que le secrétaire général de la présidence Gilberto Carvalho a
demandé "une trêve civique" pour accueillir les touristes, selon
l'agence de presse Estado de S. Paulo.
"Je viens de Sao Bernardo
dos Campos (banlieue) et maintenant je ne sais pas comment arriver à
destination. Je vais devoir y aller à pied ou en bus", a déclaré à l'AFP
André Luiz Diaz, 19 ans.
Pour faciliter les déplacements dans la
capitale économique brésilienne, la circulation alternée des automobiles
a été levée par la mairie.
Mercredi
soir, quelque 12.000 militants du mouvement des Sans-Toit, selon la
police, et 400 policiers à la retraite, avaient protesté près du stade
et bloqué l'une des principales avenues de la ville. Il y a 15 jours,
une grève des conducteurs de bus avait déjà semé le chaos avec un
embouteillage de 168 km et touché plus d'un million de personnes.
Le président du syndicat des employés du métro,
qui compte 9700 travailleurs, Altino Melo dos Prazeres, a affirmé
mercredi soir que les grévistes n'acceptaient pas les 8,7%
d'augmentation des salaires proposés par la direction et voulaient au
moins 10%.
"C'est le monde réel. La hausse du prix des aliments et
l'inflation générale sont bien plus élevées" que la proposition des
autorités, avait-il déclaré.
Il y a un an exactement, Sao Paulo
avait donné le coup d'envoi de la fronde sociale historique qui allait
ébranler le Brésil, gigantesque pays émergent de 200 millions
d'habitants, en pleine Coupe des Confédérations.
Amnesty International a demandé jeudi au gouvernement brésilien de respecter le droit de manifester pendant le Mondial.
"Le
monde a les yeux tournés vers le Brésil et pas seulement vers les
stades. Le pays aura l'occasion de montrer qu'il respecte les droits à
la liberté d'expression et à la manifestation pacifique", a déclaré
Atila Roque, directeur d'Amnesty Brésil.
Un Centre de coopération policière internationale sera par ailleurs inauguré lundi à Brasilia.
"L'idée
est d'unir toutes les polices des 31 pays qui participent au Mondial",
outre les effectifs de l'ONU et ceux des polices internationales
Interpol et Ameripol, a indiqué jeudi la police fédérale.
Grâce à cette coopération, la PF dispose déjà d'une banque de données, notamment sur les supporteurs violents.
Quelque 157.000 policiers et militaires brésiliens assureront la sécurité.
Sur
le terrain sportif, les équipes commencent à arriver : celle du Chili
était attendue jeudi soir à Belo Horizonte, s'ajoutant à celles de
l'Australie, de la Croatie et de l'Iran.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire