Pendant trois semaines, les États-Unis vont vivre au rythme de la
"March Madness", ce tournoi de basket-ball universitaire qui passionne
depuis jeudi tout le pays au point même de ralentir son activité
économique.
Chaque année, en mars, les stars de la NBA comme
LeBron James, James Harden ou Stephen Curry sont relégués sans
ménagement au second plan dans l'actualité sportive américaine par des
étudiants que le grand public ne connaît souvent même pas.
C'est
la magie du tournoi final du Championnat NCAA, ou quand une simple
compétition universitaire a un écho sans équivalent dans le monde, à
l'exception peut-être de la course d'aviron qui oppose chaque année sur
la Tamise les universités d'Oxford et de Cambridge depuis 1856.
L'édition
2015 de la "March Madness" (littéralement folie de mars), aussi nommée
la "Big Dance" (ou la grande danse), qui oppose 68 universités,
qualifiés après le long marathon de la saison régulière, pourrait être
historique.
L'équipe de l'université du Kentucky est la
grandissime favorite pour être sacrée à l'issue du Final Four les 4 et 6
avril dans le stade de l'équipe de football américain d'Indianapolis.
Les
Wildcats ont remporté leurs 31 matches de saison régulière et
pourraient finir invaincu, ce qu'aucune équipe n'a réussi depuis
l'université de l'Indiana en 1975-76.
Ils dominent jusqu'ici leur sujet et leurs adversaires outrageusement avec une moyenne de 21,5 points d'avantage par victoire.
"C'est
nous contre le reste du monde", a prévenu John Calipari, leur
emblématique entraîneur qui veut laver l'affront de la finale 2014
perdue 60 à 54 face au Connecticut.
La "March Madness" ne fascine
pas seulement par les exploits de joueurs dont certains pourraient être
les futurs stars de la NBA.
Elle donne aussi lieu à une fièvre de pronostics et des paris qui saisit même le président américain Barack Obama.
Le
but ultime est de prévoir le tableau parfait, avec les vainqueurs des
67 matches au programme et le champion NCAA, ce qui rapporterait à
l'heureux élu un sacré pactole.
En
2014, le milliardaire Warren Buffet avait promis une prime d'un
milliard de dollars (936 millions d'euros) à quiconque ferait un
sans-faute, sans prendre trop de risque puisque la probabilité d'y
parvenir est d'une chance sur 9.223.372.036.854.775.808 selon un
professeur d'université, Jeff Bergen.
"Cela n'arrivera jamais, il
est plus probable que vous soyez frappé par la foudre ou que vous
deveniez joueur NBA", a-t-il calculé.
Selon
l'Association américaine du jeu (AGA), quelques 40 millions
d'Américains ont rempli 70 millions de grilles (ou "brackets") à la
maison, au travail, entre amis, et ont parié un total de deux milliards
de dollars.
Mais cette enthousiasme a un revers: les jeudi et
vendredi, jours dévolus à la "March Madness", la productivité des
entreprises va décliner fortement, à tel point qu'on estime à 1,9
milliards de dollars le coût des heures de travail perdus lors du mois
de mars.
Selon un sondage réalisé en 2014, 27% des personnes
interrogées suivent les rencontres à leur poste de travail et 11% se
disent malade pour pouvoir suivre le match de leur université.
"Ce
tournoi et la folie des paris font désormais partie du patrimoine
national. Quand même le président trouve le temps de remplir sa grille,
un employeur va avoir dû mal à dire à ses salariés qu'ils ne doivent pas
perdre de temps avec cela", a souligné la société de consulting
Challenger, Gray and Christmas.
La NCAA et les universités
s'enrichissent aussi: les groupes audiovisuels CBS et Turner ont payé
10,8 milliards de dollars pour diffuser les rencontres de 2011 à 2024!
Les
étudiants-joueurs, eux, ne sont pas payés, mais leurs frais de
scolarité et de logements sont pris à charge à hauteur d'un maximum
de... 120.000 dollars par an.
(AFP)
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